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Pauline Viardot - mars 2017

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Portrait de Pauline Viardot par Ary Scheffer


SUR LES PAS DE PAULINE VIARDOT
 

Par une belle soirée d’un printemps un peu en avance ce jeudi 16 mars, la salle du Conseil s’est remplie d’une assistance curieuse d’écouter Elizabeth Giuliani, ancienne directrice du département musique à la BNF, venue évoquer pour nous Pauline Viardot (1821-1910), éminente personnalité musicale qui a résidé plus de trente ans, 50 bis, rue de Douai entre 1850 et 1884, avant de terminer sa vie au 243, Boulevard Saint-Germain.

Notre conférencière commence par un aperçu généalogique en évoquant l’environnement familial de la cantatrice. Fille du ténor espagnol Manuel Garcia, chanteur du Barbier de Séville, également compositeur et chef d’orchestre, Pauline Viardot est baignée dès son plus jeune âge dans une ambiance musicale, avec un frère qui deviendra professeur de chant, étant surtout sœur benjamine de Maria, La Malibran, célèbre cantatrice dont la mort précoce à 28 ans en fera une icône.

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La Malibran

Son éducation, non pas maltraitée comme l’a dit faussement une légende, lui fait bénéficier d’un professeur de piano de choix en la personne de Franz Lizst ! Elle débute sa carrière à 16 ans et chante le rôle de Desdémone d’Otello

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C’est en 1840 qu’Ary Scheffer fait son portrait dans son atelier de la rue Chaptal, date de son mariage avec Louis Viardot, directeur du Théâtre des Italiens, un républicain âgé de 20 ans de plus qu’elle, rencontré grâce à George Sand, et qui obligera la famille à s’exiler sous Napoléon III et de ce fait, la fera se produire beaucoup à l’étranger pendant cette période. Elle aura quatre enfants, connaissant tous une carrière artistique, dont un fils professeur de violon et deux filles cantatrices !

Il est temps alors pour Elizabeth Giuliani d’évoquer l’environnement amical, voire amoureux, de Pauline Viardot.

Au premier rang desquels Liszt, qui déplorera que Pauline abandonne le piano pour lequel elle était douée au profit du chant. Delacroix fait partie de ce cercle proche mais aussi Chopin qu’elle admire sans pourtant avoir eu le temps de beaucoup le connaitre et pour lequel elle chantera le Requiem de Mozart lors de ses obsèques en 1849. Elle rencontre Clara Schumann au cours de voyages en Allemagne et est séduite par ses talents de pianiste en jouant avec elle des partitions à quatre mains.

Pauline Viardot a une relation quasi amoureuse avec George Sand qui en fera l’héroïne de Consuelo. Musset composera à ce moment là pour elle son poème Adieu.

Gounod devient un admirateur supplémentaire séduit par la cantatrice (qu’il a rencontré également chez George Sand) et compose pour elle Sapho ! Hector Berlioz, plutôt réservé d’abord, s’enthousiasme également pour Pauline Viardot en composant pour elle, en 1859, la version mezzo soprano d’Orphée de Glück.

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Charles Gounod                                                                                            Ivan Tourgeniev

Et puis il y a bien sûr Ivan Tourgueniev - avec qui elle entretint pendant de longues années une vraie relation... amoureuse ? - notamment à Bougival où l’écrivain russe avait construit une sorte de datcha, résidence très proche de celle des Viardot, propriétaires du terrain.

Elizabeth Giuliani évoque alors quelques uns de ses « protégés » musiciens, Camille Saint-Saens d’abord, rencontré par l’entremise de Berlioz et qui lui dédiera son Samson et Dalila, mais aussi Gabriel Fauré dont elle aurait voulu qu’il épouse une de ses filles ou bien encore Massenet … Elle reçoit régulièrement tout ce beau monde dans son hôtel particulier de la rue de Douai (aujourd’hui disparu) ainsi que dans sa résidence de Courtavenel en Seine et Marne et montre qu’elle est dotée d’une grande culture, « encyclopédie vivante » selon Saint-Saens. Elle côtoie ainsi Zola, Flaubert, Dickens, Heine

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Camille Saint-Saens                                     Gabriel Fauré                                                      Jules Massenet
 

Notre conférencière s’attarde évidemment sur son grand talent de musicienne. Non seulement pianiste talentueuse comme on l’a vu, Pauline Viardot est dotée d’une voix puissante avec une tessiture très longue et d’une grande intensité dramatique.

Elizabeth Giuiliani énumère alors les nombreux rôles tenus sur scène dans Le Prophète de Meyerbeer, Sapho de Gounod, Les Troyens de Berlioz, etc. Elle est également compositrice, certes d’œuvres mineures, des « opéras de salons » ou opérettes, comme dans l’extrait chanté par Cécilia Bartoli mais que la mauvaise sonorisation de la salle du Conseil pousse à abréger…

Elle devient aussi professeur de chant à la fin de sa carrière de cantatrice en 1863 en écrivant une méthode et en ayant pour élève, par exemple, Felia Litvinne, au Conservatoire National de Musique, toujours présent dans le 9e arrondissement à cette époque.

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Felia Litvinne

Elizabeth Giuliani nous confie enfin que Pauline Viardot a acheté à grands frais à Londres, en 1855, la partition autographe du Don Giovanni de Mozart, musicien qu’elle vénérait et qu’elle conserve dans une sorte de reliquaire fabriqué en 1892, que les admirateurs venaient contempler chez elle avec émotion, 243, boulevard Saint-Germain...

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Partition autographe du Don Giovanni de Mozart et son coffre de protection.


 

Et puis nous apprenons également qu’au cours d’une soirée privée chez Pauline Viardot en mai 1860 rue de Douai, et en présence d’Hector Berlioz, Richard Wagner fait entendre des extraits du deuxième acte de son Tristan et IsoldePauline chante Isolde, et Richard la partition de Tristan !

Une conférence vraiment passionnante par la richesse de la documentation d’Elizabeth Giuliani qui a enchanté la nombreuse assistance !



Emmanuel FOUQUET
 


Date de création : 20/03/2017 • 16:00
Catégorie : - Echos du Terrain
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