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Les Théâtres d'Offenbach

 © 9ème Histoire - 2022
 


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Jacques Offenbach et les thÉÂtres parisiens

 


Après une première conférence en 2019 à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Jacques Offenbach, centrée sur ses attaches dans le 9e, Jean-Philippe Biojout* revient ce vendredi 13 mai nous parler de tous les théâtres et salles d’opéra côté rive droite de la capitale, que le compositeur a fréquenté d’une façon ou d’une autre, au gré des innombrables compositions qu’il a pu créer au fil des années.

Une conférence très musicale également puisque de nombreux extraits d’enregistrements filmés de ses compositions nous sont présentés, charge pour nous d’en deviner le titre ! Exercice difficile et non vraiment toujours couronné de succès, en raison de la très riche production d’Offenbach

Jean-Philippe Biojout nous rappelle d’abord que venant de Cologne, le jeune musicien d’à peine 14 ans à son arrivée à Paris fréquente en 1833 le Conservatoire de la rue du Faubourg-Poissonnière, après l’accord de son directeur, l’ombrageux Luigi Cherubini. Séjour d’ailleurs réduit à une seule année pour aller jouer dès 1834 comme violoncelliste dans des salles parisiennes, notamment à l’Opéra-Comique, à l’époque installé près de l’actuelle place de la Bourse. C’est d’ailleurs là qu’il participe en 1835 à la création de l’opéra de Fromental Halévy La Juive qui touchera particulièrement le jeune homme de confession juive.
 


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L'Opéra-Comique Rue Vivienne. Gravure ca 1832.
 


En 1836, il joue au Café Turc, situé boulevard du Temple, surnommé comme on sait le boulevard du Crime, tellement étaient nombreuses les pièces de théâtre qui y étaient jouées et dans lesquelles fleurissaient meurtres et autres faits divers. C’est aussi là qu’il donne ses premières créations. Après une période de tournées en France et en Allemagne où il joue beaucoup dans les salons à la mode, il revient à Paris pour donner en 1843 à la salle Herz (détruite depuis) du 4, rue de la Victoire, sa première pièce lyrique : Le Moine bourru. En 1847, il se produit à l’Opéra National (ancien Cirque Olympique), boulevard du Temple également, créé brièvement par Adolphe Adam. Celui-ci lui présente le livret de la Duchesse d’Albe mais dont Offenbach ne fera finalement rien. Lors de la période sanglante de la révolution de Juillet 1848, il quitte Paris avec sa petite famille pour y revenir dès 1849 d’abord comme violoncelliste puis comme chef d’orchestre, une nouvelle fois à l’Opéra-Comique. Puis la direction de la Comédie-Française le remarque et lui donne le poste de directeur musical en 1851, où il compose beaucoup d’œuvres qui seront plus ou moins reconnues mais qui lui permettront de se faire connaître par un public huppé. Il est en revanche très déçu que la direction de l’Opéra-Comique ne lui commande rien à cette époque …
 


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Le Café Turc  Boulevard du Temple. Gravure de J. Redaway 1830 - © AbeBooks/Lindisframe Prints.
 


En 1855 il joue aux Folies Nouvelles (actuel théâtre Déjazet près de la place de la République) où Leo Delibes donnera sa première œuvre (aujourd’hui disparue) en 1856. 

L’été 1855, il va prendre la direction de la salle Lacaze sur les Champs-Elysées (futur théâtre Marigny) à côté du site de l’Exposition Universelle, qui prendra un peu plus tard le nom de Bouffes d’été où il donne un de ses premiers succès comme compositeur, Les Deux Aveugles, dont Jean-Philippe Biojout nous passe un extrait.  En décembre de la même année, Offenbach achète le théâtre Comte devenant les Bouffes d’hiver, près du passage Choiseul, rue Monsigny, qui deviendra en 1859 la salle de 600 places des Bouffes-Parisiens (reconstruite par Ballu). C’est là qu’il va connaître un autre succès avec une chinoiserie, Ba Ta Clan, écrite par Ludovic Halévy, avec lequel et en compagnie d’Henri Meilhac, il va ensuite beaucoup collaborer. Notre conférencier nous confie aussi que dans cette même salle sera donné en 1858 un autre grand succès : l’opéra bouffe Orphée aux enfers avec son décor féérique et son fameux « galop infernal » inspiré du cancan déjà à la mode à cette époque. Le livret est encore de Ludovic Halévy et Offenbach bénéficie de la participation de la cantatrice qui lui sera fidèle dans ses productions, Hortense Schneider. Le spectacle sera donné 1 000 fois du vivant de Jacques Offenbach, avec même la venue de Napoléon III !  Le nouveau directeur qu’il est apparaît malheureusement trop dépensier et, au bord de la faillite, Offenbach sera obligé de revendre la salle en 1862 aux précédents propriétaires, la famille Comte …  
 

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Le Théâtre des Bouffes-Parisiens ca 1867 - © Salles Lyriques Parisiennes.
 


Après avoir vainement proposé en 1859 la construction d’un théâtre lyrique place du Châtelet (où sera construit le théâtre Sarah Bernhardt, baptisé plus tard Théâtre de la Ville), il reprend son violoncelle à la grande salle Ventadour (aujourd’hui bâtiment de la banque de France entre les rues Méhul et Monsigny).
 


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La salle Ventadour ca 1830 - Source Wikicommons - HBwebsite.jpg
 


En 1860, il compose un ballet romantique Le Papillon qui sera donné 50 fois à L’Opéra de la rue Le Peletier avant que ne survienne le tragique accident de sa danseuse morte brûlée sur scène dans son tutu. Ce ballet ne sera d’ailleurs plus jamais repris.    

Commence aussi une période où les théâtres pouvaient désormais produire indifféremment pièces, opérettes, opéras, C’est aussi le début pour Offenbach des grandes années de création, sorte de « décade prodigieuse », avec La Belle Hélène créée d’abord avec Hortense Schneider en 1864 au beau Théâtre des Variétés, toujours en place sur le boulevard Montmartre mais à l’époque juste à côté des deux célèbres Panoramas en forme de rotonde. Jean-Philippe Biojout nous fait d’ailleurs voir un extrait de ce spectacle mis en scène par le décoiffant Jérôme Savary. Puis ce sera le célèbre opéra bouffe La Vie Parisienne en 1866, créé cette fois au grand Théâtre du Palais-Royal. Grand succès encore, car joué 250 fois attirant un public qui aime aussi être confronté aux travers de la société décrits là. Dans ce même théâtre, Le Château à Toto sera en revanche un échec en 1868 … Entre-temps, après Geneviève de Brabant produit au Théâtre des Menus-Plaisirs, La Duchesse de Gerolstein sera un nouveau triomphe en 1867 au Théâtre des Variétés, opérette interprétée encore par Hortense Schneider, qui tourne pourtant en dérision le militarisme (avec même la venue de Bismarck …). A la chute de Napoléon III après la défaite de Sedan, ce spectacle sera d’ailleurs interdit ! En 1868, les premières représentations de La Périchole comme Les Brigands en 1869 proposées à ce même théâtre, déçoivent le public. C’est à l’Opéra-Comique qu’Offenbach va donner aussi Vert-Vert cette année-là.
 


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Théâtre des Variétés en 1876 - Gravure d'Adolphe Joanne - © Paris Illustré.
 


À la fin du Second Empire, au moment de la défaite face à l’armée prussienne, le compositeur sera critiqué pour ses origines germaniques, et la création en 1872 de Fantasio à nouveau à l’Opéra-Comique sera prétexte à contestations. C’est pourtant en 1872 qu’il redevient directeur de théâtre, mais au Théâtre de la Gaité cette fois-ci, grande et belle salle de 1800 places reconstruite devant le square des Arts-et-Métiers aujourd’hui. Il va y donner un grand opéra-bouffe en 16 tableaux Le Roi carotte, avec 80 artistes sur scène mais sans susciter le triomphe. Orphée aux enfers sera aussi repris ici en 1874. Offenbach innove en donnant des numéros aux places, ainsi même qu’aux ouvreuses pour pouvoir les appeler… Il y joue encore en 1875 un spectacle extraordinaire, Le Voyage dans la Lune, avec des dromadaires venus spécialement du Jardin des Plantes !!
 


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Le Théâtre de la Gaîté - Gravure du "Dictionnaire historique et pittoresque du Théâtre" d'Arthur Pougin 1885 - © Gaîté Lyrique
 


Offenbach, aux prises à nouveau à des difficultés financières en raison de dépenses excessives qui vont le contraindre à vendre ses parts, avait honoré un contrat en 1873 pour donner ici Pomme d’Api au Théâtre de la Renaissance 20, boulevard Saint Martin, salle de taille plus réduite. 

Son dernier grand succès de son vivant sera en 1879 sa 100e opérette, La fille du tambour major, aux Folies dramatiques, théâtre situé au niveau de l’actuelle rue René Boulanger, parallèle au boulevard Saint-Martin (remplacé désormais par un hôtel 5 étoiles !). Comme on sait, il ne verra pas en revanche la création des Contes d’Hoffmann à l‘Opéra-Comique en 1881, achevés quelques mois après sa mort en 1880.
 


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Théâtre des Folies Dramatiques Boulevard du Temple - ca 1876 - © Philippe Chaveau tiré des "Théâtres Parisiens disparus" Paris Amandier.
 


Entrecoupée donc de moments musicaux plus ou moins connus, lors de cette conférence Jean- Philippe Biojout a su brosser avec brio un tableau représentatif de la carrière de Jacques Offenbach dans les nombreuses salles fréquentées par lui à Paris, en tant que brillant violoncelliste d’abord puis comme compositeur prolifique et aussi comme directeur de théâtre.
 

*Jean-Philippe Biojout est auteur de la biographie consacrée à Offenbach chez Bleu nuit éditeur, maison d’édition qu’il a créée, spécialisée dans le domaine de la musique.



      


Emmanuel FOUQUET

 


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Jean-Philippe Biojout au festival Offenbach d'Etretat  -   © LaDameAuChapeau
 


© 9ème Histoire - 2022
 


Date de création : 21/05/2022 • 10:08
Catégorie : - Echos du Terrain
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