Pauline de Metternich
Pauline de Metternich par F. Winterhalter
PAULINE DE METTERNICH (1836 – 1921)
Au moment où, au musée d’Orsay, une superbe exposition évoque « Le Spectaculaire Second Empire », il est intéressant d’évoquer le souvenir de Pauline de Metternich, l’une des femmes les plus emblématiques de cette époque.
Elle est connue pour avoir, avec d’autres jeunes femmes, entouré l’Impératrice Eugénie dans le tableau de Winterhalter « Une couronne de beautés » et avoir été celle qui, à l’Opéra Le Peletier, le 13 mars 1881, au cours de la houleuse Première de « Tannhaüser », a brisé de désespoir son éventail, elle qui avait personnellement recommandé Wagner à l’Empereur !
C’est l’épouse de Richard de Metternich, ambassadeur d’Autriche à Paris, de 1859 à la chute du Second Empire.
Stéphanie Tascher de la Pagerie en fait le portrait suivant : « … elle me plaît de plus en plus. J’aime à la suivre des yeux avec son originalité, sa vivacité, son intelligence et sa joie de vivre qu’elle manifeste si franchement. Sans doute elle a un physique un peu excentrique, qu’elle-même qualifie de simiesque, mais malgré cela ou peut-être à cause de cela elle me plaît et sort de la banalité courante… » Les photos de Disdéri, photographe de renom qui a son atelier Boulevard des Italiens, confirment cette opinion.
Pauline Metternich photographiée par Disdéri
L’Ambassade d’Autriche, 101, rue de Grenelle, devient grâce à elle un lieu d’exception, ce qui n'est pas évident en raison des tensions provoquées par la constitution de l'unité italienne. Toujours méchants, les Goncourt qui la croisent à Trouville en 1864, disent : « Elle, toujours elle ! Dans la rue, au Casino, à Trouville, à Deauville, à pied, à cheval, en voiture, sur la plage, au bal des enfants, au bal des grandes personnes, toujours et partout… »
Elle fait travailler le couturier Worth (d’origine anglaise et établi depuis 1858 au 7, rue de la Paix). Ses soirées sont réputées : bals (masqués à la mi-Carême), concerts et sorties à l’Opéra se succèdent. En 1863, l’Empereur et Eugénie apparaissent même à l’Ambassade.
Pauline et Richard de Metternich
De grands musiciens, St Saëns, Rossini, Liszt par exemple, sont ses amis et Richard, son mari est bon pianiste. Par ses mémoires écrites en 1895 après la mort de celui-ci, nous savons tout de la vie mondaine de la Cour : à Biarritz, à Fontainebleau (de mi-juin à mi-juillet) où l’étiquette est plus souple, aux Tuileries bien sûr, à Compiègne enfin à l’automne pendant « les fameuses séries » où le couple est toujours invité. « Entre les repas, on danse, on se déguise, on joue du piano, on chante. Gounod lui-même chante avec un filet de voix "Assez dormir ma belle " et " Mon vieil habit "… ».
L’Empereur aime les charades, les divertissements comme la participation à la fameuse dictée dite de Mérimée (qui n’a probablement jamais été de lui), les visites sur le chantier de Pierrefonds, la chasse… Il y a des soirées théâtrales, des représentations de pièces de Labiche, Meilhac ou Scribe.
Pauline de Metternich par Edgar Degas
Pauline de Metternich y tient parfois un rôle et Ludovic Halévy dira même « …les autres c’est des amateurs, mais Madame de Metternich c’est une vraie cabotine ! »
Elle passe souvent pour une excentrique et incarne le nouveau type de la « Cocodette ». Certains journalistes, sévères, parlent de « dévergondées » qui sont: « … admirées à cause de leur beauté, du luxe de leurs toilettes et de leurs manifestations un peu tapageuses ». Pauline par exemple aime Offenbach et chante ses airs les plus célèbres.
La fin de l’ambassade de son mari est un peu ternie par ces jugements rudes, mais Pauline de Metternich reste jusqu’en 1870 auprès de l’Impératrice et demeure pour l’histoire une personnalité hors du commun qui disparaîtra à Vienne en 1921.
Manet - Bal masqué à l'Opéra Le Peletier
Françoise ROBERT
Sources :
Ph. Luez « Pauline de Metternich – l’éventail brisé » - Payot éditeur
Exposition « Le Spectaculaire Second Empire » au Musée d’Orsay
Catégorie : - Fiches Express-Figures du 9e
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