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Synagogue de la Victoire

© Ph-E Landau 2010 © 9e Histoire 2010 - 2014


HISTORIQUE DE LA SYNAGOGUE DE LA VICTOIRE
 

De 1850 à 1872, la communauté parisienne a vu doubler sa population passant de 12.000 à 25.000 âmes. Originaires d’Alsace et de Lorraine, les juifs sont attirés par les promotions économiques et sociales qu’offre la capitale. Après la défaite de 1870 beaucoup d’entre eux ont rejoint Paris par conviction politique.

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Le Consistoire israélite de paris s’efforce d’intégrer au mieux les juifs immigrés par l’intermédiaire de ses écoles. Toutefois, les lieux de culte font défaut. Hormis une dizaine d’oratoires non-consistoriaux dispersés dans les arrondissements, le Consistoire contrôle la Synagogue Nazareth de rite askénaze (1.200 places) et la Synagogue Lamartine de rite séfarade. Depuis 1860, l’institution songe à édifier de nouveaux temples, notamment dans le Marais où se trouvent les classes populaires juives et du côté de l’Opéra où la bourgeoisie juive s’est installée.

L’Edification de la Synagogue Victoire

A l’origine, les membres du Consistoire de Paris veulent construire une synagogue qui permettrait la fusion des deux rites et modernisant le culte sur le modèle allemand. Si le projet est abandonné, il est décidé la construction de deux temples, l’un près de la place des Vosges (place Royale) et l’autre rue de la Victoire. Sous l’égide de Lazare Isidore, grand rabbin de Paris, de Gustave Rothschild et de Jules Carvallo, le Consistoire poursuit activement ce projet. Dès 1862, des contacts sont pris avec la Ville de Paris. Même si la guerre d’Italie retarde le projet, il est établi que le Consistoire procède à un emprunt de deux millions de francs effectué au moyen d’une émission de 6.667 obligations au nominal de 300 francs portant intérêt à 3% et remboursables à 500 francs en 75 ans à partir de 1869. Près de 900 souscripteurs apportent leur concours.

Le devis initial s’élève à 1.584.000 francs en 1864 à quoi s’ajoute la somme de 900.000 francs pour la valeur de 2.400 mètres carrés de terrain.

Construite aux frais communs de la Ville et de la communauté, la synagogue est située sul’emplacement d’un hôtel particulier des Bonaparte. Alfred Aldrophe, architecte en chef de la Ville de Paris, est chargé du projet. Les travaux commencent en 1867, mais suite à un refus de l’Impératrice Eugénie de voir s’élever une synagogue entre les églises de la Trinité et Notre-Dame-de-Lorette, il est décidé que l’entrée de l’édifice se fera par la rue de la Victoire. L’inauguration prévue en 1869 est annulée en raison des tensions franco-prussiennes puis de la guerre de 1870. C’est bien après, le mercredi 9 septembre 1874, que la synagogue est enfin ouverte au public bien que n’étant que partiellement achevée.

Une Synagogue de Style Byzantin

Déjà en 1865, un chroniqueur des archives israélites écrivait : « le grand temple de la Victoire sera, dit-on, de style byzantin. La ville aura ainsi un édifice d’un genre dont elle ne possède pas encore de spécimen et donnera en même temps à la synagogue un caractère de rite oriental »

De 1850 à la veille de la première guerre mondiale, le style romano-byzantin est en usage pour les synagogues, aussi celle de la Victoire est-elle un exemple parmi tant d’autres.

La façade principale s’élève à 36 mètres et est ornée des tables de la loi avec l’inscription en hébreu : « Ma maison sera appelée une maison de prières pour tous les peuples » A l’intérieur, la vaste nef de 28 mètres de haut sur 44 mètres de long est composée de bas-côtés comprenant cinq arcades et surmontée de galeries où prennent place les femmes et les choristes.

Le sanctuaire, construit en forme semi-circulaire, contient la teba où se fait la lecture de la Thora.

Au-dessus, douze rosaces représentent les tribus d’Israël. Aux portes d’entrée, sont sculptés les noms des fêtes.

Contenant 1.800 places, la synagogue Victoire devient ainsi la plus spacieuse de France. Trop vaste en-dehors des grandes fêtes, un oratoire est installé à sa droite, tandis qu’un espace est aménagé dans la cour pour Souccoth, ainsi que la maison consistoriale. Le rite conservé est askénaze-alsacien. En 1876, un immeuble est élevé rue St Georges afin d’abriter les services du Consistoire de Paris.

Synagogue officielle du Judaïsme Français

Surnommée la « Rothschild-Shüle », la synagogue Victoire devient très tôt la synagogue officielle du judaïsme français, sous l’impulsion du grand rabbin Zadoc Kahn. Dès les débuts, les grands rabbins de France et de Paris y siègent, invitant les fidèles à une participation religieuse plus motivée. Bien que n’ayant pas de président jusqu’en 1932, elle est influencée par le zèle organisateur de la famille Rothschild.

Plusieurs initiatives voient le jour après sa création. Avec son orgue et son chœur, elle devient le centre de la liturgie juive avec un compositeur aussi confirmé que Samuel David. Dans le même temps, le grand rabbin Zadoc Kahn développe le samedi après-midi les conférences à thème juif afin d’attirer la jeunesse davantage intéressée par le positivisme.

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Intérieur de la Grande Synagogue de la Victoire © Ed. Alcock

Reconnue par les pouvoirs publics, elle accueille en mai 1916 le président de la République, Raymond Poincaré, lors de la cérémonie organisée à la mémoire des soldats tombés au champ d’honneur. En 1924, dans la cour intérieure, un monument aux morts du sculpteur Emile Hannaux est élevé.

Pendant l’entre-deux-guerres, le nombre de fidèles s’accroît. La synagogue accueille des juifs roumains, polonais et allemands. Le rite reste toutefois alsacien.

Bien que déstabilisé par la guerre et par l’exode de 1940, le Consistoire de Paris maintient l’ouverture de la synagogue pendant les quatre années de l’occupation. Au péril de leur vie, le grand rabbin Julien Weill, Léon Edinger et Jacques Sée assurent les offices. En octobre 1941, la synagogue subit un attentat endommageant les portes d’entrée et les vitraux. En juillet 1942, des doriotistes, membres du PPF, pénètrent dans l’édifice et lacèrent les rouleaux de la Thora.

Avec la libération, le vie religieuse reprend ses droits. Les offices sont tenus par des aumôniers militaires américains. La salle consistoriale devient alors un foyer pour les soldats alliés.

Le 27 février 1949, le président de la République, Vincent Auriol, est reçu par le président Georges Wormser et inaugure le monument à tous les martyrs placé sous le péristyle. Au-dessus de l’urne funéraire est inscrite une dédicace : « A la mémoire de nos frères, combattants de la guerre et de la résistance, morts dans les camps de déportation, fusillés, torturés, brûlés et des innombrables victimes de la barbarie allemande »

Depuis et particulièrement avec le rapatriement des juifs d’Afrique du Nord, la synagogue accueille en son sein différents rites. Si la nef est réservée au culte askénaze, les rites tunisien et égyptien sont assurés dans les locaux adjacents.

La synagogue Victoire est classée à l’inventaire des monuments historiques.

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Ph-E. LANDAU

© Ph-E Landau 2010 © 9e Histoire 2010 - 2014


Date de création : 03/03/2014 • 17:26
Catégorie : - Architecture
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