Le Passage Jouffroy
© E. Fouquet © 9e Histoire 2014/2017
LE PASSAGE JOUFFROY
Construit par les architectes Romain de Bourges et François-Hippolyte des Tailleurs en 1847, à l’emplacement des jardins de l’hôtel d'Aguado (devenu la mairie du 9e arrondissement !) et dans l’alignement du passage Verdeau (édifié la même année), le passage Jouffroy relie les Grands Boulevards et la rue de la Grange-Batelière, en passant sous la terrasse de l‘hôtel Ronceray datant de 1868 et où résida Rossini.
Il fut percé dans la continuité du passage des Panoramas, datant lui du début du XIXe, et forme ainsi la plus longue promenade couverte de Paris. Cet ensemble représente le témoignage d’une forme urbaine très parisienne, particulièrement en vogue lors de la première moitié du XIXe siècle.
Un peu plus long que son voisin le passage Verdeau, Il mesure 140 m de long et 4 m de large. Son tracé fait un double coude à angle droit, avec un petit escalier pour respecter la déclivité du terrain.
C’est le premier passage entièrement construit en fer et en verre. Ce fut aussi le premier à être chauffé par le sol. Ainsi on voit encore les « rosettes de fer », grilles dans le dallage qui diffusaient la chaleur. Ses structures métalliques témoignent de l’évolution des techniques. Des colonnes de fonte soutiennent les planchers et s’élèvent jusqu’à la verrière en ogive. Le passage a conservé les encadrements de boiseries de ses devantures, où sont sculptés les numéros de chaque travée. Restauré en 1987, il a retrouvé son carrelage d’origine. Son décor est assez sobre avec une horloge monumentale de chaque côté.
Il a toujours connu un grand succès, l’un des premiers cafés chantants de Paris, « l’Estaminet Lyrique » qu’évoque Berlioz y fut ouvert en 1848 : c’est là en effet que « s’époumonent sur un petit théâtre et aux maigres sons d’un piano, six ou sept chanteurs voués à la romance… »
Un café concert, le Petit Casino, était aussi présent dans ce passage entre 1895 et 1948, qui vit les débuts de Damia.
Les passants ne se doutent pas qu’une issue de secours de la salle Rossini - ex cinéma Astor - de l’actuelle mairie du 9e arrondissement donne dans le passage !
Si les enseignes des magasins changent régulièrement, «Le Comptoir de Famille » est ainsi maintenant fermé, des commerces pittoresques demeurent comme les longs étals de livres de « La librairie du Passage », ancienne librairie Paul Vulin, ou le salon de thé de « La Tour des Délices».
« La Boîte à Joujoux » a été relookée avec une façade d'un bleu un peu détonnant ici, sans doute pour séduire les touristes de plus en plus nombreux. En revanche, le «Palais Oriental», sorte de souk en plein Paris, qui régnait ici depuis 1960 a fait désormais place à un vaste espace alimentaire d’une grande chaine britannique, autres temps, autres moeurs …
On peut cependant voir encore la galerie Segas, curieuse boutique surplombée d'une enseigne en bois d’élan (!), où l’on trouve dans un décor particulier un grand choix de cannes, dont beaucoup sont des modèles de collection très rares.
Entrée du Salon des Miroirs
À proximité, se trouve le Salon des Miroirs qui accueille à l'étage, depuis de nombreuses années, diverses manifestations et réceptions dans sa longue salle où les miroirs se renvoient à l'infini.
On y trouve enfin l’hôtel Chopin (où le musicien n'a jamais résidé!) avec sa façade au charme désuet et dont une chambre surplombe l’alignement du passage.
Depuis 1882, date de sa création, se trouve la sortie du célèbre Musée Grévin. On peut voir également à côté de l'hôtel Chopin, au dessus de l'issue de secours du musée, un étonnant bas-relief sculpté par Barbieri réunissant quelques grands personnages de l'histoire de France, comme Richelieu, Henri IV ou Napoléon Bonaparte ...
Emmanuel FOUQUET
Catégorie : Publications de 9ème Histoire - Fiches Express-Hauts Lieux
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