L'Auberge du Clou
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L'Auberge du Clou 1901 - © Overblog
ILS ONT DÉTRUIT L'AUBERGE DU CLOU !
Entre 1875 et 1914 environ, la vie artistique et intellectuelle à Paris se déroulait essentiellement à Montmartre. Dans un périmètre assez réduit allant de la place de Clichy à Barbès et des Grands Boulevards au haut de la Butte, se côtoyaient nombre de grands artistes et intellectuels : Renoir et les Impressionnistes, Van Gogh, Toulouse Lautrec, Picasso mais aussi Verlaine, Rimbaud, Zola, Satie, Debussy, ... pour ne citer qu'eux, et bien d'autres.
Des lieux ont marqué leur présence. Certains ont définitivement disparu comme le Bateau Lavoir sur la Butte, le bal Tabarin et le Chat Noir rue Victor Massé dans le 9e, les cafés l'Abbaye de Thélème et La Nouvelle Athènes place Pigalle, le Paradis et l'Enfer boulevard de Clichy. D'autres ont survécu tant bien que mal jusqu'à aujourd'hui comme La Cigale boulevard de Rochechouart, le Divan rue des Martyrs, l'emblématique Moulin Rouge place Blanche, l'Auberge de la Grande Pinte, devenu en 1889 le célèbre Âne Rouge (aujourd'hui le restaurant Paprika), mitoyen de l'Auberge du Clou, etc...
L'Auberge du Clou et sa voisine l'auberge de La Grande Pinte qui deviendra l'Ane Rouge avenue Trudaine à la fin du XIXe siècle Source : © Gallica .fr
Un de ces lieux, certes moins prestigieux que ceux mentionnés, vient de disparaitre àjamais. Il s'agit de l'Auberge du Clou située 30 avenue Trudaine. C'est, à certains égards, aussi un lieu emblématique. S'y rencontrèrent dès 1883, les opposants au “Chat noir” comme Alfred Jarry mais aussi Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, les peintres et caricaturistes Henri Riviere, Willette, Caran d'Ache, Suzanne Valadon, les musiciens Erik Satie et Claude Debussy y seront pianistes, le dramaturge Georges Courteline, et Alphonse Allais dont c'était leur café préféré, puis Mistinguett et Maurice Chevalier...et bien d'autres venant en voisins du quartier.
L'Auberge du Clou devient rapidement un sanctuaire littéraire et artistique renommé. Le « Clou » permettait aux artistes fauchés d'y accrocher leur œuvre en attendant de pouvoir régler leur addition.
L'Auberge du Clou en 2010. Si l'intérieur avait été assez profondément remanié, du moins la façade restait-elle inchangée. © Action Barbès
Nous assistons impuissants à un réel effacement de la mémoire du lieu avec aujourd'hui cette nouvelle devanture moderne, banale et sans âme pour abriter une activité de restauration rapide parait-il. Tout cela se fait en parfaite connaissance de cause puisque des contacts avec la gérante pour l'informer de la qualité de l'endroit ont eu lieu au préalable. C'est donc une destruction délibérée.
L'ancienne Auberge du Clou début 2021 en travaux © E. Fouquet
Il ne fait pas de doute que la responsabilité de ce saccage incombe directement au propriétaire, à la copropriété qui a nécessairement donné son accord pour modifier la façade du 30 avenue Trudaine comme la Loi lui impose, la Direction de l'Urbanisme de la Ville de Paris qui ne se soucie guère de la mémoire des lieux historiques de notre ville en ne mentionnant pas ceux-ci sur le Plan Local d'Urbanisme et enfin et surtout, l'Architecte des Bâtiments de France chargé du 9e arrondissement qui n'a pas jugé, au mieux, l'endroit suffisamment important pour le laisser détruire, soit au pire, ignorant totalement la qualité de celui-ci.
L'Auberge du Clou vers 1905 Source : © Gallica .fr
Didier VINCENT
On peut trouver des informations à propos de l'Auberge du Clou dans :
• La vie secrète de Montmartre de Philippe Mellet (Ed. Omnibus)
• Vie & Histoire du 9e arrondissement de Jocelyne Deputte ed. Hervas
• Guide « Trudaine Rochechouart dans tous ses éclats » Ed Mairie de Paris
et sur Internet :
• Montmartre secret : avenue Trudaine côté pair
• CPARama cartes postales anciennes 9e arrondissement
• 9ème Histoire : Autour de la place Pigalle au temps de la bohême montmartroise
• Blog Autour du Père Tanguy : l'Auberge du Clou, Zola, Mousseau, 30 avenue Trudaine
et bien sûr le blog Gallica
Contacts : 9ème Histoire : 9histoire@gmail.com – Didier Vincent : ndldidier@gmail.com
UN REGARD COMPLÉMENTAIRE SUR L’AUBERGE DU CLOU
L’Auberge du Clou était (parlons-en au passé puisqu’il n’en reste pratiquement plus rien, pas même le nom l’endroit s’appelant maintenant « « Season), à la fin du XIXe siècle l’un des endroits les plus fréquentés en haut de la rue des Martyrs, au coin de l’avenue Trudaine.
Intérieur de l'Auberge du Clou.
C’est en 1883 qu’un Suisse, Paul Tomaschet, ouvre l’auberge : c’est le succès qui contrebalance un peu celui du « Chat Noir ».
Georges Courteline ca 1890 © Wikipedia & Erik Satie © Wikipedia Sonai y Natalia
Georges Courteline et Erik Satie deviennent des habitués, ainsi que Debussy. Les serveurs sont habillés en paysan, l’intérieur est très rustique : rideaux à petits carreaux, plafonds à poutres, cheminées, tableaux de Willette.
Courteline avait eu l’idée d’installer un appareil pour mesurer le degré de stupidité des clients : un idiomètre ou conomètre. Posé sur le comptoir un tube gradué rempli d’alcool est relié au sous-sol par un tuyau en caoutchouc. Un comparse souffle pour faire monter le liquide rouge dans le tuyau et s’il forme une bulle, le client est déclaré idiot et tous de s’écrier « con s’il y a bulle »...
En 1896, Thomaschet vend et la clientèle change.
Théâtre d'ombres © Spectacle contes en ombres & Cie Coppelius www.coppelius.fr Peinture murale de la cave de l'ancienne Auberge du Clou.
Au sous-sol un théâtre d’ombres avait été aménagé. Il reste à la cave une peinture à fresque très abîmée, de qui ?
Françoise ROBERT
Sources :
Musée Carnavalet
Montmartre en liesse 1880-1900
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Dernière modification : 15/02/2021 • 15:03
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