Henri de Toulouse-Lautrec
© Anick Puyôou 2019 © Bulletin XVI 9e Histoire - 2019
Toulouse-Lautrec - La Danse au Moulin Rouge - 1889 - © Philadelphia Museun of Art.
HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC, d’un château à l’autre
Henri-Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa, né à Albi le 24 novembre 1864 au sein d’une des plus anciennes familles nobles de France, portera la malédiction de la consanguinité de ses parents, Alphonse, comte de Toulouse-Lautrec-Monfa, et Adèle, née Tapié de Céleyran, cousins germains (issus eux-mêmes de mariages entre cousins, pratique courante pour éviter la division des patrimoines) : on lui découvrit assez tôt une maladie congénitale (la pycnodysostose), qui se traduit par une fragilité osseuse.
Acte de naissance d'Henri de Toulouse-Lautrec-Monfa
Le jeune Henri se cassera les jambes facilement et les fractures ne se remettront pas en place correctement. Sa taille se figera à 1 m 52, avec un tronc normal et des membres courts. Outre ses douleurs originelles, les traitements barbares et inefficaces de l’époque le firent beaucoup souffrir (décharges électriques, suspensions de poids en plomb, etc). Malgré cela son enfance fut choyée au château du Bosc (à Camjac, au nord d’Albi, en Aveyron, château ouvert au public depuis 1954), demeure de sa famille paternelle, et au château de Celeyran (sans accent sur le e, dans l’Aude), entouré de nombreux cousins. Il aura peu connu son jeune frère, Richard-Constantin, né en 1867 et décédé l’année suivante. Ses parents se séparent alors.
Le château du Bosc à Camjac
Elève au lycée Fontanes (aujourd’hui Condorcet), Henri échoue au baccalauréat à Paris en 1881 mais il est reçu à Toulouse à la session d’octobre. Peu lui importe. Attiré par le dessin et la peinture, qu’il pratique depuis son plus jeune âge, il a décidé d’être artiste, soutenu par son oncle Charles de Toulouse-Lautrec et son vieil ami René Princeteau, peintre équestre favori de son père. Sa mère cède et s’installe avec lui à Paris, près de la Madeleine, à l’Hôtel Perey, cité du Retiro[1], pour qu’il étudie.
Au Montmartre Des Artistes
Nous allons suivre son parcours avec Pierre-André Hélène, historien d’art spécialisé dans l’histoire de Paris (à l’origine de 250 promenades-conférences et circuits insolites à travers la capitale), et son ex-épouse Véronique (née Fourcaud), arrière-petite-cousine du peintre, propriétaire des communs du château du Bosc, demeure où Henri enfant avait passé de longues heures à dessiner et peindre chasses et chevaux. Véronique, chanteuse lyrique et comédienne, a célébré son illustre aïeul en interprétant « Cancan », un « récital-cabaret », en 1995 au Théâtre du Trianon (que fréquentait Lautrec) puis au Café Carmen 22, rue de Douai (à proximité des appartements occupés par le peintre) et enfin au Ciné-Théâtre de l’avenue Junot, au pied du Moulin de la Galette pour le centenaire de sa mort. Ayant beaucoup appris des récits recueillis auprès des membres de la famille et consulté de nombreux documents familiaux restés privés, Pierre-André et Véronique ont eu envie d’actualiser nos connaissances sur la vie montmartroise du peintre en publiant un ouvrage très documenté en 2001 chez Paul Philippe Vögele (« Toulouse-Lautrec à Montmartre »).
Montmartre est alors un quartier « divisé en deux espaces distincts par une fête foraine installée en permanence sur le boulevard, de la Place Clichy à Anvers. Le Montmartre d’en haut, celui des bohêmes, des rapins, encore bucolique et campagnard, ne connaît pas la rigoureuse morale victorienne qui triomphe dans le Paris des années 1880. C’est pourquoi tant de jeunes artistes l’apprécient. Alors que le Montmartre bas, notre actuel 9e arrondissement, luxueux et bourgeois, se peuple d’écrivains, de compositeurs, de peintres, pour la plupart célèbres et fortunés. Delacroix, Hugo, Bizet, Degas, Zola, parmi des centaines d’autres, l’ont habité. C’est ce Montmartre-là que choisit Toulouse-Lautrec ».
À 19 ans, Henri va se former en suivant les cours de René Princeteau, dans son atelier de la rue du Faubourg Saint-Honoré, puis ceux de Léon Bonnat, l’un des portraitistes mondains les plus en vue de son temps, 30 rue de Clichy, jusqu’en septembre 1882.
La Goulue – Toulouse-Lautrec était son ami ; il s'en est beaucoup occupé et l'a secourue. Toulouse-Lautrec - Affiche Le Divan Japonais - 1892.
En mai 1883 la comtesse de Toulouse-Lautrec, qui vit séparée de son mari, trop mondain, trop séducteur, fait l’acquisition du château de Malromé, à Saint-André du Bois, en Gironde, à cinquante-cinq kilomètres au sud-est de Bordeaux (près de la A62, direction Toulouse, sortie Langon). Elle doit aménager la demeure, replanter les vignes, et elle laisse son fils seul à Paris, lui suggérant de s’installer à Montmartre pour éviter la fatigue des trajets quotidiens entre la Madeleine et l’atelier de fond de deuxième cour du 104, boulevard de Clichy où le jeune homme suit maintenant les cours de son troisième professeur, Fernand Cormon. C’est un peintre académique réputé pour ses tableaux d’histoire mais un maître ouvert et libéral très apprécié de ses élèves épris de modernité. Henri y restera cinq ans.
Il écrit à sa grand-mère paternelle, au château du Bosc : « je ne suis pas du tout en train de régénérer l’art français et je me débats contre un malheureux papier qui ne m’a rien fait et sur lequel, croyez-moi, je ne fais rien de bon ». C’est là qu’il se liera d’amitié avec Vincent Van Gogh, élève lui aussi, auquel il conseillera plus tard de partir dans le midi, chercher la luminosité du sud…
Le château de Malromé
Un jeune modèle, Marie-Clémentine Valadon, déjà maman d’un petit Maurice, pose fréquemment dans l’atelier et Henri va en tomber amoureux. Leur liaison durera un an et demi. Il la rebaptisera « Suzanne » compte tenu qu’elle pose nue pour des vieillards (Renoir, Puvis-de-Chavannes, Henner…) C’est avec ce prénom qu’elle deviendra un peintre célèbre (suite aux encouragements et à la protection d’Edgar Degas).
Toulouse Lautrec-Portrait de Suzanne Valadon-© Fogg Art Museum
Aujourd’hui, Monsieur Henri…
En juin 1884, Henri va s’installer chez un ami peintre, Albert Grenier, qui loue un vaste appartement au troisième étage de l’immeuble du 19bis, rue Fontaine, où Degas occupe le cinquième et travaille dans un atelier installé au premier étage du pavillon en fond de cour (de 1879 à 1891). Lautrec est si impressionné par le peintre qu’il admire tant qu’il n’ose pas lui parler. Dans le 19bis, rue Fontaine, la rumeur veut que Lautrec ait occupé quelques mois un atelier situé à gauche dans la cour : un pan de mur y est présenté comme le lieu où il essuyait ses pinceaux. Invérifiable…
Quand Albert Grenier se marie avec Lili, un jeune modèle[2], Henri déménage et s’installe dans l’immeuble voisin, au n° 19 de la rue Fontaine (au premier étage). L’appartement étant grand, il convie son ami Henri Bourges, étudiant en médecine, à le partager. Sa mère leur offre les services d’une de ses femmes de chambre qui sera leur cuisinière. « Cette employée modèle et dévouée (…) jouera un rôle considérable pour la connaissance de la vie du peintre car elle écrira presque chaque jour à sa maîtresse des lettres très déférentes, commençant rituellement par « Madame la Comtesse, aujourd’hui Monsieur Henri a fait ceci ou cela… », rapportant ainsi l’essentiel des faits et gestes du peintre ». Une mine pour les historiens.
Toulouse-Lautrec peignant La Danse au Moulin Rouge - 1889 - © Kunstmuseum Bern.
En 1886, Lautrec quitte Cormon et installe son atelier au dessus de l’appartement de son père, au troisième étage du 21, rue Caulaincourt, à l’angle de la rue Tourlaque. Il n’y réside pas (sauf exceptions pour de courts séjours) mais il y peint. On voit toujours la grande verrière sous les toits côté nord. C’est là qu’il a réalisé la plupart de ses tableaux et de ses affiches célèbres.
C’est là qu’il aura des discussions orageuses avec « Suzanne », qui s’est installée à côté, au 7, rue Tourlaque, et le harcèle pour qu’ils se marient. « Elle menace un jour de se jeter par la fenêtre de son logement si Henri ne l’épouse pas. Effrayé il court chercher de l’aide et quand il revient, il entend la mère de la jeune femme se disputer comme une poissarde avec sa fille. Le discours ne laisse place à aucune équivoque quant aux motivations avant tout financières de Suzanne. Entendant tout cela à travers la porte, Lautrec comprend enfin la grande manœuvre sentimentale dont il est l’objet. Il repart et ne la reverra jamais ».
Toulouse-Lautrec - Portrait de Suzanne Valadon - 1885 - © Ny Carlsberg Glypotek Copenhague.
En 1898, Lautrec cèdera cet atelier à un ami graveur, Albert Joseph. Au mois d’avril 1891, les deux camarades changent d’adresse pour le 21, rue Fontaine (second étage à gauche). Ils y resteront jusqu’à fin 1893, date du mariage de Bourges avec une de ses cousines. Lautrec abandonne alors encore une fois l’appartement au jeune ménage et il loue (jusqu’en 1895) le rez-de-chaussée de la maison contiguë à son atelier, rue Caulaincourt. Il ne reviendra rue Fontaine qu’en juillet 1895, pour occuper l’entresol gauche ou celui de l’hôtel particulier situé dans la cour (invérifiable) du n° 30, avant de s’installer avenue Frochot.
Des Frasques…
Le guide de Pierre-André et Véronique Hélène fait la part belle aux lieux d’amusement que fréquentait le peintre à Montmartre avec ses amis : le Bal du Moulin-Rouge, le Moulin de la Galette, le Cabaret du Lapin agile, l’Élysée-Montmartre et le Trianon, le Chat noir, le Cabaret du Divan japonais, le Cirque Fernando (qui deviendra Médrano), l’Auberge du Clou, le second cabaret du Chat noir…
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Pour certains il a créé des affiches devenues mondialement célèbres. Son cousin Gabriel Tapié de Céleyran – « venu à Paris en 1891 pour achever ses études de médecine, interne puis assistant dans le service du Dr Péan (de 1891 à 1895) puis à l’hôpital international créé par le chirurgien »- l’accompagnait souvent dans ses frasques nocturnes. Ils avaient l’habitude de défrayer la chronique, comme cette descente des Champs-Elysées en tricar à pétrole, nus. Henri aimait particulièrement faire admirer son sexe qui avait une belle taille et qui lui avait valu le surnom de « la cafetière » chez les prostituées du quartier qu’il fréquentait assidûment. Les deux cousins aimaient aussi passer des vacances ensemble et Henri se baignait nu à Arcachon. Le fils de Gabriel, le critique d’art Michel Tapié de Céleyran, grand-père de Véronique, confiait cela discrètement à ses amis.
Le second atelier du peintre fût installé en janvier 1898 au n° 15 de l’avenue Frochot (la verrière centrale donnant sur le boulevard de Clichy au second étage) et il y travailla jusqu’à sa mort quatre ans plus tard. Mais il résidait au n° 5, là où il lança sa célèbre « invitation à boire une tasse de lait », se moquant des recommandations diététiques de l’époque. Toujours souffrant, il était devenu peu à peu un alcoolique invétéré, préconisant « il faut boire peu mais souvent », fréquentant tous les bars de la place Pigalle voisine (« The Dead Rat », le « Café de l’Abbaye » et celui de la « Nouvelle Athènes ») ainsi que ceux plus chics de la rue Royale. Ses excès l’amèneront en 1899 à la clinique de la Folie Saint-James à Neuilly pour une cure de désintoxication.
Toulouse-Lautrec - Invitation à une tasse de lait - 1897 - © Bibliothèque INHA.
Sa mère inquiète de la dégradation de son état de santé, décida en 1899 de se rapprocher de son fils et elle loua un vaste appartement au second étage du 9, rue de Douai. Elle y recevait parfois son mari pour un déjeuner ou un dîner, en le plaçant à sa droite, comme l’invité de marque et non en face d’elle comme le maître de maison. Ces cousins germains, qui ne s’entendaient plus et s’étaient séparés, vécurent en bonne intelligence. De nombreuses lettres d’Alphonse témoignent qu’il s’enquérait fréquemment en termes aimables de la santé et du quotidien de son épouse. Lautrec venait souvent déjeuner rue de Douai avec ses amis. Sa mère conservera ce pied-à-terre parisien longtemps, jusqu’à son décès en 1930. Elle avait confié la surveillance de la consommation d’alcool de son fils à Paul Viaud, que le peintre eut vite fait de soudoyer, de baptiser « L’ Amiral Viaud » (pour leurs sorties en mer au large d’Arcachon) et d’immortaliser sur toile. Un célèbre tableau, l’un des derniers faits par Henri, le représente perruqué avec un catogan et en redingote rouge de style XVIIIe. Le peintre avait utilisé une peinture blanche mal fixée qui a viré au brun, rendant les gants du personnage peu visibles. La propriétaire actuelle (américaine) de l’original a pu découvrir récemment au château de Malromé une copie d’époque fidèle où le blanc se confirme éclatant.
Toulouse-Lautrec - Paul Viaud en costume d'amiral - © Musée des Arts de Sao Paulo.
La Fin à Malromé
C’est à Malromé, demeure choisie et aimée par la mère du peintre esseulée, qu’Adèle emmène Henri, dans un état pitoyable, vivre les deux dernières années de sa vie. Malgré sa santé défaillante, il y peindra encore beaucoup.
Toulouse Lautrec – Portraits de sa mère Adèle de Toulouse Lautrec 1886 et 1881 © Musée Toulouse-Lautrec Albi.
En septembre 1900, après un séjour de cinq mois à Taussat sur le bassin d’Arcachon voisin, il aurait loué à Bordeaux un appartement au 66 rue de Caudéran pour lui-même et Paul Viaud et un atelier au 47 Porte-Dijeaux. La tragédie lyrique « Messaline » donnée au Grand-Théâtre, avec Thérèse Ganne en robe rouge dans le rôle-titre, lui inspirera six tableaux.
Mais c’est la fin : en mars 1901 une syncope avec hémorragie cérébrale le paralyse. Il pourra malgré tout remonter à Paris, avenue Frochot, pour régler sa succession et signer des œuvres. Le 15 août, une nouvelle attaque d’apoplexie à Taussat le rend hémiplégique. Le 20 août sa mère le ramène à Malromé. Il y décède le 9 septembre. Il a trente-six ans. Il sera enterré dans un premier temps au cimetière du village, à Saint-André-du-Bois, avant d’être transféré à Verdelais, à 6,7 km, à côté de cette basilique (lieu de « miracle » et de pèlerinage marial très coté au XIXe) qu’aimait tant sa mère.
Elle priait en la regardant depuis son salon ou sa chambre. Adèle fît ériger au cimetière de Verdelais, attenant à la basilique et au calvaire, un caveau familial, devenu un lieu de recueillement international pour les admirateurs de l’artiste. Nous avons pu constater l’été dernier qu’ils étaient nombreux, certains venant de très loin, d’Australie, du Japon et de Chine.
Tombe de la famille Toulouse-Lautrec à Verdelais.
C’est grâce à une famille asiatique que nous pouvons depuis mars 2018, après quatre ans de travaux « herculéens », visiter le château de Malromé et boire ses vins. En effet, Adèle avait légué sa propriété à un cousin plus préoccupé de finances que de vieilles pierres, qui laissa se dégrader les bâtiments. Les deux grandes guerres et une suite de propriétaires négligents, sans moyens et à peine capables d’exploiter correctement les vignes étant passés par là, il ne restait il y a cinq ans plus que des ruines de ce bel ouvrage du XVIe, érigé par Étienne de Rostéguy de Lancre, membre du Parlement de Bordeaux, seigneur de Saint-Macaire et de Rozan, resté dans cette famille deux cents ans.
Vers 1780 le château avait été transmis à Catherine de Forcade, veuve du baron de Malromé, qui lui donna son nom (et celui d’un ruisseau voisin). En 1847, il est transmis à Adolphe de Fourcade Laroquette, président du Conseil d’État sous Napoléon III, et à son demi-frère, le maréchal Armand Jacques Leroy de Saint-Arnaud, gouverneur de Paris et ministre de la Guerre, qui feront restaurer le château « d’après Viollet-le-Duc ».
Le bâtiment s’enrichit notamment d’une tour octogonale crénelée qui jure avec ses petites tours rondes d’origine… La comtesse Adèle de Toulouse-Lautrec acheta ce domaine viticole en 1883 à Adelaïde de Forcade Laroquette, veuve d’Adolphe, parce qu’il était voisin du château de Respide (à Roaillan) où résidait sa cousine germaine et amie Cécile Bourlet de Saint-Aubin, épouse d’Ernest Pascal (préfet de Gironde). Elle fit replanter le vignoble en porte-greffes américains résistants au phylloxéra (déjà !) Henri s’y plaisait ; il y fit de nombreux séjours l’été, allant jouer au billard avec son cousin Louis Pascal à Respide (dont il adorait le vin blanc de Graves). Il y peignit sans relâche.
Une Renaissance
On doit le sauvetage récent de Malromé au francophile M. Huynh, créateur d’un groupe asiatique qui distribue en Asie-Pacifique des produits français : vins, spiritueux, parfums, cosmétiques. Il s’est porté acquéreur du domaine et l’a fait restaurer avec beaucoup de respect, de patience et de moyens (certaines parties n’avaient plus ni toits ni planchers ni murs), et avec l’appui et sous le contrôle des Monuments Historiques.
Ce sont ses deux filles, installées à Paris, qui dirigent aujourd’hui Malromé. En harmonie avec l’architecture d’origine, un choix de modernité sobre a été fait pour la cour intérieure, où se déroulent de nombreux concerts aux beaux jours, et pour le restaurant avec terrasse qui a été organisé au fond, avec vue sur les vignes, sous la houlette du chef Hélène Darroze. Il porte le joli nom de « La table d’Adèle ». On peut y déguster le miel et les vins de la propriété (vinifiés sous la direction d’un célèbre œnologue bordelais), accompagnant les créations de David Delieuvin (grand « saucier » formé chez Michel Troisgros). La boutique, consacrée à la mémoire de l’artiste, avec une abondante bibliothèque et une salle d’exposition d’art contemporain attirent les touristes.
Le château de Malromé
Peu à peu le château a été remeublé en style XIXe avec des achats aux enchères et on a même retrouvé au salon l’emplacement exact du fauteuil préféré d’Adèle (où l’a peinte son fils). Il ne restait sur un mur qu’un seul graffiti du peintre représentant un maître de chai du château.
Dessin de Toulouse-Lautrec sur un mur de Malromé.
Le propriétaire souhaitant remettre des œuvres de Lautrec en situation, il a acquis des copies d’époque des grands tableaux et engagé une guide-conférencière férue d’art, Mme Colette Paris (responsable de la demeure historique), qui commente avec passion et brio la vingtaine d’œuvres peintes présentées, leur histoire et leurs caractéristiques. Les tableaux de Toulouse-Lautrec ne sont plus accessibles… mais une collection d’affiches et de dessins originaux, déjà assez étoffée, est en cours de développement.
Trente-cinq hectares (sur quarante-deux) ont été remis en production et cette pépite historique de l’Entre-deux-Mers (il s’agit de la Dordogne et de la Garonne), qui nous émeut en nous rappelant l’artiste, son immense talent et ses souffrances, n’a pas fini de nous étonner.
Anick PUYÔOU
Notes
[1] La cité du Retiro, est un passage entre le 30 rue du faubourg Saint-Honoré et le 35 rue Boissy-d’Anglas. En 1872, Le comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa, désirant se rapprocher de l’Orléanais où il avait ses chasses, s’installa à Paris et mis son fils au lycée Fontanes (maintenant Condorcet). D’après Didier Chagnas, citant l’ouvrage de Theodore Duret sur HTL, la famille avait trouvé une maison avec atelier dans la cité du Retiro, où le comte faisait du modelage et élevait des animaux. Tous les matins il se promenait à cheval et buvait un verre de lait de sa jument, qu’il trayait au Bois de Boulogne.
[2] Amélie Sans, dite Lili, fût un des modèles les plus appréciés de l’atelier Cormon. Fille de riches commerçants montmartrois, elle était de bonne humeur et remplie d’esprit. Elle épousa le peintre Albert Grenier (1861-1917). Henri fit leurs portraits.
Cet article a été publié dans le Bulletin XVI - 2018 de l'Association 9ème Histoire. L'iconographie a ici été enrichie.
© Anick Puyôou 2019 © Bulletin XVI 9e Histoire - 2019
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