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Fortunée Hamelin

© Françoise Robert- 2017 © 9e Histoire - 2017

 


FORTUNÉE HAMELIN (1776 – 1851)

 

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Fragment du portrait de Madame Hamelin par Andrea Appiani – 1798 – Musée Carnavalet

C'est une bien jolie créole qui a été abritée dans le 9e de 1790 à sa mort en 1851 : Fortunée Hamelin. Originaire d’une riche famille de planteurs de St Domingue, les Lormier-Lagrave, elle a vécu d’abord rue d’Hauteville avec sa mère (au 581, le Petit Hôtel de Bourrienne) dans le Xe, 32, rue Taitbout, au 3, rue Chauchat, puis au 20 et au 37, rue Blanche et, enfin, 41, rue de la Tour d’Auvergne.

Elle reçoit beaucoup, c’est l’une des plus célèbres « merveilleuses » ; amie de Joséphine, elle fait scandale par ses tenues très « osées » (Bonaparte avait même interdit à son épouse de continuer à la fréquenter). Elle leur restera malgré tout fidèle toute sa vie.
Au 3, rue Chauchat, jusqu’en 1804, c’était « la cour au petit pied » dira la comtesse de Bassanville. Après son divorce de Romain Hamelin, dont elle a eu deux enfants (Édouard et Léontine), elle garde son nom. Hamelin était un « agent militaire », fonction floue qui va de la fourniture d’équipements aux Armées, jusqu’à la perception des impôts dans les territoires occupés, avec tout ce que cela sous-entend en affaires qui successivement enrichissent et ruinent.

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Incroyable et Merveilleuses au Palais Royal

Les liaisons de Fortunée sont célèbres et nombreuses : Marmont, Ney, Savary... Elle organise même en 1811 au 20, rue Blanche (loué au couple Boursault 2      ) une entrevue entre Chateaubriand et Savary qui doit aplanir l’hostilité que Napoléon porte à l’écrivain.

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Chateaubriand - Fragment du « Portrait d’homme méditant sur les ruines de Rome » A.L. Girodet – 1809 – Musée d’Histoire de St Malo

Au moment des « Cent jours », en exil à Bruxelles, elle joue les bons offices en approchant Wellington et a une correspondance suivie avec Decazes dès la Restauration.

Au numéro 37, rue Blanche, grâce à des rémunérations occultes, elle acquiert en 1821 une grande propriété (le Pavillon Richelieu). Cette vaste demeure, maison au cœur d’un parc, garde le souvenir sulfureux du Maréchal de Richelieu3. Elle est comprise entre la rue de Clichy à l’ouest, l’ancien parc d’attractions de Tivoli au nord et les abords de la rue Saint-Lazare au sud. Le bâtiment d’habitation est ancien mais a été restauré et décoré selon la mode de l’époque en style «troubadour». Fortunée se réserve le rez-de-chaussée ouvert sur le parc et loue le premier étage.

Au long des années elle revend ou achète diverses parcelles de terrain, jusqu’à accepter pour 30.000 francs l’ouverture d’une rue, l’actuelle rue Moncey. À l’époque elle aurait été une des « madames » de Chateaubriand et elle reçoit beaucoup de célébrités, dont Honoré de Balzac.

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Le duc de Richelieu par Th. Lawrence

À la cinquantaine, elle se lance dans l’immobilier ! Elle finance l’urbanisation des quartiers Beaujon et Chaillot entre autres.
Elle abrite les amours de
Victor Hugo et de Madame Biard, femme d’un peintre connu à l’époque, que son inconduite mènera quelque temps en prison pour adultère!

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41, rue de la Tour d'Auvergne

En 1846, elle vend le 37, rue Blanche et s’installe en location à l’actuel 41, rue de la Tour d’Auvergne en se réjouissant « ...de l’horizon immense » et, malgré l’opposition féroce de Hugo à Louis-Napoléon Bonaparte, elle abrite le poète trois ans à cette adresse (c’est d’ailleurs d’ici qu’il se sauvera à Bruxelles se sachant menacé par les services du Prince-Président).

Elle meurt le 29 avril 1851. Après une messe à Notre-Dame-de-Lorette, elle est inhumée au Père Lachaise.
Une vie bien remplie pour cette Merveilleuse et turbulente Madame Hamelin4 « ...qui, selon Maurice Lescure, n’aura cependant pas pu arbitrer entre le neveu du grand empereur – qu’elle n’appréciait que modérément – et le grand poète devenu chantre de la démocratie ».
 

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L’un des salons du Petit Hôtel Bourienne 58, rue d’Hauteville l’une des résidences de Madame Hamelin



1 Cette numérotation étant celle de l’époque
2 Monsieur Boursault, important homme d’affaires, avait de magnifiques serres qu’il faisait « engraisser ». Naturellement, les beaux esprits du temps l’avaient surnommé « Merdiflor » !
3 Arrière-petit-neveu du Cardinal et grand-père du premier ministre de Louis XVIII
4 « Madame Hamelin, Merveilleuse et turbulente Fortunée (1776-1851) » par Maurice Lescure – Editions l’Harmattan 1995

Françoise ROBERT



© Françoise Robert- 2017 © 9e Histoire-2017


 


Date de création : 26/05/2017 • 07:00
Catégorie : - Articles des Bulletins-Personnages
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