Eclairage au Gaz
© Y. Rossigneux 2009 - © 9e Histoire 2009-2014
L’Éclairage au Gaz : Souvenirs de mon Enfance
J'évoque avec une certaine nostalgie les années 1920-1925. Paris était alors éclairé au gaz. D’énormes gazomètres faisaient partie du paysage nord de l’arrondissement. Les réverbères répandaient une belle lumière blanche sécurisante. Je contemplais les allumeurs vêtus d’une ample blouse, munis d’une longue perche, qui ranimaient la flamme chaque soir solennellement. Leur fonction me semblait magique. Elève de l’école primaire de filles rue Buffault, j’admirais aussi le geste auguste de la concierge qui, les soirs d’hiver, faisait jaillir la lumière des manchons dans les classes et les escaliers. Ces manchons étaient fragiles : il fallait souvent les remplacer.
Dans notre appartement, un bec éclairait chaque pièces. Le premier travail, en rentrant de promenade, était leur allumage, tâche réservée aux parents. Le réchaud de cuisson, en fonte noire, était loué par la Compagnie du Gaz. J’étais fascinée aussi par le releveur de compteurs, important personnage qui, à chaque intervention, ajoutait de l’eau dans ce compteur ventru et débonnaire.
A cette époque, peu d’appareils ménagers, donc peu d’encombrement. Il n’était pas rare de vivre à trois ou quatre dans un logement de quarante mètres carrés. De ce fait, le nombre d’habitants du 9e avoisinait 120.000 vers 1930.
Le miracle de l’éclairage électrique allait bouleverser notre existence. En 1925, l’exposition « Arts Décoratifs » fut une féerie inoubliable. Puis la Tour Eiffel, illuminée par Citroën, répandit ses faisceaux mobiles. Les vitrines des Grands Magasins ruisselèrent de lumières multicolores, surtout en décembre. Ce n’est qu’en 1928 que l’éclairage électrique remplaça le gaz dans notre appartement. A l’époque, on attendait d’avoir économisé suffisamment pour entreprendre de grosses dépenses. Les particuliers, comme les Etats, ne connaissaient pas encore le surendettement fréquent au 21e siècle. Le bonheur émane-t-il de la solution : Tout, tout de suite ? Le désir ne relèverait-il pas d’une plus intense sagesse ? A présent, face à l’avenir, Evoluons.
Yvette ROSSIGNEUX
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Dernière modification : 25/02/2014 • 16:36
Catégorie : - Arts & Métiers
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