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La Nouvelle Athènes

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Talma                                                            Horace Vernet                                                     Eugène Delacroix

LA NOUVELLE ATHÈNES, UN FOYER ARTISTIQUE
ET LITTÉRAIRE AU XIX
e SIÈCLE

Le jeudi 7 avril, à la Mairie, un peu plus de soixante personnes étaient venues écouter Aline Boutillon nous parler de la « Nouvelle Athènes, foyer artistique et littéraire au XIXe siècle ». A l’aide d’un diaporama aux multiples animations, notre conférencière a évoqué pour nous une trentaine d’artistes en tout genre et d’écrivains qui, tous, à un moment ou à un autre, ont habité dans le quartier.

A l’origine, la Nouvelle Athènes était un lotissement créé dans les années 1820 entre les rues Blanche, Saint-Lazare, La Rochefoucauld et de la Tour des Dames à l’emplacement du domaine du duc de Valentinois, Honoré Grimaldi. Le premier à s’y installer sera le grand acteur Talma, dont la première épouse, Julie Carreau, a été vaguement danseuse, tandis que la seconde, Caroline Vanhove a été une des étoiles de la Comédie Française. Viendront ensuite le peintre Horace Vernet, ainsi que les actrices Mademoiselle Duchesnois, dont Alexandre Dumas disait qu’ « elle ressemblait à ces lions de faïence qu’on met sur les balustrades », mais qu’« elle avait un corps superbe […] et une voix mélodieuse, qui vibrait de tendresse »,  et Mademoiselle Mars, « l’éternel printemps » ; le gendre de Vernet, le peintre Paul Delaroche, les y rejoindra un peu plus tard.

Ce nom de Nouvelle Athènes sera progressivement appliqué à une zone beaucoup plus vaste, dont le cœur sera le square d’Orléans ; c’est dans ce havre de paix et ses alentours que viendront résider George Sand et Chopin, mais aussi Alexandre Dumas, qui y donnera un bal costumé resté célèbre, la cantatrice Pauline Garcìa et son époux, l’homme de lettres Louis Viardot, la ballerine Marie Taglioni, le sculpteur Jean-Pierre Dantan, le compositeur Pierre-Joseph Zimmermann et le peintre Claude-Marie Dubufe, qui partagera ici son atelier avec son fils Edouard.

Edouard Dubufe, l’un des portraitistes les plus célèbres du second Empire, habitait la voisine rue d’Aumale ; il avait épousé l’aînée des filles de Zimmermann, Juliette, elle-même sculptrice. Le compositeur Charles Gounod, marié à la plus jeune des filles de Zimmermann, Anna, a longtemps vécu à la Nouvelle Athènes, notamment rue Pigalle et rue La Rochefoucauld.

Rue Chaptal, Ary Scheffer a vécu près de trente ans dans la maison qui deviendra le Musée de la Vie romantique. Il y avait fait construire deux ateliers ; il partageait le plus grand des deux avec son frère Henry, tandis que le plus petit lui servait de salon, où il recevait ses amis, venus souvent en voisins du square d’Orléans ou des rues alentour.

C’est rue Saint-Lazare que résideront Gavarni, l’illustrateur des lorettes et du carnaval, le compositeur Daniel-Esprit Auber  et l’actrice Marie Dorval, jugée « sublime » dans le rôle principal de Béatrice Cenci, l’unique pièce de théâtre du marquis Astolphe de Custine, autre néo-athénien, puisque son domicile était rue La Rochefoucauld, presque en face de chez Mademoiselle Mars, et dont l’ouvrage le plus connu est ses « Lettres de Russie ». L’écrivain et librettiste Eugène Scribe, dont la collaboration avec Auber sera extrêmement prolifique, ne viendra que tardivement s’installer dans le quartier, dans un hôtel particulier qu’il s’est fait construire rue Pigalle.

Eugène Delacroix emménagera en 1844 rue Notre-Dame-de-Lorette, dans un atelier qui lui servait également de domicile. Il sera très frappé par sa rencontre, dès son arrivée dans le quartier, avec une « magnifique lorette de la grande espèce, toute vêtue de satin et de velours noir », qui lui laissera « voir sa jambe jusqu’au nombril ».

Thierry Mürger, l’auteur des Scènes de la Vie de Bohème, est né rue Taitbout, mais c’est rue des Martyrs qu’il s’installera, douze jours seulement avant de mourir à l’hôpital d’une gangrène gazeuse. C’est aussi rue des Martyrs que Théodore Géricault, dont le célèbre tableau Le Radeau de la Méduse raconte en peinture un terrible fait divers de l’époque,  aura son dernier domicile, où il mourra à trente-trois ans des suites d’une chute à cheval.

Les écrivains Edmond et Jules de Goncourt viendront habiter la rue Saint-Georges en 1849. C’est deux ans plus tard que les boulevardiers impénitents que furent ces deux frères commencent à rédiger leur célèbre Journal, où ils décriront, souvent de façon assez mordante, la société de leur temps. En 1868, néanmoins, ils seront contraints de déménager, car le Belge Adolphe Sax a installé ses ateliers juste en face de chez eux et ils ne supportent plus le tintamarre que produisent les essais de saxophones et autres instruments en sax.

Deux peintres dont on parle moins souvent, Jean-Jacques Henner et Gustave Moreau, ont clos cette conférence, au cours de laquelle, grâce aux nombreuses diapositives projetées, nous avons pu revoir, et parfois découvrir, les œuvres, autant picturales que littéraires, de toutes ces célébrités, dont beaucoup sont aujourd’hui oubliées.

La soirée s’est terminée, selon la tradition bien établie de 9ème Histoire, par un pot de l’amitié, autour de quelques gourmandises apportées par les dames de notre CA, ainsi que par des adhérentes, que nous remercions chaleureusement pour leur contribution.

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 Adolphe Sax                                                           Jean-Jacques Henner                                                     Gustave Moreau

Aline BOUTILLON


Date de création : 17/04/2016 • 17:34
Catégorie : - Echos du Terrain
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