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Tabarin


L'affiche des trois danseuses de Paul Colin  - © A.M. Sandrini.

 



Il Était une fois Tabarin

 


Cultiver le souvenir, garder trace des spectacles passés, constituent pour les générations futures des références
Jean-Michel Guy (Metteur en scène, théoricien)

 


Je crois avoir enregistré dans mon cœur la voix de mon père quand, encore dans le ventre de ma mère, il prononçait le nom de Tabarin. Le T, le A, le B, le A, le R, le I, le N chaque lettre s’incrusta dans mon esprit comme un tatouage.      

Vous faire rencontrer André Girard (né en 1584), le célèbre comédien de théâtre et de foire du temps de Henry IV, me sembla essentiel. Aux côtés de l’arracheur de dents, le gros Thomas, et du non moins célèbre montreur de marionnettes, Briochet, Tabarin fit fortune sur le Pont-Neuf et sur la place Dauphine en attirant les badauds autour de ses fameux tréteaux. Il fit rire le tout Paris entre 1620 et 1630 avec ses Tabarinades. Vous expliquer  pourquoi il s’est baptisé du nom de Tabarin a été une de mes priorités.
 

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Tabarin  -  © BNF Gallica
 


Tabarin, le bateleur du Pont-Neuf

Enveloppé de son Tabar, nom du vêtement médiéval dont il fit son costume, il va y ajouter deux lettres le I et le N. Ainsi Tabarin était né. Son public était composé de brave gens, de tire-laine et de laquais, d’écoliers dévalant de la Montagne Sainte-Geneviève et de grands bourgeois. Cet afflux populaire n’allait pas sans bousculades ni bagarres. L’aspect du personnage suffit à lui seul à expliquer son succès. Il portait son Tabar avec une épée de bois à la ceinture, la barbe en trident de Neptune et le chapeau gris très souple, qu’il pétrissait de ses doigts pour lui faire prendre les formes les plus invraisemblables. Ses jeux de chapeau contribuaient à sa popularité.
 


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Les Tréteaux de Tabarin (ca 1620) ) Tabarin à droite avec son tabar, son épée de bois et son chapeau gris - © BNF - Gallica.
 


Après avoir fait fortune, Tabarin se retira en province. Les nobles de la région ne supportaient pas d’avoir comme voisin un bonimenteur. Pour une peccadille ils le défiaient en duel, Tabarin mourut traversé de part en part par une épée. Pauvre Tabarin, il n’avait qu’une épée de bois.
 

Les Tréteaux de Tabarin de Fursy

Au 58, rue Pigalle, en 1895, les chansonniers Montmartrois régalèrent à leur tour au Tréteau de Tabarin, petit cabaret au décor du Pont-Neuf où un public, friand de farces en tout genre, venait écouter des chansonniers insolents et spirituels. Henry Dreyfus, qui se rebaptisa Fursy alors que se déchaînait l’Affaire Dreyfus, plaisait par son ironie et son charme. Il devint propriétaire des tréteaux qui prirent le nom de « La Boîte à Fursy ».
 


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Le Bal Tabarin -  © A.M. Sandrini.
 


Montmartre, nombril du monde

Montmartre était le nombril du monde, le Bal Tabarin en était le diamant. Et ce diamant brilla pour la première fois dans la nuit parisienne, le 20 février 1904, au 36, rue Victor Massé, fondé par Auguste Bosc compositeur très populaire de « La Marche des Petits Pierrots », de « Rose Mousse » et de la valse « Griserie. »
 


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Le Bal Tabarin ca 1904.
 


Au Bal Tabarin, de nouvelles danses étaient expérimentées tel que la Tabarinette, des bals à thèmes y étaient organisés ainsi que des concours en tout genre.

Concours de modistes, à qui terminerait la création d’un chapeau le plus rapidement possible, de peintres achevant leur toile, du plus beau postérieur, des plus beaux mollets, concours où s’affrontaient de gentilles Montmartroises. Il y avait l ‘élection de Miss Tabarin. On y faisait aussi des batailles de fleurs. On assistait chaque année aux championnats de lutte féminine qui, depuis 1923, opposaient avec un grand succès, les plus jolies filles et les athlètes les plus souples du monde entier.
 


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                    Auguste Bosc fondateur de Tabarin en 1904  -  © A.M. Sandrini.                                                       Pierre Sandrini - directeur du Tabarin de 1929 à 1949  - © A.M. Sandrini                                
 


Bosc fit venir du Moulin-Rouge, détruit par un incendie, le Cancan dont il fit la « Tradition maison ». La vogue dura une vingtaine d’années. Elle régressa vers 1923. Lorsque rouvrit Le Moulin-Rouge, la direction artistique fut confiée à Pierre Sandrini, un jeune maître de ballet, qui y ressuscita le Cancan, et qui fit un tort considérable à celui de Tabarin.

En 1928, Auguste Bosc confia les rênes de la direction de son établissement à son concurrent et ami, Pierre Sandrini et à son associé Pierre Dubout qui lui, avait les missions de « communication » ainsi que la responsabilité de la salle et de son personnel.
 

Naissance des Revues de Tabarin

Pierre Sandrini créa des revues, transforma entièrement la salle, installa une machinerie qui révolutionna l’art du Music-Hall.

On entrait par un étroit vestibule. Dans une grande salle, des escaliers menaient, de chaque côté, à un balcon semi-circulaire occupé par des tables couvertes de nappes blanches immaculées. En bas, le public pouvait danser sur la piste entre les tableaux du spectacle. La piste pouvait descendre au sous-sol ou monter à la hauteur des gens assis au balcon. Tout au bout de la salle, deux portes menaient au sous-sol, où trouvaient le moyen de se caser, la piste, les décors, et les innombrables costumes. A côté, dans les loges exigües, les filles faisaient chauffer leurs fers à friser sur de petits réchauds à alcool.
Extrait de la « Jeune Fille en bleue » de
Nina Tikanova, danseuse à Tabarin.
 

Pierre Sandrini demanda à Paul Colin de créer l’affiche de son Tabarin. Depuis la mort de Toulouse-Lautrec, cet art était sur le déclin. Chéret avait cessé de travailler. Cappiello, seul, tint une place prépondérante dans les vingt-cinq premières années du siècle nouveau. Paul Colin était arrivé sur le devant de la scène en 1925 avec sa fameuse affiche de la « Revue nègre » qui lança la carrière de Joséphine Baker. C’est en 1929 qu’il créa celle de Tabarin, célébrant la danse. L’incarnation de la danseuse devint une image vivante, presque physique et en mouvement. Trois célèbres danseuses personnifièrent la danse :  Joséphine Baker, le Charleston, La Argentina, le Flamenco et Jane Avril le French Cancan, les trois se mêlant. Ces trois danses s’opposaient puis s’harmonisaient, dégageant une folle énergie : « C’est un télégramme adressé à l’œil ». Les revues de Tabarin allaient naître. 
 

Trois personnes allaient se montrer déterminantes pour l’avenir de Tabarin :

Marcel Bergé, danseur et chorégraphe, camarade depuis l‘école de danse de l’Opéra, de Pierre Sandrini, mon père. A son retour à Paris, après s’être produit avec la compagnie de Anna Pavlova à New York, il décrivit les revues des Siegfried-Folies auxquelles il avait assisté à Broadway. Inspiré par ses récits enthousiastes, mon père éprouva le désir de se lancer dans l’aventure.

Monsieur Rouffet, c’est avec lui que mon père imagina la machinerie de Tabarin qui révolutionna l’art du Music-Hall, transformant le lieu en palais des rêves.

Des crayons de Romain de Tirtoff, dit Erté, jaillirent les costumes les plus extraordinaires. Il employa des matières alors inusitées pour les costumes et les décors afin d’obtenir des effets de transparence et de reflet

Ce qui est précieux dans tous les êtres, c’est la capacité de créativité, d’invention, explorer les terrains d’aventures.

Les terrains d’aventures de Tabarin furent riches d’inventions dans le Paris d’entre-deux-guerres. Les revues furent très différentes de ce qu’on pouvait voir dans les autres Music-Halls. Elles différèrent, par les choix musicaux, par le rythme, les idées et la manière de les réaliser, par le raffinement du moindre détail. Pierre Sandrini trouva ses thèmes de revue dans les journaux, dans le monde, à la radio et dans la vie quotidienne. Visité régulièrement par les muses, il en fit des sujets de revues : le rêve, la poésie, la musique, mais aussi la fortune, les parfums, les fourrures, les bijoux…

Tout fut matière à chorégraphie, à nouveaux décors, à musique commandée. Son imagination était entièrement tournée vers Tabarin et lui fut l’alchimiste qui transforma littéralement le plomb en or.
 


Le French Cancan

Tabarin offrit aux spectateurs un Cancan moderne, dansé par des danseuses professionnelles issues de la danse classique, sur la musique de la « marche des Petits Pierrots » composée par Auguste Bosc. (Je pensais que les Petits Pierrots étaient le personnage de la comedia dell’arte amoureux de Colombine. Mais pas du tout, les Petits Pierrots sont les moineaux de Paris.)  m

Le Cancan perd son caractère abstrait pour devenir un langage qui cesse d’être un art purement décoratif pour prendre un accent humain ; l’arabesque tracée dans l’espace par une jambe inspirée n’est plus un signe vain, c’est une écriture. Grâce à Sandrini le French Cancan, le vrai, le jeune, surgit endiablé. A la place des vénérables dames dodues, il mit des filles fraîches, longues et minces, qu’il dés-enjuponna. Dans le Cancan d’origine il y avait moins d’acrobatie que de froufrou ; notre Cancan rénové apprit à se démener davantage. Côté salle tout est brillant, les mêmes habitués se retrouvent. Beaucoup viennent prendre leur dose de Tabarin, leur ration de beauté et d’élégance au moins une fois par mois. J’aperçois là, Chevalier, la Miss...et le duc et la duchesse de Kent ainsi que Robert Taylor sont venus incognito, personne dans la salle ne décela leur présence. Mais passé la soirée, la maison est défendue, personne n’entre. Nous n’avons aucun contact avec le public. Le French Cancan, c’est huit femmes rangées extrêmement disciplinées. Elles lèvent haut la jambe et par-dessus leur cœur bat avec un bruit de machine à coudre.
Témoignage de Renely, capitaine du Cancan avec Andrée Rapo dans un article intitulé « Une danseuse de Tabarin »
 


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Le Cancan et ses deux capitaines : Andrée Rapo (à gauche) et Renely (à droite)  -  © A.M. Sandrini.
 

Le décor est planté :

Dans un Music-Hall le spectacle se déroule sur la scène et le public le suit d’assez loin. À Tabarin, rien de semblable, le spectacle est dans la salle, parmi les spectateurs. On est assis à sa table, et les danseuses, les chanteuses évoluent tout prés. En allongeant le bras on les toucherait, on respire le parfum de leur chevelure, de leur peau, de leur fard, et cependant le spectacle est un vrai spectacle, plus varié plus somptueux que celui de n’importe quel Music-Hall. 
André Warnod écrivain, critique d’art.
 

Lorsqu’on demandait à Pierre Sandrini ce qu’il pensait des possibilités d’avenir du Music-Hall son visage s’éclairait et il répondait avec la plus chaleureuse spontanéité : « Le Music-Hall est un merveilleux champ d’action où tout est possible, où toutes les ressources de la technique moderne peuvent être misent en œuvre au service de l’art. Il n’y a qu’à vouloir, mais il faut vouloir ! »
                                       

Les revues « Chatoiement, Les Heures sont Belles, Un vrai Paradis »

Le tableau de la « Collection Bleue », couleur fétiche de Jeanne Lanvin, se trouvait au sein de la revue « Chatoiement ». L’art de la transparence était également présent au cœur de la collection de la couturière. Jeanne Lanvin avait choisi Tabarin pour présenter ses premières collections. Une admiration réciproque unissait les deux créateurs. Les reflets du miroir et les éclairages raffinés sur les robes des danseuses rendirent un subtil hommage aux créations de Jeanne Lanvin
 


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Revue Chatoiement  - La valse bleue  -  © A.M. Sandrini.
 

Man Ray assista à la revue « Chatoiement », il y fit un reportage, prit des photos de « La Valse Bleue » et du ballet « Métal ». Il s’inspira des photos et en fit des dessins.

Man Ray confia ses dessins à Paul Eluard afin qu’il les illustre. Le procédé était inversé, ce n’était pas le dessin qui illustrait les mots mais les mots qui illustraient le dessin. De cette collaboration naquit le recueil « Les Mains libres » publié en 1937 chez Gallimard. On y trouvait le Poème « Au Bal Tabarin » entouré de « l’Arbre Rose » et de « La Femme Poisson »
 

Le ballet « Métal » était programmé à minuit vingt. Pourquoi cette précision ? L’interprète de l’Âme du métal entrait en scène entièrement recouverte d’or de la tête aux pieds. Enduite de ce maquillage, la peau ne respire plus. Il y avait donc un risque à laisser trop longtemps l’Âme de métal recouverte de cette peinture d’or. Son solo était minuté à la minute près ainsi que le temps du maquillage et du démaquillage.
 


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Le ballet Métal  -  © A.M. Sandrini.
 


En deuxième partie de la revue « Les Heures sont Belles » était annoncée « La Gazette de Tabarin » Au programme : la page des actualités, la page des loisirs, la rubrique des petites annonces, la publicité et la page des sports.

Jacques Tati de son vrai nom Jacques Tatischeff fit ses débuts dans la page des sports, en 1938, dans son numéro de mime sportif. Il jouait au tennis sans raquette et sans balle, au football sans ballon, pêchait à la ligne sans ligne, était un cavalier sans cheval, boxait sans adversaire, pédalait sans roue. Pour accessoires, il avait le style et le sens critique. Jacques Tati trouva à Tabarin le succès qu’il méritait.
 


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Programme de la Page des sports de Jacques Tati  -  © A.M. Sandrini.
 


Dans la revue « Un vrai Paradis », trois parties : Le paradis terrestre, interdiction est donnée à Ève de croquer la pomme ; Ève enfreint l’interdiction et c’est le paradis perdu accentué par une chorégraphie d’une force incroyable sur une partition d’Alexandre Mossolov*, « La Fonderie d’acier » (qui devint le symbole de l’industrie soviétique), puis après avoir gagné son pain à la sueur de son front, Le paradis fut retrouvé. L’Abondance, le Progrès, la Sécurité, la Liberté, les messagères de la Chance, de la Paix, de l’Amour, des Espoirs et des Désirs se retrouvèrent au sein du décor de Erté.
 


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 Revue Un Vrai Paradis : Eve au Paradis retrouvé    -  © A.M. Sandrini.                                                            SVP : Le bain de mousse  -  © A.M. Sandrini.
          

 Fut évoqué en deuxième partie « S.V.P. », le service mis en place par le ministre des postes Georges Mandel. Il suffisait aux Parisiens de former ces trois lettres sur le cadran de leur téléphone pour accéder au service d’informations sur la vie « courante ». Les désirs les plus fous des abonnés furent réalisés.

Mon père créa un spectacle avec un bain de mousse. Il fallait toute une journée à un spécialiste pour fabriquer l’émulsion savonneuse qui était ensuite pulsée par de l’air comprimé après être passée par des spires. La mousse, légère comme des œufs battus en neige, était confectionnée chaque après-midi. Quatre danseuses le buste couvert de l’onctueuse préparation, faisaient de lents ports de bras s’accordant harmonieusement aux accents de la partition du Cygne de Camille Saint-Saëns.  Ce fut une des plus belles réalisations de Tabarin.
 

Le bateleur bonimenteur Tabarin avait traversé la Seine pour monter ses tréteaux. Le Tabarin de Pierre Sandrini allait traverser les mers et les océans :  Londres, New York mais aussi Buenos Aires. La revue entière partit pour l’Amérique du Sud. Toute la troupe, avec décors et costumes embarqua à Marseille sur le Campana. Ciel bleu, mer d’huile, répétitions sur le pont supérieure. Une terrible tempête se leva. Malgré toute l‘énergie déployée, le Campana eut du mal à faire front aux énormes vagues.  Les costumes dans les panières en fond de cale flottaient dans dix centimètres d’eau.
 


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Départ pour l'Amérique à bord du Campana  -  © A.M. Sandrini.
 


L’Occupation

Tabarin ferma durant quelques mois, on y offrait alors tous les soirs une soupe aux artistes démunis.

Durant l’occupation Tabarin ne demanda pas la dérogation de minuit comme le firent le Lido et le Moulin-Rouge. Le spectacle se terminait à onze heures afin de permettre aux artistes et au personnel de rentrer chez eux avant le couvre-feu. Pierre Sandrini était très impliqué dans tout ce qui pouvait aider les artistes et leur famille durant l’occupation et pour leur réinsertion à la sortie des camps, s’ils avaient eu la chance d’y survivre. Il cacha au cœur de ses revues des danseuses juives afin qu’elles ne partent pas à Drancy.
 


La Fermeture de Tabarin

Sur une route verdoyante de Normandie, le 4 septembre 1949, mon père trouva la mort dans un accident de voiture. Sa femme Andrée Rapo, ma mère, qui avait été Capitaine du Cancan durant des années monta la revue posthume de son mari, « Reflets ». Pendant trois ans et demi, ce fut un triomphe mais il fallut ensuite trouver autre chose. Tabarin offrit alors aux Montmartrois les attractions les plus fantastiques de la planète, le Cancan, bien sûr, restant au cœur de la soirée.  Cela coûtait très cher et il fallut stopper l’hémorragie. Tabarin fut vendu en 1953 à la chandelle. Les propriétaires du Moulin Rouge firent monter la dernière enchère avant que la flamme ne s’éteigne. Leur objectif était d’étouffer une éventuelle concurrence.

Les araignées investirent la fantastique machinerie de Monsieur Rouffet. Les merveilleux costumes, choisis par mon père et dessinés par Erté ainsi que les robes de Cancan furent donnés à l’association de « l’Abbé Pierre ». Pauvre Tabarin mourut une seconde fois : une épée au travers du corps en 1633, sous le passage des bulldozers le 19 juillet 1966.  Les coupures de presse furent alors innombrables.

Tabarin est le creuset où s’est refondu le Music-Hall. Ses dernières revues furent d’un élan, d’une vitalité, d’un dynamisme qui enchantaient l’esprit en étourdissant l’œil par des rondes rapides de belles choses, des ballets d’or et d’argent et de lumière.
Jean Barreyren (Le Jour)

 


Les murs s’ouvraient et livraient passage à des artistes et des danseuses. Une énorme machinerie mettait en branle tous les rouages de cette maison truquée, qui laissaient les spécialistes Américains eux-mêmes pantois d’admiration. Deux cent personnes : Artistes, Danseuses, Mannequins, Machinistes, Electriciens, Maîtres d’hôtel, travaillant chaque nuit à Tabarin, bourré à craquer d’une foule cosmopolite, venue applaudir le chef d’œuvre d’audace, d’ingéniosité et d’élégance que Pierre Sandrini, moderne magicien, savait lui offrir tous les deux ans.
Extrait d’un article du journaliste Roger Malher.

 


Tabarin resta fermé durant une dizaine d’années, avant sa destruction. Un gala fut organisé par Juliette Achard au printemps 1966 avant que les bulldozers n’entrent en action. À l’emplacement de Tabarin, les promoteurs nous offrent aujourd’hui la possibilité de louer du « studio au quatre pièces avec parking en sous-sol »...
 


Anne-Marie SANDRINI
 


Si un jour toute vie s’éteint sur la terre, la dernière palpitation humaine ne sera-t-elle pas cet acte d’amour, cet acte de joie, la Danse.
Colette


 



* Alexandre Vassilievitch Mossolov (1900-1973) : Musicien soviétique qui composa de nombreuses sonates pour piano, des concertos pour violoncelle, de la musique de chambre, des opéras, des oratorios ainsi que six symphonies.
 

      

© A.M. Sandrini - 2020 © 9ème Histoire - 2020


Date de création : 21/05/2020 • 09:00
Catégorie : - Articles-Théâtres,Cabarets
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Réactions à cet article


Réaction n°1 

par Sylvain le 15/12/2022 • 09:53

Je fais des recherches personnelles sur le Vieux Paris. Cet article est une véritable mine d'or !

Il est aussi très touchant (la fin...).

Merci d'avoir partagé avec nous tous ces précieux souvenirs !