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Rameau & la Scène à l'Opéra Garnier

EXPOSITION « RAMEAU ET LA SCÈNE » 
 


Pour le 250e anniversaire de la mort de Jean-Philippe Rameau (1683-1764), la Bibliothèque nationale de France et l’Opéra national de Paris rendent un superbe hommage au compositeur qui fut l’une des personnalités musicales et intellectuelles les plus célébrées en France au siècle des Lumières.

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Statue de Jean-Philippe Rameau rédigeant "Le traité de l'harmonie réduite à ses principes naturels" (Opéra-Garnier, vestibule)

Après quelques difficultés (pour certains!) à débuter la visite, liées au cheminement dans les méandres de l’Opéra,  et sous la conduite éclairée de l'un des deux commissaires de l’exposition, Mathias Auclair, conservateur en chef à la Bibliothèque-musée de l'Opéra Garnier, administrateur de 9ème Histoire, le parcours proposé dans l’œuvre lyrique de Rameau permet de mieux comprendre le rapport de Rameau à la scène et le rôle qu’il a joué dans l'essor de l'opéra à la française.
C’est un parcours au fil de salles et de vitrines offrant à voir des documents rares (partitions, manuscrits autographes, épreuves corrigées de sa main, maquettes de décors, costumes, livrets, dessins, etc.) auquel nous étions conviés ce
jeudi 5 mars 2015.

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Les travaux de Rameau conservés dans les archives de la Bibliothèque nationale de France

L‘exposition nous fait en effet découvrir, côté coulisses et côté scène, la fabrique d’un spectacle de divertissement au 18e siècle et se termine, dans les deux dernières salles, par la redécouverte des chefs-d’oeuvre de Rameau au début du 20e siècle, après un long purgatoire.

Ainsi, l'exposition s'intéresse-t-elle à la deuxième partie de la vie du compositeur dijonnais qui, à l’âge de cinquante ans, commença à se manifester sur la scène lyrique où il éclipsa bientôt tous ses contemporains. En 1733, Rameau, n’était pas un compositeur débutant. Théoricien célèbre pour  ses traités sur l'harmonie, il était un musicien de talent apprécié à l'orgue, au clavecin, au violon, à la direction d'orchestre. Cette année-là, il créa sa première tragédie lyrique « Hippolyte et Aricie », à l'Académie royale de musique, dans le genre créé par Lully et Quinault qui place à égalité la musique, le texte et la danse.  

Le succès de l'œuvre contribua à établir la réputation de Rameau qui, de 1733 à son décès, en 1764, composa une vingtaine d’oeuvres pour la Cour ou l’Opéra de Paris. Rameau explora tous les genres : tragédie lyrique, opéra-ballet, acte de ballet, pastorale héroïque…

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           Portrait de Marie Sallé*1737 (détail) par Louis-Michel Van Loo               Portrait (supposé) de Jean-Philippe Rameau (détail) par Jean-Baptiste van Loo

« Hippolyte et Aricie » disparut du répertoire de l'Opéra de Paris, mais y revint en 1908, sous l'influence de la Schola Cantorum et de Vincent d'Indy. L’œuvre  fut alors jouée pour la première fois au Palais-Garnier, avec Lucienne Bréval que l’on peut voir en photo dans le rôle de Phèdre,  dans la mise en scène de Paul Stuart (13 mars 1908).

L’exposition nous montre également le retour de Rameau sur la scène musicale française, culminant avec la « vague baroque » en France, à partir  des années 1970. Citons la reprise d’ « Hippolyte et Aricie », mise en scène, décors et costumes de Pier-Luigi Pizzi, sous la direction de William Christie (Opéra-Comique 1985), une production signée par Jean-Marie Villégier (1996) et une autre, de 2012, signée Ivan Alexandre ; Les « Indes galantes », opéra-ballet  monté à l'Opéra-Comique en 1925 dans une esthétique Art Nouveau puis à l'Opéra en 1952 avec cinq peintres de l'école de Paris ; « Dardanus » revisité par Jorge Lavelli (Théâtre national de l'Opéra-Palais Garnier, 1980) ; « Platée » par Laurent Pelly avec Marc Minkowski (1999) et « Les Boréades » , par Robert Carsen, avec Les Arts florissants de William Christie (2003).

Les documents exposés témoignent de techniques de plus en plus perfectionnées pour les mises en scène. Que l’objectif soit la reconstitution historique ou des innovations plus audacieuses, les reprises restent au service de la musique et de l’esprit de Rameau. Jean-Philippe Rameau ne bousculait-il pas déjà les conventions de l'art lyrique ?

Farce, comédie-tragédie lyrique, satire, folie, extravagance ... Ubuesque, surréaliste ?  Rameau est tout cela. Sa musique anticipe des langages musicaux que l’on ne retrouvera pas avant l’aube du 20e siècle… Saint-Saëns et Debussy  ne s’y étaient pas trompés. L’œuvre reste d’ une étonnante jeunesse.

Un grand merci à Mathias Auclair qui a conduit notre groupe et nous a fait partager son savoir avec à la fois, brio et simplicité.

* C'est avec Les Fêtes d'Hébé de Rameau que Marie Sallé obtiendra la consécration. La rose rouge dans la chevelure évoque Le Ballet des fleurs des Indes Galantes de Rameau (1735) dans lequel la danseuse personnifiait la Rose. L'aigrette et le voile de mousseline rappelle que la Sallé a joué le rôle d'une sultane (L'Europe Galante de La Motte et Campra, 1736)

Didier CHAGNAS

Crédits photographiques Daniel Bureau ©
 

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Le groupe de 9ème Histoire écoute attentivement Mathias Auclair.


Date de création : 09/03/2015 • 12:47
Catégorie : - Echos du Terrain
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