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Donation Hays - le 26/10/2016 • 18:38 par HTa

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UNE PASSION FRANÇAISE
 

Au moment où la Fondation Vuitton présente une collection autrefois particulière, peu connue de la plupart d’entre nous, la Collection Chtchoukine (ensemble d’œuvres de Monet, Gauguin, Cézanne, Matisse, Picasso…) qui a été nationalisée après la révolution russe de 1917 et qui est actuellement répartie sur deux sites : le Musée Pouchkine à Moscou et le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, on apprend que deux collectionneurs américains, Marlene et Spencer Hays dont la collection a partiellement été montrée à Orsay, en 2013, sous le titre de « Une Passion Française », ont décidé de léguer au Musée d’Orsay les extraordinaires œuvres d’art qu’ils possèdent et dont le montant est estimé à 350M €, tout en en conservant la jouissance par usufruit.

Spencer et Marlene Hays sont nés au Texas et se sont mariés très jeunes. Spencer est l’image type du « self-made man » américain ; il a commencé sa vie professionnelle en vendant des livres, de porte à porte, avant de créer sa propre entreprise puis de se lancer dans le textile et la confection de vêtements sur mesure.

Ni lui, ni son épouse n’ont reçu une formation artistique ou fréquenté les musées dans leur jeunesse tout simplement parce qu’il n’y en avait pas près de chez eux. C’est dans les années 70 qu’ils ont brusquement décidé d’acheter des œuvres d’art, en commençant par des artistes américains. 

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Jean Louis Forain "Aux Folies- Bergère (la loge)"  1886                                           Portrait de Chaïm Soutine par Modigliani - 1917

Au cours de leur premier voyage à Paris, en 1971, voyage suivi de beaucoup d’autres, ils se sont passionnés pour la peinture française  représentant la vie quotidienne à Paris, telle qu’ils l’avaient connue, avec ses rues animées, ses cafés, ses théâtres et ses jardins ; ils ont d’abord fait l’acquisition de tableaux de Forain, Béraud, Steinlen… avant de s’intéresser aux impressionnistes (qui étaient devenus très chers dans les années 70) et de se laisser séduire par les Fauves et les Nabis (beaucoup plus abordables). Ils ont ainsi réuni un grand nombre de tableaux de Bonnard, Vuillard, Denis et des sculptures de Rodin et de Maillol.


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"Le Goûter au Pouldu" Maurice Denis - 1900

Leur collection est actuellement répartie entre les deux lieux qu’ils habitent : un hôtel particulier à Nashville, Tennessee, qu’ils ont fait construire sur le modèle  de l’Hôtel de Noirmoutier, situé rue de Grenelle à Paris et qu’ils ont décoré d’œuvres du XVIIIe et leur appartement new-yorkais.

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Bonnard - Paravent "Canard, Héron, Faisan" 1889

Pourquoi avoir choisi le Musée d’Orsay pour leur donation, d’une part parce qu’ils sont tous deux amoureux de Paris et d’Orsay ; ils connaissent bien les collections du musée et savent que la leur viendra harmonieusement les compléter. Par ailleurs, ils craignent qu’en léguant leur collection à un musée américain, celui-ci la disperse un jour ou ne revende certains tableaux pour en acquérir d’autres. En faisant une donation de  leurs œuvres d’art à Orsay, ils sont certains que celles-ci bénéficieront de l’inaliénabilité des collections d’État et que ces tableaux qu’ils ont réunis pendant des années, resteront ensemble et ne seront jamais dispersés. Ils ont exigé que la totalité de leur legs soit exposé dans un même lieu, ce qui va obliger le Musée d’Orsay à pratiquer quelques modifications et notamment à déplacer leur bibliothèque.

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"Café dans le Bois" dit aussi "Jardin de Paris" - Bonnard 1896                  "Femme s'épongeant le Dos" Degas 1895


 

Le 22 octobre 2016, venus à Paris pour finaliser une première donation de 187 oeuvres, Marlene et Spencer Hays ont reçu du Président de la République les insignes de Commandeur de la Légion d’Honneur.
Un grand merci à ces généreux donateurs, amoureux de Paris et de l’art français ; nous serions ravis si, comme en 2013, ils nous permettaient d’avoir, prochainement, un aperçu de la seconde  partie de leur collection que nous ne connaissons pas encore. 

Hélène TANNENBAUM


Oscar Wilde - le 11/10/2016 • 14:12 par HTa

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J.R.S. Stanhope - Love & the Maiden - 1877



OSCAR WILDE
L’IMPERTINENT ABSOLU


 

« Oscar Wilde – L’Impertinent Absolu », est le titre de la nouvelle exposition présentée en cette rentrée, au Petit Palais ; c’est un hommage rendu au célèbre écrivain irlandais qui, après une vie consacrée à l’art, au beau et au superflu, finit ses jours, à l’aube du XXe siècle, dans la capitale française, dans le dénuement le plus complet et la solitude.

Oscar Wilde est né à Dublin en 1854 ; son père était un chirurgien réputé, spécialiste des yeux et des oreilles, sa mère une poétesse qui, sous le nom de Speranza, écrivait des articles en faveur de mouvement nationaliste irlandais.

Après de brillantes études classiques à Trinity College (Dublin), Wilde obtient une bourse de cinq ans pour poursuivre ses études à Magdelen College, Oxford. Là, il a pour professeurs deux spécialistes de l’histoire de l’art et eux-mêmes critiques, Walter Pater et John Ruskin.

Étant sans profession à l’issue de ses études, Oscar Wilde décide de devenir critique d’art, il commente essentiellement des tableaux représentant l’histoire ancienne et la mythologie. Il défend le mouvement pictural naissant l’« Aesthetic Movement » au moment où est inaugurée la première exposition de la Grosvenor Gallery dont les œuvres exposées s’opposent à celles très conservatrices de la Royal Academy. Il défend notamment les peintres préraphaélites : Millais, Burne-Jones, Stanhope…Il est également en rapport avec les artistes du mouvement « Arts and Crafts » et échange des lettres avec William Morris.

A l’époque, il est déjà réputé pour ses tenues excentriques, sa conversation brillante et ses mots d’esprit. Il vit dans une maison de Chelsea, entouré de fleurs de lys et de tournesols ainsi que de porcelaines asiatiques bleues et blanches, selon la mode de l’époque.

En 1882, en partie pour des raisons financières, il entreprend une tournée de conférences aux États-Unis et au Canada, exposant à des auditoires très variés (mormons, Indiens, mineurs…) ses théories sur l’Esthétisme et les arts décoratifs. Pendant ces conférences, il porte des tenues très élaborées (manteau de fourrure ou veste de velours, culottes courtes, bas de soie et escarpins à boucles) comme le montrent les photos « posées » prises par le photographe américain Napoleon Sarony.

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Portrait en pied par Napoleon Sarony 1882

A son arrivée à New York, sûr de lui, il dit au douanier qu’il n’a rien à déclarer si ce n’est son génie. Durant ce séjour,  il proclame  que les Anglais et les Américains ont tout en commun sauf, bien sûr, la langue.
Après un an de conférences, il a suffisamment d’argent pour rentrer en Europe. Il passe trois mois en France et fait la connaissance de Victor Hugo, Mallarmé et Verlaine.

Une fois rentré en Angleterre, il épouse Constance Lloyd dont il a deux fils : Cyril (1885) et Vyvyan (1886).

Pour entretenir le train de vie luxueux auquel il aspire, il reprend, en Angleterre, ses activités de conférencier et devient rédacteur en chef d’un magazine féminin,  le « Woman’s World ». Ses activités littéraires très diverses se multiplient ; il publie des contes (« Le Prince Heureux »), des essais (« Intentions »), des nouvelles, des pièces de théâtre, notamment des comédies de mœurs, pleines d’esprit et de bons mots, dans lesquelles il dénonce l’hypocrisie de la société victorienne.

Ses comédies les plus célèbres sont encore fréquemment jouées aujourd’hui : « L’Éventail de Lady Windermere » (1892), « Un Mari idéal » (1895) et « L’Importance d’être Constant » (1895).

Sa pièce « Salomé », écrite en français, en 1893, et qu’il espère voir interprétée par Sarah Bernhardt à Londres est censurée en Angleterre et ne sera jouée en France qu’en 1896. Elle est illustrée, en noir et blanc, par un jeune artiste, mort à l’âge de 25 ans, Aubrey Beardsley ; ses dessins montrent bien les influences Art Nouveau et japonisante de l’époque.

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Salomé "Apothéose",  Aubrey Beardsley, 1893

En 1891, il publie son unique roman « Le Portrait de Dorian Gray » qui est certainement l’œuvre dans laquelle il a mis le plus de lui-même. D’ailleurs en parlant des trois protagonistes du roman, l’écrivain dit : « Basil Hallward est tel qu’il (Oscar Wilde) croit être, un artiste sentimental qui souffre de vivre sa passion, ses attirances, ses désirs, dans le secret ; Lord Henry est tel que le monde le croit, dandy épicurien, hâbleur, cynique, corrupteur de jeunesse ; Dorian Gray est tel qu’il voudrait être, un idéal esthétique, un objet de désir – dans une autre vie peut-être ».

C’est en 1895, alors qu’Oscar est au sommet de sa gloire, écrivain comblé, réputé, riche, adulé par la haute société, que commence sa descente aux enfers.
Le marquis de Queensberry, père de Sir Alfred Douglas qu’Oscar Wilde avait rencontré en 1891 alors qu’il avait 21 ans et qui était devenu son amant, dépose, au club de Wilde, une carte de visite contenant des termes insultants; celui-ci aurait pu l’ignorer mais peut-être  par esprit de provocation ou sous la pression de Sir Alfred qui détestait son père, il attaque le marquis en diffamation. Il perd ses procès contre le marquis et contre la justice britannique qui l’accuse d’homosexualité et d’immoralité dans ses œuvres.
En mars 1895, il est condamné à deux ans de travaux forcés ; il effectue l’essentiel de sa peine à la prison de Reading, près de Londres. Lors de sa détention, il rédige une longue lettre destinée à son amant et qui sera publiée, après la mort de Wilde, sous le titre de « De Profundis ».

Dès l’annonce de sa condamnation, O. Wilde est proscrit par la société victorienne, ses pièces retirées de la scène et ses biens saisis; à sa libération il se retrouve, par conséquent, sans argent et rejeté de toutes parts, il doit s’exiler et choisit de s’installer en France, à Berneval puis à Paris.
Il prend alors le nom de Sébastien Melmoth (Melmoth étant le héros d’un roman gothique). Ruiné et marqué par deux années d’emprisonnement, il mène alors une vie difficile malgré l’amitié et l’aide apportée par quelques écrivains français. Il meurt dans un obscur hôtel de la rue des Beaux-Arts,
l’hôtel d’Alsace qui récemment est devenu un hôtel cinq étoiles et où des clients fortunés peuvent occuper une chambre dite chambre « Oscar Wilde ».

À sa mort, en 1900, il est enterré à Bagneux, puis, en 1909, ses restes sont transférés au cimetière du Père-Lachaise et placés dans un monument extravagant, représentant un ange-démon volant, œuvre de l’artiste américain Jacob Epstein. Comme le montre une immense photo à la fin de l’exposition, c’est l’un des monuments les plus visités du Père-Lachaise et il est recouvert de baisers au rouge à lèvres de « fans » de l’écrivain, si bien que récemment on a dû restaurer cette sculpture et l’entourer de plaques de verre pour la protéger.

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Monument funéraire d'Oscar Wilde - Sculpteur Jacob Epstein

Cet artiste dont ni le mode de vie ni l’œuvre ne convenaient à ses contemporains, a rédigé, durant son exil en France, un dernier ouvrage « La Ballade de la geôle de Reading », dans lequel il décrit ses conditions de détention et malgré ses difficultés financières personnelles, il s’efforce, à sa sortie de prison, de réunir de l’argent pour l’envoyer à ses  ex-codétenus et soulager leur misère.

Cette belle exposition réunit de nombreux tableaux peints par les contemporains d’Oscar Wilde ( Burne–Jones, Stanhope, Millais, Henner, Blanche…), des caricatures de Max Beerbohm, des encres d’Aubrey Beardsley, les photos de l’écrivain prises par Sarony, des éditions dédicacées, de nombreuses lettres qu’Oscar Wilde a adressées à sa famille ou à ses amis artistes, un audio-visuel de Badinter sur les procès de l’écrivain (en panne, le jour de ma visite) et deux lectures (des extraits du « Portrait de Dorian Gray » et du « De Profundis ») quasi inaudibles.

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Hérodiade de JJ. Henner                                                                   Portrait par Napoleon Sarony 1882

A la toute fin de l’exposition, une vidéo montre le petit-fils d’Oscar Wilde (Merlin Holland) parlant de la vie et des épreuves subies par ce grand-père qu’il n’a jamais connu.

C’est avec regret qu’on quitte cet artiste qui proclamait avoir mis son génie dans sa vie et n’avoir mis que son talent dans son œuvre, conscients que sa vie et son œuvre ont été écourtées par la société hypocrite et intolérante dans laquelle il vivait ; il faut rappeler, qu’en Grande-Bretagne, les dernières lois contre l’homosexualité ont été abrogées en 2000.

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Something to live up to par Thomas Nast, 1882                                 Osacr Wilde et Sir Alfred Douglas, 1893

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Petit Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Ouvert de 10 h à 18 h sauf lundi
jusqu’au 15 Janvier 2017


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Hélène TANNENBAUM


Zao Wou-Ki - le 22/09/2016 • 10:58 par HTa

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Zao Wou-Ki "En mémoire de May" 1972


DONATION ZAO WOU-KI

Deux lieux différents accueillent actuellement la Donation Zao Wou-ki (1920-2013), artiste d’origine chinoise, devenu français en 1964 : le musée Cernuschi à Paris et l’Hospice St Roch à Issoudun.

La donation au musée Cernuschi comporte d’une part, des œuvres réalisées par l’artiste lui-même (peinture, dessins, encres, céramiques…), d’autre part, des œuvres issues de la collection personnelle de l’artiste, résultants d’échanges avec des amis artistes ou d’acquisitions au cours des années (bronzes, céladons).

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Issu d’un milieu intellectuel aisé, Zao Wou-ki est né à Pékin, en 1920. Sa famille s’installe à Shanghai où l’artiste passe son enfance. À 15 ans, il entre à l’École des Beaux-Arts de Hangzhou où il étudie les techniques occidentales (dessin, peinture à l’huile) et chinoises (peinture traditionnelle et calligraphie). À sa sortie de l’école, il devient professeur.

Dès 1946, repéré par le conservateur d’alors de Cernuschi, Vadime Elisseeff, il fait son entrée au musée. En 1948, il décide de s’installer en France où il fréquente certains artistes de l’époque, Giacometti, Maria Helena Vieira da Silva, Hartung , Soulages...

Parmi les œuvres de jeunesse de la donation, encore figuratives et exposées ici, se trouvent  des dessins de nus et  de femmes assises dont le style rappellent celui de Matisse.

Peu à peu, Zao Wou-ki s’essaie à d’autres techniques (fusain, aquarelle, gouache, huile) et évolue progressivement vers l’abstraction, privilégiant alors les tableaux à l’huile. À partir des années 70, il revient régulièrement à l’encre et au papier, outils traditionnels des artistes chinois.

Les œuvres exposées à Cernuschi sont essentiellement des dessins à l’encre, figuratifs (nus, paysages, animaux) puis ensuite abstraits.

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Zao Wou-Ki (sans titre) 1948 & 1949

Au rez-de–chaussée du musée puis dans la mezzanine sont présentées  des porcelaines peintes en 2005-2006, sur des formes de la manufacture Bernardaud et réalisées dans les ateliers de la manufacture de Limoges. Les décors de ces porcelaines reproduisent des signes dérivant des caractères chinois anciens. Trois autres céramiques, plus anciennes (années 50), émanant de dons anonymes, sont exposées à côté de celles données par la veuve de l’artiste.

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Porcelaine pour Bernardaud 2006

Les merveilleux tableaux aux rouges, jaunes et bleus éclatants qui ont fait la célébrité de Zao Wou-ki manquent cruellement dans cette exposition (il y en a quelques-uns  à Issoudun).

Peut-être feront-ils, un jour prochain, partie d’une rétrospective à Paris, un peu semblable à celle que nous avons eu au musée du Jeu de Paume, en 2003.

Un film de Jean-François Cuisine, datant de 2001 et intitulé « Lumières et Couleurs sans limites » (suivre ce lien) est projeté dans l’auditorium du musée et permet de revoir certains de ces tableaux aux couleurs vives et de mieux connaître l’artiste et son parcours.

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Musée Cernuschi
7, avenue Vélasquez
75008 Paris
Ouvert de 10 h à 18 h sauf lundi
jusqu’au 23 octobre 2016

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Hélène TANNENBAUM


Ici Ailleurs - le 29/08/2016 • 10:28 par HTa

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       Brooklyn Promenade 1954                                                                   Bouche d'égout Times Square 1954


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Le roi et la reine de Coney Island série "Subway" 1946


 

ICI AILLEURS

LOUIS STETTNER



 

Si vous passez près du Centre Pompidou, empressez-vous d’y entrer pour ne pas rater la courte exposition des photos de Louis Stettner, présentée jusqu’au 12 septembre seulement, dans la Galerie des Photographies, au niveau -1 du musée.

Louis Stettner , né à Brooklyn en 1922 et qui , au printemps dernier, prenait encore des photos dans les Alpilles françaises, passe pour le dernier des photographes humanistes vivants ( après la disparition de Izis, Doisneau, Ronis…). Il a aussi été qualifié de « street photographer » pour ses images urbaines.

Après avoir servi dans le Pacifique, comme photographe, durant la seconde guerre mondiale, il arrive à Paris en 1946 ; la capitale deviendra alors sont deuxième port d’attache : il partagera désormais sa vie entre la côte Est des États-Unis et Paris.

C’est d’abord au métier de sculpteur qu’il se destine (d’où, sans doute, l’importance des gestes et des corps dans sa photographie) et c’est auprès de Ossip Zadkine qu’il vient faire son apprentissage avant de renoncer à la sculpture et d’entreprendre des études à l’IDHEC.

Après l’acquisition par le Centre Pompidou de trente épreuves de ce photographe, celui-ci décide de faire don au musée d’une centaine de tirages d’époque dont certains sont aujourd’hui exposés à Beaubourg.

Tout comme les impressionnistes, Louis Stettner a procédé par série mais chez lui il ne s’agit pas de répéter le même motif, à différents moments de la journée ou sous différentes lumières ; pour lui, une série regroupe des photos illustrant un même thème : celui des travailleurs (« Workers »), du métro (« Subway »), de la gare (« Penn Station »).

L’exposition commence par des photos prises à Paris dans l’immédiat après-guerre et révèle, à la façon d’un Doisneau, un Paris suranné et pittoresque qui se relève lentement de cette période sombre que la capitale vient de traverser mais qui reprend plus vite goût à la vie et à la joie que New York qui n’a pas été pareillement touché par la guerre.

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Rue Bezout et Avenue du Général Leclerc - 1947

Tout comme les peintres impressionnistes, Stettner se dit sensible aux changements atmosphériques. Il dit : « Je m’intéresse à la qualité de l’air, de la neige, de la pluie… La photographie, c’est ce qui se trouve devant moi. Tout est vivant : le temps qu’il fait, la pluie, tout, et on ne le maîtrise pas. »

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Île St Louis 1951

Toutes les photos présentées ici sont en noir et blanc et chaque série est accompagnée d’explications rédigées par le photographe pour justifier et éclairer ses choix.

Stettner, qui reconnaît avoir été influencé par Atget, sait capter l’atmosphère d’un lieu, d’une scène et transmettre une ambiance.

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Aubervilliers 1947

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CENTRE POMPIDOU
Galerie des Photographies
- niveau -1
Ouvert tous les jours (sauf mardi) de 11 h à 21 h;

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Louis Stettner
 

Hélène TANNENBAUM


L'intensité d'un regard - le 27/07/2016 • 09:00 par cro

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Paula MODERSOHN-BECKER

L'INTENSITÉ D'UN REGARD

Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris présente la première monographie de Paula Modersohn-Becker (1876-1907) en France. Bien que méconnue du public français, elle est aujourd’hui une figure majeure de l’art moderne.
Malgré sa courte carrière artistique réduite à seulement une dizaine d’années, l’artiste nous transmet une œuvre extrêmement riche que l’exposition retrace à travers une
centaine de peintures et dessins. Des extraits de lettres et de journaux intimes viennent enrichir le parcours et permettent ainsi de comprendre combien son art et sa vie personnelle furent intimement liés.

Après une formation à Berlin, Paula Modersohn-Becker rejoint la communauté artistique de Worpswede, dans le nord de l’Allemagne. Très rapidement, elle s’en détache pour trouver d’autres sources d’inspiration. Fascinée par Paris et les avant-gardes du début du XXe siècle, elle y fait de nombreux séjours et découvre les artistes qu’elle admire (Rodin, Cézanne, Gauguin, Le Douanier Rousseau, Picasso, Matisse).

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                             Petite fille au chapeau                                                           Tête d'une petite fille assise sur une chaise
 

Résolument moderne et en avance sur son temps, Paula Modersohn-Becker offre une esthétique personnelle audacieuse. Si les thèmes sont caractéristiques de son époque (autoportraits, mère et enfant, paysages, natures mortes,…), sa manière de les traiter est éminemment novatrice. Ses œuvres se démarquent par une force d’expression dans la couleur, une extrême sensibilité et une étonnante capacité à saisir l’essence même de ses modèles. Plusieurs peintures jugées trop avant-gardistes furent d’ailleurs présentées dans l’exposition Art dégénéré à Munich organisée par les nazis en 1937.

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Portrait de Clara Westhoff                                                            Nature morte au bocal de poissons rouges 1906

Paula Modersohn-Becker s’affirme en tant que femme dans de nombreux autoportraits en se peignant dans l’intimité, sans aucune complaisance, toujours à la recherche de son for intérieur.

Elle entretient, tout au long de sa vie, une forte amitié avec le poète Rainer Maria Rilke. Leur correspondance et plusieurs œuvres en constituent de fascinants témoignages. Rilke rend hommage à l’artiste dans un poème, « Requiem pour une amie », composé après sa mort à l’âge de 31 ans.

L’écrivaine Marie Darrieussecq porte un regard littéraire sur le travail de l’artiste en collaborant à l’exposition et au catalogue. Elle publie également sa première biographie en langue française, « Être ici est une splendeur, Vie de Paula M. Becker » (Éditions P.O.L, 2016).


Julia GARIMOTH
Commissaire de l’exposition

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Musée d'Art Moderne
11, avenue du Président Wilson
75116 Paris

Exposition jusqu’au 21 août 2016
Tous les jours de 10 h à 18 h

SAUF le lundi

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