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L'église Saint-Eugène

© E. Fouquet © 9e Histoire - 2014/2017



L'ÉGLISE SAINT-EUGÈNE

 

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Cette église porte le nom d’Eugène, saint né à Rome au IIIe siècle, compagnon de Saint-Denis, à l’histoire compliquée puisqu’il aurait évangélisé l’Espagne mais aurait été décapité à Deuil (Val d’Oise) et ses restes jetés dans le lac d’Enghien (!),  puis déposés à l’abbaye de Saint-Denis avant d’être rapatriés à Tolède au XVIe siècle à la demande des espagnols…
L’église borde la rue Sainte-Cécile et fait partie de l’une des nouvelles paroisses créées dans Paris sous le Second Empire, dans ce quartier en forte expansion démographique. Son nom a été choisi également en souvenir d’Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie sous Napoléon Ier, oncle de Napoléon III.

Sa  construction, sur l’emplacement de l’hôtel des Menus-Plaisirs du Roi, par l’architecte Louis-Auguste Boileau (architecte aussi du Bon Marché!), fit figure de véritable événement.

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Plans de l'église St-Eugène

Il s’agissait en effet de la première utilisation dans un édifice religieux de larchitecture métallique. Cette technique devait permettre  d’associer les qualités de solidité, de légèreté et de plasticité mais aussi d’économie. Cela eut comme avantage un étonnant gain de temps de construction : un peu moins de vingt mois de travaux (1854-1855)! L'église bénéficia aussi d'un confort moderne pour l'époque: éclairage au gaz et chauffage par calorifère!

Le cahier des charges était le suivant : « Construire une église dans le style de la fin du XIIIe siècle, mais en employant la fonte et le fer pour remplacer les piliers et les nervures de pierre ». 
Cette sorte de pastiche du style gothique fut d'ailleurs longtemps critiqué et
Boileau, traité davantage de mécanicien que d’architecte, pour reprendre le mot de Violet le Duc !
Il s’inspira du réfectoire de Notre-Dame-des-Champs (aujourd’hui la Bibliothèque des Arts et Métiers).

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L’église se caractérise par son absence de clocher, pour cause de proximité immédiate du Conservatoire National - de musique, à l’époque - qu’il ne fallait pas troubler... Le nom de la rue Sainte-Cécile avait d'ailleurs été choisi en référence à la patronne des musiciens !

Sa façade se compose d’un haut mur divisé en cinq parties par des contreforts, et dessinant exactement la forme de l’édifice. En pénétrant dans l’église, longue de 50 m, large de 25 m et haute de 23 m, on est frappé par l’espace et la polychromie.
Seuls les murs sont édifiés en maçonnerie, 44 colonnes en fonte creuse bleu acier (de 2 cm d’épaisseur !) délimitent trois nefs ogivales à voute étoilée, avec des arcatures en fer. Les bas-côtés sont surmontés de tribunes.

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Les colonnes en fonte de l'église.
 

L’ensemble est éclairé par des vitraux, œuvres de Lusson, et tous les éléments de décor sont peints, ce qui lui donne un aspect théâtral, réminiscence de la Sainte-Chapelle et de certaines églises vénitiennes, aspect accentué par la richesse du mobilier (le fils de Boileau, ébéniste, y aurait travaillé).
Dans le chœur, 3 vitraux : la
Transfiguration au milieu, la Cène à gauche, le Jardin des Oliviers à droite, avec un maître autel décoré de 13 niches avec statuettes. De chaque côté, on trouve la chapelle de la Vierge à gauche, de Saint-Eugène à droite.

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Élément rare à remarquer : le chemin de croix sous forme de vitraux  (Oudinot) sur les deux bas-côtés de l’édifice. Les vitraux des tribunes représentent à gauche la vie privée de Jésus-Christ, à droite sa vie publique.

L'église St-Eugène fut inaugurée en 1854 et l’impératrice Eugénie en fut la marraine. Jules Verne s’y maria en 1857 à 29 ans avec Honorine de Viane, une jeune veuve, mariage qu’il relata à un ami : « J’étais le marié, j’avais un habit blanc, des gants noirs. Je payais tout le monde : employé de mairie, bedeau, sacristain, marmiton… On appelait  «  Monsieur le Marié » …c’était moi ! Dieu merci, il n’y avait que 12 personnes… ». Il résidait alors 18, Boulevard Bonne Nouvelle, écrivain débutant il travaillait comme agent de change.

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On y trouve l’orgue réalisé en 1850 par Merklin & Schültze pour l’Exposition Universelle. Classé monument historique, il a été totalement rénové à la fin du XXe siècle.
L’église, quant à elle, a bénéficié en 1987 d’une restauration intérieure qui se dégrade malheureusement déjà. La paroisse porte depuis 1952 le double nom Saint-Eugène Sainte-Cécile. En 2000 l’église fut dotée d’un carillon et seulement là consacrée (et pas avant, car elle n'était pas construite en pierre).
En 2008, le parvis donnant sur la rue sainte Cécile s’est trouvé dégagé du fait de la mise en piétonisation de la rue, entre celle du Faubourg Poissonnière et du Conservatoire.

L'église a également comme particularité de proposer des offices célébrés à la fois selon le rite dit de saint Pie V (en latin) et selon celui promulgué par Paul VI à la suite du concile de Vatican II.

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Emmanuel FOUQUET


Date de création : 15/04/2017 • 09:00
Catégorie : - Architecture
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