La "Fontaine Trévise"
La jolie fontaine de la Cité de Trévise
Peu connue du grand public, mais fréquentée par les habitants du quartier, se cache la charmante Cité de Trévise (ou Cité Trévise, comme les anciennes plaques de rue toujours en place côté rue Bleue et rue Richer semblaient l’indiquer auparavant !). Cette appellation évoque en fait le titre du maréchal d’empire, Edouard Mortier (1768-1835), duc de Trévise, tué en 1835 lors de l’attentat de Fieschi contre le roi Louis-Philippe et qui demeurait non loin.
Percée en 1840, cette voie est très représentative des constructions de la Monarchie de Juillet, avec ses immeubles conçus par Moll dont l’architecture montre de fortes réminiscences empruntées à la Renaissance, notamment avec ses nombreux portails aux décors floraux.
Une reproduction de L’Illustration en septembre 1844, montre d’ailleurs la petite place de la Cité de Trévise peu après son ouverture. On remarque que la fontaine qui y figure n'était pas encore celle que nous voyons aujourd'hui .
La Cité de Trévise en 1844
La Cité est aujourd’hui un rare havre de fraîcheur dans le quartier, qualité qui avait très vite été mise en avant par ses promoteurs de l’époque : « La Cité Trévise offre, au milieu du bruit des affaires et des plaisirs, une retraite agréable aux personnes amies du calme et de la tranquillité ».
Au centre de la place, le petit square fermé, planté de quatre grands érables sycomores, y contribue en effet fortement avec en particulier la présence d’une jolie fontaine en fonte, à deux vasques, d’inspiration là aussi Renaissance, qui ajoute un charme indéniable à ce lieu, il est vrai préservé, des bruits de la ville.
La fontaine de la Cité de Trévise
Il convient de rappeler que ce modèle particulier de fontaine, sculpté par Francisque-Joseph Duret (1804-1865), et dont le fondeur s’appelait Ducel, maître de forge installé au 26, rue du Faubourg Poissonnière, a été reproduit sous le Second Empire un certain nombre de fois en France comme à Caen, Revel et autres communes en province (y compris en Corse et à Saint-Denis de la Réunion) et même à Barcelone ! Les modèles de la fonderie Ducel seront d'ailleurs achetés en 1878 par la célèbre fonderie du Val d'Osne qui produira notamment les fontaines Wallace parisiennes.
Le groupe féminin sculpté, reposant sur un piédestal triangulaire, est très fortement inspiré des Trois Grâces de Germain Pilon, monument funéraire abritant le cœur du roi de France Henri II, décédé lors d’un tournoi en 1559. Ce monument avait été commandé en 1561 au sculpteur par Catherine de Médicis, sa veuve inconsolable, pour le couvent des Célestins à Paris (détruit à la Révolution) et exposé aujourd’hui dans le département des sculptures au Louvre.
Les Trois Grâces de Germain Pilon Le groupe féminin de fa Fontaine de la Cité de Trévise
D’inspiration antique comme le voulait l’époque de la Renaissance, il représente les filles de Zeus : Aglaé, la splendeur, Euphrosyne, l’allégresse, et Thalie l’abondance qui symbolisent la fidélité conjugale dans la Rome antique.
Les trois jeunes femmes de la fontaine, placées dos à dos, entre le bassin circulaire et la vasque supérieure, se joignent les mains et semblent esquisser une sorte de ronde dans une attitude tout à fait similaire à la statuaire de Germain Pilon.
Le thème des Trois Grâces sera exploité également, mais de manière différente, pour d’autres fontaines érigées à Bordeaux et Montpellier. Maillol, en fera aussi une statue, présente au jardin des Tuileries.
À noter que Sir Richard Wallace avait conçu des modèles dérivés, avec ses fameuses « fontaines à boire » représentant les Cariatides, installées dans Paris à partir de 1872 !
À souligner également que depuis quelques semaines, la jolie fontaine de la Cité de Trévise fonctionne à nouveau - sauf en période hivernale à cause du risque de gel - pour le grand agrément des passants qui empruntent cette voie !
Emmanuel FOUQUET
La jolie fontaine de la Cité de Trévise
Peu connue du grand public, mais fréquentée par les habitants du quartier, se cache la charmante Cité de Trévise (ou Cité Trévise, comme les anciennes plaques de rue toujours en place côté rue Bleue et rue Richer semblaient l’indiquer auparavant !). Cette appellation évoque en fait le titre du maréchal d’empire, Edouard Mortier (1768-1835), duc de Trévise, tué en 1835 lors de l’attentat de Fieschi contre le roi Louis-Philippe et qui demeurait non loin.
Percée en 1840, cette voie est très représentative des constructions de la Monarchie de Juillet, avec ses immeubles conçus par Moll dont l’architecture montre de fortes réminiscences empruntées à la Renaissance, notamment avec ses nombreux portails aux décors floraux.
Une reproduction de L’Illustration en septembre 1844, montre d’ailleurs la petite place de la Cité de Trévise peu après son ouverture. On remarque que la fontaine qui y figure n'était pas encore celle que nous voyons aujourd'hui .
La Cité de Trévise en 1844
La Cité est aujourd’hui un rare havre de fraîcheur dans le quartier, qualité qui avait très vite été mise en avant par ses promoteurs de l’époque : « La Cité Trévise offre, au milieu du bruit des affaires et des plaisirs, une retraite agréable aux personnes amies du calme et de la tranquillité ».
Au centre de la place, le petit square fermé, planté de quatre grands érables sycomores, y contribue en effet fortement avec en particulier la présence d’une jolie fontaine en fonte, à deux vasques, d’inspiration là aussi Renaissance, qui ajoute un charme indéniable à ce lieu, il est vrai préservé, des bruits de la ville.
La fontaine de la Cité de Trévise
Il convient de rappeler que ce modèle particulier de fontaine, sculpté par Francisque-Joseph Duret (1804-1865), et dont le fondeur s’appelait Ducel, maître de forge installé au 26, rue du Faubourg Poissonnière, a été reproduit sous le Second Empire un certain nombre de fois en France comme à Caen, Revel et autres communes en province (y compris en Corse et à Saint-Denis de la Réunion) et même à Barcelone ! Les modèles de la fonderie Ducel seront d'ailleurs achetés en 1878 par la célèbre fonderie du Val d'Osne qui produira notamment les fontaines Wallace parisiennes.
Le groupe féminin sculpté, reposant sur un piédestal triangulaire, est très fortement inspiré des Trois Grâces de Germain Pilon, monument funéraire abritant le cœur du roi de France Henri II, décédé lors d’un tournoi en 1559. Ce monument avait été commandé en 1561 au sculpteur par Catherine de Médicis, sa veuve inconsolable, pour le couvent des Célestins à Paris (détruit à la Révolution) et exposé aujourd’hui dans le département des sculptures au Louvre.
Les Trois Grâces de Germain Pilon Le groupe féminin de fa Fontaine de la Cité de Trévise
D’inspiration antique comme le voulait l’époque de la Renaissance, il représente les filles de Zeus : Aglaé, la splendeur, Euphrosyne, l’allégresse, et Thalie l’abondance qui symbolisent la fidélité conjugale dans la Rome antique.
Les trois jeunes femmes de la fontaine, placées dos à dos, entre le bassin circulaire et la vasque supérieure, se joignent les mains et semblent esquisser une sorte de ronde dans une attitude tout à fait similaire à la statuaire de Germain Pilon.
Le thème des Trois Grâces sera exploité également, mais de manière différente, pour d’autres fontaines érigées à Bordeaux et Montpellier. Maillol, en fera aussi une statue, présente au jardin des Tuileries.
À noter que Sir Richard Wallace avait conçu des modèles dérivés, avec ses fameuses « fontaines à boire » représentant les Cariatides, installées dans Paris à partir de 1872 !
À souligner également que depuis quelques semaines, la jolie fontaine de la Cité de Trévise fonctionne à nouveau - sauf en période hivernale à cause du risque de gel - pour le grand agrément des passants qui empruntent cette voie !
Emmanuel FOUQUET
Catégorie : - Un Lieu à Découvrir
Page lue 3677 fois