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Debussy dans le 9e - décembre 2021

 © 9ème Histoire - 2021

 


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Portrait de Claude Debussy par Nadar  -  © contribution Wikipedia Bloom 6138
 


Claude Debussy dans le 9e
 


La troisième tentative aura été la bonne : après deux annulations successives, Éric Lebrun, organiste de talent mais aussi compositeur et musicologue, aura pu enfin tenir sa conférence sur Claude Debussy ce jeudi 9 décembre, devant une bonne soixantaine de personnes salle du Conseil de la mairie, malgré une situation sanitaire à nouveau en cours de dégradation. 2021 aura été d’ailleurs véritablement une année noire pour 9ème Histoire puisque seules deux conférences ces dernières semaines auront pu se tenir en tout et pour tout …

Après avoir évoqué la naissance du futur musicien à Saint-Germain en Laye en 1862, avec pour parents de modestes commerçants en faïence, notre conférencier nous indique qu’après un bref séjour à Clichy c’est au 11, rue de Vintimille que la famille vient s’installer dès 1867. La mère de Debussy assure alors son éducation à la maison et non à l’école. A 9 ans, Achille (comme il se prénommait surtout à l’époque au lieu de Claude) prend ses premières leçons de piano auprès d’une certaine Antoinette de Fleurville, belle-mère de Verlaine, qui se prétend aussi être ancienne élève de Chopin … Ses dons se révèlent rapidement lui permettant d’entrer au Conservatoire de musique de la rue Bergère et du Faubourg-Poissonnière. Élève de Guiraud, professeur de composition original, Debussy partage souvent avec lui les soirées et ils fréquentent tous deux le même café de la rue La Bruyère. 

Au début des années 1880, Debussy rencontre Madame Von Meck, protectrice de Tchaïkovski, à la recherche d’un pianiste pour jouer en tournée les trios du fameux compositeur. Le jeune homme commence surtout à composer et à se faire connaître par l’originalité qui émane de sa musique. Lors de séances de cours de chant qu’il accompagne au piano, Il rencontre la belle Marie-Blanche Vasnier, mariée à un conseiller culturel qui, malgré les sentiments que le jeune musicien éprouve pour sa femme, lui donne des conseils pour mener sa carrière … Debussy écrira pour elle des mélodies inspirées de Paul Verlaine et La fille aux cheveux de lin d’après Leconte de Lisle.
En 1884 Il obtient le premier prix de Rome (institution qu’il méprisait pourtant pour son archaïsme) avec sa composition audacieuse L’Enfant prodigue encore dédiée à Madame Vasnier. Mais le séjour dans la Ville éternelle et à la Villa Médicis que lui impose ce prix suscite surtout chez lui le Spleen baudelairien. Il tombe alors amoureux de la fille du directeur de la Villa tout en écrivant de nouvelles compositions pas toujours appréciées en raison de l’étrangeté qui s’en dégage, comme Le Printemps, suite Symphonique (critiquée par exemple par Saint-Saëns).

 


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C. Debussy à la Villa Medicis - 1885 - © Wikipedia - contribution Joao Carvalho. (Le compositeur est au centre du rang supérieur en veste claire)
 


Éric Lebrun, nous fait écouter, entre autres morceaux, le célèbre et très beau solo de piano du Clair de Lune tiré de la Suite Bergamasque, qui aurait été composé pour Marie-Blanche Vasnier.  

Rentré à Paris en 1887, Debussy achève une œuvre magistrale en 1889, les Cinq poèmes de Baudelaire, fréquente l’intelligentsia culturelle parisienne au pied de Montmartre et rencontre au début des années 1890 Camille Claudel et Erik Satie (dont il orchestre bientôt quelques Gymnopédies), notamment dans le cabaret de l’Auberge du Clou, avenue Trudaine (défunte aujourd’hui) et à la brasserie Pousset, au carrefour Châteaudun (disparue depuis longtemps).

C’est alors que le musicien tombe amoureux de la belle Gabrielle Dupont, surnommée « Gaby » ; il s’installe modestement avec elle, en 1892, d’abord au 42, rue de Londres, puis rue Gustave Doré (dans l’actuel 17e).  C’est aussi à cette époque que, privilégiant son deuxième prénom, Claude, au premier, Achille, il compose, sous le nom de Claude Debussy, les quatre mouvements de son quatuor à cordes joué lors de notre soirée du 20e anniversaire. Il rencontre alors Ernest Chausson, élève de Massenet, grand mécène épris de culture qui tient salon 22, boulevard de Courcelles. Claude Debussy fait aussi la connaissance, dès 1893, de l’auteur sulfureux des Chansons de Bilitis, Pierre Louÿs, gendre du poète José Maria de Heredia, chez qui il jouera les premières notes de Pelléas et Mélisande, son opéra qui fera date, emprunté à Maeterlinck.
 


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Debussy au piano dans la propriété d'Ernest Chausson - 1893 - © RMN Musée d'Orsay.
 

Quant aux Chansons, le musicien va les adapter en musique en 1897. Éric Lebrun nous en fait écouter La chevelure puis un autre enregistrement qui allait connaître le triomphe, Prélude à l’après-midi d’un faune, tiré d’un poème de Mallarmé, commencé rue de Londres puis achevé en 1894, et encensé par Maurice Ravel pour sa modernité.

Les années qui suivent sont assez chaotiques sur le plan amoureux avec de nombreuses liaisons du compositeur qui vont entraîner sa séparation d’avec « Gaby ». Claude Debussy connaît aussi des difficultés financières et est souvent aidé par Georges Hartmann, éditeur de musique qui tient une boutique à la Madeleine et à qui il dédiera ses Nocturnes à sa mort en 1899. Il déclare bientôt sa flamme à un mannequin d’origine bourguignonne, Rosalie Texier, « Lily », avec qui il se marie la même année, après s’être installé rue Cardinet. Ils se rendent souvent alors dans la maison de Bichain, hameau dans l’Yonne, toujours existante où le compositeur travaille l’été et composera son énorme succès La Mer (dont on entend un extrait). En 1902, première de Pelléas à l’Opéra-Comique, œuvre qui divisera la critique, y compris Maeterlinck lui-même, dont la femme n’a pas été choisie pour jouer Mélisande, au profit de la soliste écossaise Mary Garden. C’est aussi la marque de reconnaissance de son talent avec l’attribution du titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 1903.
 


Mary Garden dans Péléas & Mélisande en avril 1908 -
© Library of Congress- Davi Eickmeyer restored by Adam Cuerden.

 

Le mariage de Debussy n’aura cependant guère duré longtemps puisqu’il se sépare de Lily en 1904 pour s’installer, près du bois de Boulogne, avec Emma Bardac, femme du monde très cultivée avec laquelle il aura une fille, « Chouchou » en 1905.  Musicien reconnu, il fait partie du conseil d’administration du Conservatoire de musique lorsque la décision est prise de le déménager de la rue Bergère à la rue de Madrid en 1911.
 

Les succès s’enchaînent encore pour Claude Debussy avec ses douze Préludes et Le Martyre de Saint Sébastien, longue création de près de cinq heures (!), composée dans la précipitation et qui recevra les foudres de l’archevêque de Paris menaçant d’excommunication le public de ce spectacle, à ses yeux païen … Le musicien entame, à nouveau pour des raisons financières, une tournée européenne comme chef d’orchestre bien que déjà atteint par la maladie. La guerre contre l’Allemagne en 1914 le touche particulièrement réveillant chez lui un fort anti-germanisme. Il compose ainsi une Berceuse héroïque en hommage au roi des Belges. Puis avec beaucoup de difficultés, il écrit ses Sonates avant de décéder en 1918 quelques mois avant l‘armistice, à 54 ans, et quelques jours d’ailleurs après la jeune Lili Boulanger qu’il connaissait.
 

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Portraits joints de Debussy et Lili Boulanger - © Ville de Lyon.
 


Éric Lebrun, auteur par ailleurs d’une étude parue chez Bleu nuit éditeur, termine alors sa brillante conférence en évoquant l’influence de Claude Debussy, personnage assez solitaire mais dont l’importance a été grande sur le monde musical et en révélant que Ravel plus jeune d’une dizaine d’années, tout en admirant son ainé se déclarait anti-Debussy …

Bien que n’ayant vécu dans notre arrondissement que par intermittence, ce grand compositeur y aura laissé pourtant son empreinte.
 


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Signature de Debussy 1909 - © BNF Gallica.
 



Emmanuel FOUQUET

 


© 9ème Histoire - 2021
 


Date de création : 12/12/2021 • 12:00
Catégorie : - Echos du Terrain
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