Offenbach et le 9e
Portrait de Jacques Offenbach par Nadar.
JACQUES OFFENBACH (1819 – 1880)
LA VIE PARISIENNE DANS LE 9e
Vers 1800, son père, Isaac Juda Eberst, quitte sa ville natale d'Offenbach am Main et s'installe avec ses dix enfants à Cologne où il adopte comme nom de famille Der Offenbacher, puis simplement Offenbach, la loi obligeant à avoir un patronyme stable.
Jacques Offenbach, septième enfant d’Isaac, arrive à Paris en 1833 à 14 ans, plein d’enthousiasme ; juif de Cologne avec un accent prononcé : « Toute ma vie, j’en voudrai à mes compatriotes de m’avoir foutu un accent pareil ! », il loge avec son frère Jules dans une mansarde 8, rue des Martyrs (des informations plus fiables donnent plutôt le numéro 23).
Après des études au conservatoire, il est violoncelliste à l’Opéra Comique et fait, avec Jules, la connaissance de Fromental Halévy qui écrit à leur père : « Je vois souvent Messieurs vos fils, ils viennent quelquefois me demander des conseils que j’ai le plus grand plaisir à leur donner. J’espère que vous serez content d’eux, le jeune plus particulièrement destiné à de véritables succès dans la carrière de la composition et je m’estimerais heureux de pouvoir y coopérer en l’encourageant et en le second dans ses études et ses travaux ».
Offenbach jeune.
Il commence à composer des valses, elles sont très à la mode, et plus tard travaillera avec Ludovic Halévy (neveu de Fromental). Le " boulevard " est son domaine et c’est là que se font les grandes rencontres, dont celle d’Arsène Houssaye qui l’engage à la Comédie Française pour jouer pendant les entractes et accompagner certaines scènes d’une musique discrète.
Caricatures de Jacques Offenbach
Son physique tient, dit Nadar, « du croisement d’un coq et d’une sauterelle ». Le 14 août 1844, il épouse Herminie de Alcain, elle est d’origine espagnole par son père, et ils s’installent Passage Saulnier[1].
J. Offenbach en famille Hortense Schneider
Avec le succès grandissant, l’appui de Morny et des notables du Second empire, la présence d’Hortense Schneider[2], il s’installe avec sa famille agrandie -quatre filles, Berhe, Mina, Pepita, Jacqueline et enfin un garçon, Auguste!- 11 rue Laffitte de 1856 à 1876[3]. L’aînée des filles, Berthe, épousera Charles Comte ancien directeur des Bouffes Parisiens en 1865 à la mairie du 9e. C’est rue Laffitte que le vendredi se réunissent tous les amis : Georges Bizet, Gustave Doré, Léo Delibes par exemple.
En 1855 il obtient la concession des « Bouffes Parisiens », la Salle Choiseul est non loin du "boulevard"[4]. En 1860, il est naturalisé français par ordre personnel de Napoléon III et l'année suivante reçoit la Légion d’Honneur.
Tout Paris chante Offenbach. Les gens du monde eux-mêmes ne résistent pas à sa fantaisie -par exemple Pauline de Metternich épouse de l’ambassadeur d’Autriche. Son association avec Ludovic Halévy et Henri Meilhac fait merveille. Il est reçu aux Tuileries, à Schönbrünn, fait le voyage à New-York !
Ses opérettes et opéras bouffe son connus dans le monde entier : « Orphée aux enfers », « La Belle Hélène », « La Grande Duchesse de Gerolstein », « La Vie Parisienne » parmi les plus célèbres ! Il en écrira plus de 200 !
Puis ce sera le 8, Boulevard des Capucines, au troisième étage, où il compose « Les Contes d’Hoffmann » sans toutefois terminer cette oeuvre[5].
Plaque commémorative 8 Boulevard des Capucines.
Il y meurt en octobre 1880 et repose au cimetière Montmartre… pas très loin du 9e !
Buste d'Offenbach sur sa tombe au cimetière Montmartre.
Françoise ROBERT
Sources : « Offenbach ou la joie de vivre » de Claude Dufresne (Perrin Éditeur)
[1] Passage qui à l’époque était fermé aux deux extrémités avant de s’appeler rue Saulnier.
[2] Grande cantatrice surnommée « le passage des princes »
[3] Avec l’affreuse parenthèse de 1870, période où il est contraint de fuir Paris et même sa villa d’Étretat parce qu’allemand. Il rentre à Paris en 1871
[4]En 1855, Offenbach loue « la Salle Lacaze », sur les Champs-Elysées, et y ouvre le « Théâtre des Bouffes-Parisiens ». Cependant les Champs-Elysées ne sont à cette époque qu’une allée non pavée et le public qui afflue aux « Bouffes-Parisiens » en été et automne ne désire pas s'y aventurer en hiver. Offenbach trouve un lieu plus approprié, la « Salle Choiseul » pour les représentations d’hiver.
[5] Ernest Guiraud assisté d’Auguste, le fils d’Offenbach, complètera la partition.
© F. Robert - 9ème Histoire - 2018
Catégorie : - Articles-Musiciens
Page lue 7097 fois