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Romantiquement Vôtre - juin 2019


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G. Arnald - ca 1830 - Paris vu depuis les hauteurs de Montrmartre © Musée Carnavalet.
 


Romantiquement vôtre !
 


Ce mois de juin est placé sous le signe du romantisme pour 9ème Histoire avec d’abord la visite le 3 juin de l’exposition consacrée aux salons littéraires, nombreux à Paris au début du XIXe siècle, installée au musée de la Vie romantique jusqu’à mi-septembre, que nous a présentée avec brio sa nouvelle directrice Gaëlle Rio.

Avant d’écouter le 17 juin, Thierry Cazaux, fondateur de 9ème Histoire et par ailleurs auteur aussi d’un ouvrage sur le Paris romantique paru en 2012, nous parler des artistes présents alors dans la Nouvelle Athènes lors d’une conférence à la mairie, c’est mardi 11 juin qu’un groupe de notre société a pu visiter pendant plus de deux heures la passionnante et riche exposition sur le Paris romantique qui occupe tout l’été les vastes espaces du Petit Palais.

Sous la conduite de Jean-Marie Bruson, son commissaire, conservateur honoraire au musée Carnavalet, nous avons pu en effet arpenter les différentes salles qui passent en revue la période féconde sur le plan artistique des années 1815 à 1848, de la chute de Napoléon à celle de Louis-Philippe.
 


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Jean-Marie Brusson et le groupe d'adhérents de 9ème Histoire au cours de la visite de l'exposition.
 

Il faut d’ailleurs féliciter les commissaires pour la scénographie inventive choisie pour cette exposition, nous plongeant véritablement dans l’ambiance de cette époque par l’utilisation optimisée des espaces et le choix des décors !  C’est d’ailleurs à une véritable promenade à laquelle nous avons été conviés en visitant salle après salle, des quartiers ou des monuments de Paris particulièrement représentatifs de cette période, comme cela est montré en préambule sur un plan de Paris en grand format.

Après avoir remarqué le caractère encore très campagnard de Paris au début de la Restauration sur le tableau d’Arnald montrant Paris depuis Montmartre, la visite commence par une plongée dans le cadre somptueux des Tuileries, lieu du pouvoir depuis le Consulat jusqu’au Second Empire. Des éléments de mobilier et des tableaux, comme celui de Marie D’Orléans par Ary Scheffer, elle-même artiste, ou celui représentant la populaire duchesse de Berry, en sont ici le témoignage.
 


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Ary Scheffer - 1837 - Marie d'Orléans - © Musée Condé Chantilly.
 

La présentation ensuite des galeries du Palais-Royal dans une longue salle avec un décor d’arcades et de colonnes est vraiment un bon exemple alors de cette scénographie illustrative. Sont ainsi représentées des boutiques reflétant le commerce du luxe et de la mode vestimentaire de l’époque avec des costumes provenant du musée Galliera (ah, les belles bretelles décorées faisant office alors de cravates pour les hommes !).

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© Musée Galiera
 

La présence de restaurants gastronomiques à cet endroit est figurée par le menu impressionnant par sa variété de plats proposé par Véry, restaurant célèbre sous la Monarchie de Juillet, ou aussi le Vefour toujours en activité. Ces hauts-lieux attiraient également une importante population de prostituées avant leur interdiction dès 1830.


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Horace Vernet - 1826 - Mazeppa aux loups - © Musée Calvet Avignon
 

Dans la salle suivante, toute décorée de rouge et impressionnante par son volume, sont accrochés serrés les uns contre les autres, des tableaux de peintres de toute cette époque. Il s’agit là de restituer en effet la présentation adoptée pour les Salons qui se dérouleront tous les ans dans le Salon carré du Louvre et qui verront la naissance du romantisme en peinture. Impossible évidemment ici de citer tous les artistes présents dans cette salle, mais on remarque cependant le très grand Christ au jardin des Oliviers de Delacroix ou des peintres comme Horace Vernet avec son impressionnant Mazeppa aux loups inspiré de Byron ou encore Géricault, Dubufe ou Ingres. Prennent place également dans cette grande salle des sculptures comme celle très tourmentée du Roland furieux de Duseigneur.


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J. Duseigneur - 1831  -  Roland Furieux - © RMN Musée du Louvre.
 

Changement de décor ensuite avec l’évocation de Notre Dame-de Paris, monument très emblématique mis en pleine lumière avec la récente catastrophe d’avril dernier mais que Victor Hugo avait magnifié déjà en 1831 dans son roman éponyme à grand succès mettant en scène des personnages hauts en couleur (Quasimodo) dans la fameuse cathédrale durant le Moyen-Age (celle-ci n’avait pas encore reçu sa flèche conçue par Viollet Le Duc !). Cette époque médiévale fut en effet remise à la mode par les romantiques avec des œuvres au style « troubadour ». Le beau tableau d’Esmeralda par Steuben, peintre un peu oublié, témoigne de cet engouement comme le beau pendule en bois et en bronze ciselé représentant Notre-Dame.


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Une salle est consacrée à l’année 1830 où Charles X est remplacé par Louis-Philippe au cours des sanglantes journées de juillet. Les commissaires de l’exposition ont choisi de faire figurer là deux œuvres créées durant cette période très agitée : Hernani et La Symphonie fantastique dont on voit des manuscrits autographes. Le célèbre portrait de Berlioz réalisé lorsque celui-ci était à la Villa Médicis s’y trouve également. Longtemps attribué à Émile Signol , son condisciple, il serait en fait de François-Xavier Dupré, autre jeune lauréat du Prix de Rome, comme nous le confie Jean-Marie Bruson
 


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Manuscrits autographes de la Symphonie Fantastique.
 

Les commissaires de l’exposition ont choisi également de nous emmener dans une autre salle, rive gauche de la Seine pour montrer que le quartier latin avec ses bals publics où on dansait la polka, était un lieu où se rassemblait la jeunesse turbulente parisienne mais aussi les « grisettes » décrites par Henri Murger dans ses Scènes de la vie de bohème. Est évoqué également ici le saisissant contraste entre la situation des classes aisées et celle des classes dites laborieuses qui aboutira à la révolution de 1848, notamment dans le saisissant tableau Scène de Paris d’un autre peintre peu connu aujourd’hui, Auguste Jeanron.   
 


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Dubufe - 1822 - Deux petits savoyards - © Paris Talabardon & Gautier.
 

Toute une salle est consacrée à deux quartiers que nous connaissons bien : ceux de la Chaussée d’Antin et de la Nouvelle Athènes avec un grand piano à queue des années 1830 placée en son centre, signé Pleyel, pour rappeler la place prise par Chopin dans notre actuel 9e arrondissement !
 


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Piano Pleyel 1830.
 

Nous pouvons également admirer un splendide lambris décoré de dorures provenant du salon de l‘hôtel particulier de James de Rothschild (rasé en 1969), qui se trouvait dans l’actuelle rue Laffitte, ainsi que des magnifiques éléments de mobiliers. Le quartier de La Chaussée d’Antin jouxtant le boulevard, loti dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle, est en effet alors celui des banquiers et des nouveaux riches représentés notamment par Aguado, collectionneur qui va faire connaitre dans son hôtel d’Augny les peintres espagnols. La Nouvelle Athènes, quartier construit après la Restauration, est lui le fief des artistes, écrivains, peintres, musiciens ou encore comédiens qui s’y sont alors installés. De nombreux tableaux les représentent (George Sand, Pauline Viardot, Franz Liszt et d’autres encore) mais aussi les lieux où ils travaillaient comme le tableau de l’atelier d’Ary Scheffer par Lamme, rue Chaptal ou l’appartement du pianiste Zimmermann, square d’Orléans, véritable phalanstère artistique, où il recevait une partie de l’élite musicale européenne.


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Louis Boilly  - 1819 - Entrée du Théâtre de l'Ambigu un jour de représentation gratuite. © RMN Musée du Louvre.
 


La dernière salle visitée évoque à travers des objets, sculptures, peintures ou caricatures, l‘atmosphère des « grands boulevards », d’abord espace chic commençant boulevard des Italiens où se trouvaient le Café de Paris, la Maison dorée, le Café Riche, le Café Tortoni et bien d’autres encore. De nombreux magasins d’orfèvrerie et de porcelaine étaient présents là également comme les grandes scènes parisiennes : l’Opéra-Comique, le Théâtre Italien ou encore le théâtre des Variétés. Plus loin sur les actuels boulevards Bonne-Nouvelle et Poissonnière, l’ambiance était un peu moins sophistiquée et à partir du boulevard Saint-Martin on trouvait une kyrielle de théâtres plus populaires, zone surnommée « boulevard du Crime » en raison du nombre de pièces à caractère sanglant et criminel qui y étaient jouées.

Une exposition vraiment passionnante et particulièrement évocatrice pour les membres de 9ème histoire, résidents de quartiers au cœur de cette actualité. À noter que cette ambitieuse et belle  exposition, présentant plus de 600 œuvres, demeurera ouverte tout l’été, alors courez-y !
 


Emmanuel FOUQUET
 

© 9ème Histoire - 2019


Date de création : 17/06/2019 • 16:09
Catégorie : - Echos du Terrain
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