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Le Palace



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Le Palace, la célèbre salle de style Art Déco du 8, rue du Faubourg-Montmartre, incrustée dans un immeuble de la fin du XVIIIe siècle, a connu une histoire bien mouvementée depuis près d’un siècle.

Le lieu ouvre ses portes en 1912 comme simple « Cinématographe » prenant d’abord comme noms successifs Gaumont Color et Eden ; puis reconstruit, il devient, en 1923, « Société anonyme de music-hall et de cinéma », sous le nom de Palace Music-hall, avec l’aspect qu’on lui connaît encore aujourd’hui.

C’est durant cette période que sont montés de nombreux spectacles par Oscar Dufrenne et Henri Varna, ses propriétaires, mettant en scène des vedettes comme Maurice Chevalier ou les Dolly Sisters. Ce sont pourtant les revues nues, souvent très osées, qui attirent surtout la foule …

Après l’assassinat crapuleux d’Oscar Dufrenne dans son propre bureau (!), la salle, reconvertie en « Caf’conc’ », prend brièvement le nom d’Alcazar en 1934. Redevenue salle de cinéma à la Libération, elle avait cependant retrouvé son nom, Le Palace, dès 1939, toujours sous la direction d’Henri Varna qui décèdera en 1969.

De 1975 à 1978, on y joue des pièces de théâtre, notamment celles d’Alfredo Arias, mais le lieu se délabre de plus en plus au fil des ans.

C’est à cette époque que Fabrice Emaer, qui allait être un des piliers de la nuit parisienne, rachète la salle avec le soutien du ministre de la Culture de l’époque, Michel Guy, qui contribue à son classement en 1976 à l’Inventaire des Monuments Historiques « au titre de la qualité de son décor intérieur ».
Ce classement a sans doute alors sauvé ce lieu d’une probable destruction.
Fabrice Emaer y effectue d'importants travaux, recomposant plutôt un décor des années 30 et le 1er mars 1978, la salle est ainsi à nouveau ouverte avec un show de Grace Jones qui réinvente à cette occasion La Vie en rose chantée par Piaf !

Le Palace devient un lieu mythique, très lié à l’underground, à la musique pop et à l'émergence de la culture gay. Prince y donne son premier concert parisien en 1981. Pendant une quinzaine d’années, de folles soirées à thème vont s’y succéder; des défilés de mode s’y déroulent avec Kenzo, Karl Lagerfeld, ou Jean-Paul Gaultier; des personnalités aussi différentes que Serge Gainsbourg, Mick Jagger, Yves Saint-Laurent, Andy Warhol, mais aussi Roland Barthes ou Frédéric Mitterrand, s’y montrent également parmi beaucoup d’autres. C’est véritablement le night-club phare à la charnière des années 70-80!

En 1980, Fabrice Emaer ouvre au sous-sol un vaste restaurant/discothèque privé, Le Privilège, décoré par l’artiste Gérard Garouste et réservé à la « Jet set » et aux gens de la nuit. En 1983, à sa mort, commence cependant une période difficile, durant laquelle se succèdent de nombreux propriétaires dont Régine, en 1992, et David Guetta, en 1994, et qui aboutit à sa fermeture en 1996.

En 2006, Chantal et Francis Lemaire, copropriétaires de chaînes de radio en Belgique et les frères Vardar, belges eux aussi, mais d’origine albanaise, passionnés par le théâtre et le music-hall, rachètent la salle laissée à l’abandon pendant près de dix ans. Des travaux considérables de restauration débutent en 2007 sous la houlette des Monuments Historiques et de l'architecte François Préchac.

Est alors restitué l’aspect Art Déco du théâtre d'origine, tel qu'il a été édifié, en 1921, par Marcel Oudin (architecte du Casino de Paris et du Max Linder) et achevé, en 1923, par Charles Rabussier, comme l’attestent des stucs d’époque situés sur le côté gauche de la scène où figurent encore leurs noms.

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Décoration Gérard Garouste à l'époque de Fabrice Emaer

La salle, dont la structure est en béton armé, présente un parterre en pente douce, qui avait été caché depuis les années 70 par des nouveaux planchers pour répondre aux exigences des activités de boîte de nuit voulues par Fabrice Emaer et ses successeurs. La disposition initiale a pu heureusement réapparaitre au cours de ces travaux de restauration, ainsi que le vaste balcon en gradins, le cadre de scène en stuc terre de Sienne et les rampes d’escalier d’origine avec leurs fines rambardes en fer forgé.

Des centaines de mètres carrés de fresques, de peintures au pochoir et de moulures décoratives ont été reconstitués après avoir été décapés. La décoration des années Emaer, (avec notamment des frises en plastique !), qui s’était souvent superposée à celle des années 20, est de ce fait supprimée.

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On retrouve ainsi la très belle frise réalisée sur toile et marouflée au mur, représentant une allégorie de la danse, qu’a voulu placer là en 1923 l’architecte Charles Rabussier, sorte de mixte entre le style Art Nouveau et Art Déco, typique de l’époque Art Déco, qui vient ceindre la salle en sa partie haute. La frise remise fidèlement en état est elle-même encadrée d’une moulure faite de feuillage vert avec rehauts dorés.

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           Mosaïques en "queues de paon"                 Poignées de portes en tubes de laiton noués 

La restauration est poussée à un tel point qu’outre la restitution des couleurs d’origine avec une dominante de beige et de rose, bien représentative de l’Art Déco, les mosaïques des escaliers de secours menant Cité Bergère ont été refaites, ainsi que celles du long couloir d’entrée en forme de « queues de paon », comme les vitrines du couloir d’entrée rénovées ; on a même été jusqu’à remettre en place les luminaires Art Déco des plafonds et toutes les poignées d’époque des portes, en tubes de laiton noués dont certaines avaient pu être sauvées ! Le meuble bar monumental du foyer a lui aussi pu être sauvegardé.

Après sa réhabilitation qui bénéficie des aménagements de mise en conformité obligatoires pour toute salle de spectacle moderne, Le Palace nouvelle formule, doté d’une jauge de 970 places, ouvre en novembre 2008 pour y accueillir le retour de Valérie Lemercier sur les planches. De nombreuses comédies vont ensuite s’y succéder pour animer cette partie du Faubourg- Montmartre, comme aujourd’hui La Famille Addams, comédie musicale enlevée où règnent le macabre et l’excentrique !

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Des spectacles pour tous publics continuent donc à être donnés dans la grande salle dirigée par Azis Vardar, en revanche l’activité discothèque qui avait semblé reprendre ses droits durant quelques mois avec la rénovation et la réouverture du sous-sol par une direction autonome, sous le nom de Palace Club Paris (ex Privilège), se limite désormais à la seule location de cet espace pour des soirées privées.

Il reste à espérer que Le Palace saura conserver et entretenir le beau décor de sa salle mythique, si fidèlement restauré il y a près de 10 ans maintenant !

Emmanuel FOUQUET

© E. Fouquet 2012-2014-2017 © 9e Histoire 2014-2017


Date de création : 05/10/2017 • 09:00
Dernière modification : 06/10/2017 • 14:57
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