Delacroix au 58 Notre-Dame-de-Lorette
Le 58 rue Notre-Dame-de-Lorette - © CR
EUGÈNE DELACROIX
AU 58, RUE NOTRE-DAME-DE-LORETTE
C’est ici [1] qu’il a eu son atelier et son appartement pendant douze ans, de 1844 à 1857, et qu'Eugène Delacroix a peint quelques unes de ses grandes toiles : « Christ en croix », « Christ sur le lac de Génésareth », ainsi que des tableaux d’animaux : lions, tigres…
Il s’était installé rive droite après avoir toujours travaillé et vécu rive gauche (surtout rue Visconti pendant neuf ans) pour rejoindre George Sand et Frédéric Chopin établis square d’Orléans : « je suis bien heureux à présent de la pensée que je vais être votre voisin ».
© CR
Il admire Chopin : « j’ai des tête-à-tête à perte de vue avec Chopin, que j’aime beaucoup et qui est un homme de distinction rare. C’est le plus vrai artiste que j’aie rencontré. Il est de ceux, un petit nombre, qu’on peut admirer et estimer »
Sa maîtresse, la baronne de Forget, n’est pas étrangère non plus à son installation rue Notre-Dame-de-Lorette : elle habite 19, rue de la Rochefoucauld dans un bel hôtel du 18e, au milieu d’un grand parc où sa mère, Madame de Lavalette [2] peut trouver le repos après les péripéties de l’évasion de son mari.
Sa description des « Lorettes » qui habitent le quartier est très connue : « le premier objet qui a frappé les yeux de ma vertu, en arrivant, ç’a été une magnifique Lorette de la grande espèce, toute vêtue de satin et de velours noir qui, en descendant de cabriolet et avec une insouciance de déesse, m’a laissé voir sa jambe jusqu’au nombril. Je passe sous silence les autres rencontres auxquelles j’ai déjà été exposé, et qui me feront peut-être chanceler dans le chemin de la sagesse. »
Il travaille beaucoup, publie des critiques, est élu à l’Institut, a une vie mondaine: pour un soir de fête chez Alexandre Dumas, square d'Orléans, il peint une fresque sur un mur entier de l'appartement (dont il ne restera d'ailleurs aucune trace).
Sa santé se dégrade, il a été très affecté par la séparation de Sand et Chopin, et la nécessité d’aller à St Sulpice travailler à sa chapelle et de remonter « sa montagne » le font partir.
Héliodore chassé du temple - Lutte de Jacob avec l'ange St Michel terrassant le dragon
Il passe la fin de sa vie, rue de Furstemberg, son « repaire » devenu à présent le Musée Delacroix. Il meurt en 1863 adulé de tous les artistes (Fantin-Latour, Baudelaire entre autres).
Hommage à Delacroix par Fantin-Latour (1864). On reconnaît notamment Fantin-Latour, Manet et Baudelaire entourant le portrait de Delacroix.
ps : À quelques numéros du 58, rue Notre-Dame-de-Lorette naissait en 1848 Paul Gauguin.
Françoise ROBERT
[1] Précisions de Didier Chagnas: La façade néoclassique que l’on peut voir au 58 rue Notre-Dame-de-Lorette est tardive. C’est celle du cabaret Le Jockey Club de Montmartre fondé en 1892 par Maxime Lisbonne, exploité jusqu’en 1905. Le rez-de-chaussée a été modifié à plusieurs reprises, sans respect pour l’architecture « Grand Trianon » fin 19e siècle du 1er étage. L’ancien atelier de Delacroix existe toujours. On ne peut pas le voir depuis la rue. Il a été vendu il y a quelques années à un particulier, cloisonné et transformé en appartement. L’entrée, large vestibule avec des bas-reliefs et bustes est restée en l’état.
[2] Son mari s’était évadé en 1815 de la Conciergerie et elle avait pris sa place.
© F. Robert-2016 © 9e Histoire - 2016
Catégorie : Publications de 9ème Histoire - Fiches Express-Figures du 9e
Page lue 9212 fois