La Bibliothèque Marmottan

VISITE DE LA BIBLIOTHÈQUE PAUL-MARMOTTAN A BOULOGNE-BILLANCOURT

« Marmottan » évoque pour la plupart des Parisiens le musée Marmottan-Monet, situé dans le quartier de la Muette et qui est désormais consacré essentiellement à Monet et aux peintres impressionnistes.  Moins connue est la « bibliothèque Paul-Marmottan » qui se trouve à Boulogne-Billancourt. Musée et bibliothèque font, depuis 1934, partie de la Fondation Marmottan. A sa mort, en 1932, Paul Marmottan légua ses deux hôtels particuliers de la Muette et de Boulogne à l’Académie des Beaux-Arts.

Le père de Paul, Jules Marmottan (1829-1883), était directeur de la Société des Houillères de Bruay et il s’intéressait aux arts des XV^e et XVI^e siècles. Son fils, Paul (1856-1932), avait fait des études de droit et aurait pu succéder à son père à la tête des houillères ou bien se lancer dans une carrière administrative ou politique, ce qu’il fit dans un premier temps, puisqu’il fut conseiller de Préfecture, poste dont il démissionna en 1883 pour se consacrer entièrement à sa passion pour Napoléon 1^er et le Premier Empire. Il devint historien et collectionneur d’art. A partir de 1883, il arpenta l’Europe (Belgique, Pays-Bas, Autriche, Pologne, Russie et Italie) visitant les lieux des campagnes napoléoniennes et à la recherche de documents, livres, tableaux, objets, meubles en rapport avec la période Premier Empire.

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En 1899, il acheta l’hôtel particulier de Boulogne qui comportait alors un pavillon qu’il transforma en style Empire et, de 1902 à 1906, il fit construire un deuxième hôtel pour abriter ses collections mais aussi pour pouvoir accueillir des chercheurs partageant sa passion pour l’Empire.

Après la mort de Paul Marmottan, le pavillon fut occupé par Paul Fleuriot de Langle, ancien secrétaire de Paul, qui devint le premier conservateur de la bibliothèque Marmottan et le resta jusqu’à sa mort, en 1968.

Dès l’accès au vestibule de la bibliothèque on se trouve dans l’ambiance du Premier Empire, en présence des bustes de la famille Bonaparte (Elisa, Jérôme, Louis).

Au premier étage, un salon aux murs recouverts d’une belle tenture chatoyante bleue abrite un mobilier directoire.

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Située à côté, la bibliothèque, aux colonnes jaunes et aux murs tendus de vert, possède des corps de bibliothèque en acajou de Jacob-Desmalter, destinés à accueillir la collection de plus de 25 000 livres acquis par Paul Marmottan et qui traitent des principales réalisations napoléoniennes sur le territoire français et dans les royaumes alliés ou confiés à des membres de la famille de l’empereur ; au centre de la pièce se dresse une magnifique table à plateau central tournant signée Carlin.

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Quelques remarquables livres difficiles à manier de par leur poids et leur fragilité mais splendides avec leur reliure de cuir vierge au pourtour doré, orné de palmettes et leur intérieur moiré, révèlent le passage du temps et le changement de régime. Gabrielle de Roincé, conservatrice de la bibliothèque, nous a présenté deux superbes ouvrages ayant appartenu au comédien Mounet-Sully. Après des années de séparation, le Virgile (Paris, Didot, 1798) acquis en juin 2014, est venu rejoindre l’Horace (Paris, Didot, 1799) à la bibliothèque Marmottan. La couverture du Virgile porte les armes des Bourbons (les fleurs de lys de Louis XVIII) au centre d’une ornementation Empire tandis que la reliure de l’Horace, acquis en 1920, a retrouvé son aigle impériale d’origine, recouverte par les fleurs de lys à la chute de l’Empire.

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Dans le deuxième pavillon se trouve la Galerie des Estampes, édifiée en 1907. Deux coupoles permettent d’éclairer de façon zénithale le meuble à estampes de huit mètres de long et divisé en quatorze compartiments, dans lequel se trouvent 6 000 estampes et gravures portant sur Paris et ses environs, l’Europe napoléonienne et l’histoire de l’Empire. Sur les murs de la galerie et dans d’autres pièces de la bibliothèque Marmottan sont exposés des tableaux des maîtres de l’époque : Bertin, Bidault, Turpin de Crissé, Constance Mayer…

Paul Marmottan souhaitait que sa maison reste à la fois une demeure privée, un lieu de travail et un musée-galerie. Il considérait son hôtel de Boulogne comme une villégiature.

La visite de la bibliothèque Marmottan, par ce bel après-midi d’octobre qui permit d’apprécier le jardin néoclassique d’inspiration italienne, a réuni plus de trente-cinq adhérents de 9^ème Histoire, ravis de leur visite et de l’accueil de la conservatrice, Gabrielle de Roincé, dont il faut saluer le dynamisme et l’enthousiasme et que Jean Aubert, président de notre association, a chaleureusement remerciée de notre part.

Hélène Tannenbaum

Crédits Photographiques 1-2-6 © Anne Chauvet 9^ème Histoire