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De Drouot à Cadet

© E. Fouquet © 9e Histoire 2014

DE DROUOT A CADET...

L’HÔTEL du DUC de BIEVILLE

Situé 10 rue de la Grange Batelière (rue ouverte en 1846 sur un ancien chemin du XVIIe), cet hôtel a été construit en 1760-1770 par Michel le Duc de Bieville, guillotiné durant la Révolution (dont il porte les monogrammes LD et BV aux fenêtres du premier étage).

 Il est également désigné du nom de Novillos, surintendant des gardes françaises, propriétaire en 1785, ou du marquis de Lillers, chambellan de Napoléon Ierqui l’acquit sous l’empire, comme l’atteste le bas-relief aux aigles impériaux du 2e étage de l’escalier.

Il le céda ensuite à  Alfred Tattet en 1822. Celui-ci y tenait un cénacle réunissant Hugo, Sainte-Beuve, le physicien et astronome Arago, directeur de l’Observatoire de Paris, ainsi que  Musset, qui fit ici à  23 ans, en 1833,  la première lecture du long poème « Rolla », illustration du pessimisme romantique de l’époque, qu’il écrivit juste au moment de sa rencontre tumultueuse avec George Sand, dont on retient ses vers fameux «je suis venu trop tard dans un monde trop vieux, d’un siècle sans espoir nait un siècle sans crainte».

Dans un article littéraire dont le titre est « La Coupe et les lèvres »,  dédicacé à Alfred Tattet, il trouve cette célèbre formule : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ».

La façade de l’hôtel est imposante avec ses balcons, ses décors de guirlandes de fleurs au 2e étage, et son œil de bœuf encadré de cornes d’abondance au sommet. Derrière le portail sculpté, un vestibule cantonné de colonnes doriques mène au grand escalier de pierre Louis XVI. On y voit aussi deux niches avec des statues à l’antique de Diane et d’un berger.  

En face au 13, se trouvaient les premiers locaux de la société Pleyel et fils (avant l’emménagement à l’hôtel Cromot du Bourg). 

LE PASSAGE VERDEAU

Edifié en 1847 par Jacques-Prosper Deschamps, il tient son nom de Monsieur Verdeau, un des promoteurs du passage et actionnaire de la société du passage Jouffroy, par ailleurs inventeur du système de location de linge aux hôtels et aux meublés.

D’une longueur de 75m, il forme avec le passage Jouffroy qu’il prolonge, et celui des Panoramas de l’autre côté du boulevard Montmartre, la plus longue promenade couverte de Paris.

Il ne connut pourtant pas le même succès que ses voisins, ne donnant pas sur des boulevards mais sur les rues de la Grange-Batelière et du Faubourg-Montmartre. La réouverture de la salle Drouot lui a depuis redonné vie avec ses bistrots, ses nombreuses boutiques pour chineurs à l’atmosphère surannée, spécialisées dans les estampes, les  livres ou les anciennes bandes dessinées, comme la librairie Roland Brunet. On y trouve encore l’ancienne enseigne de loge du concierge.

Très clair, il possède une verrière en arête de poisson et répond à un dessin néoclassique assez épuré.

Il  est inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques depuis 1974.

« A LA MERE DE FAMILLE »

Une des plus anciennes maisons de chocolat, fondée en 1761, cette épicerie fine située 35 rue du Faubourg-Montmartre, a gardé son décor extérieur de boiseries et de fixés-sous-verre du XIXe siècle, ainsi que son mobilier. C’est le seul endroit où trouver encore les vrais bâtons de guimauve! Son emplacement avait été choisi au niveau du pont dit « des Porcherons » (nom de l’ancien village rue Saint-Lazare) qui permettait de franchir le ruisseau de la Grange-Batelière à la croisée des rues de Provence, Richer, Cadet  et du Faubourg- Montmartre.

LA RUE CADET

Ancienne rue de la Voierie au XVIIe siècle, et coupée par la rue La Fayette au XIXe, elle tient son  nom de Cadet de Chambine, maire d’Enghien sous la Restauration et propriétaire des terrains. Mais déjà à la Renaissance, sous Charles IX, Jacques et Jean Cadet étaient ici maitres jardiniers !

Appelée  aussi marché Cadet, cette rue, autrefois marais malodorant avec son dépôt d‘ordures, à proximité du grand égout situé au niveau de la rue de Provenc recouvert en 1775,  a depuis longtemps  une vocation commerçante.

Au XVIIIe, on appelait les « fifi », les demoiselles qui refusaient les avances des Porcherons (jardiniers)…

Agrémentée de bacs à fleurs, elle est  semi piétonne depuis son réaménagement en 2008 et de nombreux commerces lui donnent vie aujourd’hui. Au niveau du n° 9 se trouve l’hôtel Cromot du Bourg (voir fiche).

Le cercle de jeux Cadet (ex Concorde) au n°14, adresse de l’ancienne bourse des pierres précieuses, a remplacé l’ancien Casino Cadet, situé alors au 18 de la rue, établissement qui, de 1859 aux années trente, donna des bals et des concerts. Ce  lieu fut fréquenté par Baudelaire en 1864, qui venait là «regarder passer des têtes de mort».

Un cercle d’études hébraïques trouve aussi place au n° 10,  non loin du siège du Grand Orient de France et donne à cette rue son caractère ouvert à toutes les cultures.

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© E. Fouquet © 9e Histoire 2014


Date de création : 20/03/2014 • 16:20
Catégorie : - Promenades
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