Les Fontaines de Wallace
© F. Robert 2015 © 9e Histoire 2015
LES FONTAINES DE WALLACE
Elles font partie du paysage et du patrimoine parisiens, au même titre que les colonnes Morris. Dans le 9e arrondissement, elles ne sont que deux : place Toudouze et place de Budapest.
Fontaine Wallace, place Toudouze 75009
C’est à l’initiative de Sir Richard Wallace qu’à partir de 1872, ces fontaines ont été implantées à Paris, dont la première boulevard de la Villette.
Richard Wallace, riche mécène anglais habitant du boulevard des Italiens, était probablement le fils naturel de Richard Seymour-Conway, 4e marquis de Hertford et l’héritier d’une partie de l’immense fortune familiale.
La mode était alors à la philanthropie et les bourgeois fortunés soutenaient financièrement des œuvres, par réelle charité chrétienne ou pour entretenir leur réputation (de nos jours on parlerait de stratégie de communication)…
S’étant ému de la condition des parisiens pendant le siège de la Commune et du manque d’eau potable dans la capitale - les travaux d’Haussmann et de Belgrand, directeur du Service des eaux et des égouts, n’avaient en effet pas encore permis l’alimentation de tous les quartiers à cette époque - Wallace finança l’exécution de fontaines publiques en offrant à la Ville de Paris "50 fontaines à boire" à établir sur les points les plus utiles pour permettre aux passants de se désaltérer.
Il participera même au dessin des différents modèles - quatre en tout - oeuvre du sculpteur Charles Auguste Lebourg. Ces fontaines ont été fondues par la Société Anonyme des Hauts Fourneaux et Fonderies du Val d’Osne, entreprise située en Haute Marne qui fait partie du groupe GHM (important groupe industriel spécialisé dans les domaines de la fonderie, de la fonderie d’art, de l’éclairage et de l’aménagement des espaces publics) et produit encore actuellement des fontaines Wallace.
Les caryatides des fontaines Wallace Place Abadi Paris 12e Les Trois Grâces de Germain Pilon
Le modèle le plus connu est celui dit « à caryatides ». Chacune des caryatides incarne une vertu féminine : simplicité, charité, bonté, sobriété et s’inspire des « Trois Grâces » de Germain Pilon. L’eau potable s‘écoule sous la coupole dans une vasque. Jusqu’en 1952, des gobelets de fer blanc, retenus par une chaînette, permettaient de la recueillir.
Trois autres modèles ont été fabriqués et installés :
La fontaine « à colonnettes » : plus rare que la précédente, dont seuls deux exemplaires subsistent à Paris, dans le XVIe, à l’angle des rues Rémusat et Mirabeau, et place Tristan Bernard dans le XVIIe.
La fontaine « en applique » qui était fixée à un mur. Elle était destinée à de nombreux bâtiments et édifices publics dont il ne resterait aujourd'hui qu'un seul exemplaire, situé rue Geoffroy-Saint-Hilaire dans le Ve.
et la fontaine « petit modèle » plus tardive que les précédentes mais très répandue dans les parcs et jardins.
Toutes ces fontaines, à présent décoratives, ont rencontré un succès fou au moment de leur mise en service:
« Il y a queue, écrivait Jean de Nivelle dans Le Soleil du 23 août 1898, autour de ces petits édicules de bronze que nous devons à la générosité d’un riche anglais, ami de la France et je vous certifie que le spectacle n’est pas banal ».
Paris compte actuellement 120 fontaines Wallace et de nombreuses villes en Régions en sont également dotées. C’est le cas d’Angers, Avignon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dunkerque, Hyères, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes…
Des capitales, ainsi que des villes étrangères moins importantes, ont également leur fontaine : Lisburn, en Irlande du Nord, dont Wallace fut le représentant aux Communes, possède deux fontaines, seul exemple avec Paris d'un don personnel de Wallace. Mais également Montréal, Québec, Los Angeles, Londres, Jérusalem… Enfin on rencontre des fontaines Wallace en Afrique du Sud, au Brésil, en Espagne, au Portugal, en Jordanie, en Suisse, en Chine et même à Tbilissi en Géorgie !
Mais si les fontaines Wallace ne servent plus qu’à décorer nos rues, il convient de rappeler que près de 1.000 fontaines de distribution d'eau potable, disséminées dans les rues, squares, jardins, cimetières et bois de Paris, sont aujourd’hui à la disposition du public.
Wallace… pas mort !
Françoise ROBERT
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