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Patrimoine Vert - mai 2017


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La Sainte Catherine au square Montholon
 

À la poursuite du patrimoine vert du 9e arrondissement

Il faisait déjà une belle chaleur à Paris ce lundi 15 mai et le printemps était donc bien au rendez-vous lorsque Michèle Quentin débute sa conférence pour évoquer auprès de la nombreuse assistance réunie ce soir là le patrimoine vert de notre arrondissement.

Le premier constat n’est pas très flatteur puisque le 9e comporte le moins d’espaces verts publics de la capitale avec 0,24 m2 par habitant ! L’arrondissement dispose en effet de cinq squares, Berlioz (le plus ancien), Montholon, Estienne d’Orves, Anvers et Alex Biscarre (le plus récent), couvrant une superficie de 1,42 ha au total.

Le terme de « square » (de l’anglais : carré), a été utilisé par Louis-Napoléon Bonaparte (le futur Napoléon III), très impressionné lors de son exil à Londres par l’importance des jardins et parcs publics dans la métropole britannique, pour désigner les 24 squares créés à Paris par Alphand sous son autorité. Notre conférencière insiste d’ailleurs sur le rôle joué par le Second Empire dans la création des espaces verts dans Paris.

Snow on the Park-Neige sur la statue de Berlioz.jpg
Le square Berlioz sous la neige

Michèle Quentin commence par parler de l’origine du square Berlioz, le plus ancien, au nord de l’arrondissement, créé entre 1841 et 1844 (ouvert en 1859).
Celui-ci est en effet issu des terrains achetés en 1747 par Jean Gaillard de la Bouëxière, fermier général, pour construire un pavillon, qui allaient occuper une large superficie en 1773 (10 ha !) entre les actuelles rues Blanche, de Clichy et le boulevard de Clichy au nord, la rue Saint-Lazare au sud, et qui se confondent bientôt avec ceux achetés en 1766 par Simon-Gabriel Boutin, fils d’un fermier général, comme le montrent les plans de l’époque.
Boutin les baptise Folies Tivoli, en référence aux célèbres jardins de la ville italienne de Tivoli, résidence d’agrément surplombant le Paris de l’époque avec parterres, pièces d’eau, grottes, et des rochers entre lesquels couraient des cascades au milieu de diverses décorations végétales et de treillages.

En 1774 le démembrement allait commencer à la suite de la vente de la propriété en parcelles et en 1795, après l’exécution de Boutin, la propriété devient le Grand Tivoli, parc d’attraction pour le délassement des parisiens, très à la mode sous le Directoire.

ruggieri-juillet-1836-pont-concorde.jpg
Feu d'artifice de Ruggieri au pont de la Concorde en juillet 1836

Les frères Ruggieri venus de Bologne allaient exercer là leurs talents d’artificiers au cours de fêtes somptueuses. Des numéros de cirque sont aussi présentés et des premières expériences plus ou moins réussies d’aérostats allaient même être tentées depuis les hauteurs de la Montagne Tivoli.
En 1812 des « Vols à tirs d’aile » ont lieu, avec souvent des issues tragiques pour ces hommes ou femmes oiseaux … L’aboutissement en est la fermeture du lieu en 1820 pour une réouverture en 1826 sous le nom de
Nouveau Tivoli avec la création notamment d’un tir aux pigeons !
En 1841, le jardin est loti progressivement dans sa partie sud, au nord après la destruction du pavillon de la Bouëxière, subsiste un terrain qui va donner naissance en 1844 au petit square elliptique d’aujourd’hui. Il porte alors le nom de square Sainte-Hélène parce qu’on disait qu'un particulier y avait planté un saule provenant de la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène !

En 1850, une statue représentant Napoléon en Prométhée, est installée. La statue était en marbre, majestueuse, mais présentait l'Empereur entièrement nu, ce qui choque profondément et aboutit à sa destruction… En 1886, une statue en bronze d’Hector Berlioz est placée là mais sera fondue pendant l’occupation pour être remplacée par une statue du musicien, cette fois ci en pierre.

square-berlioz-la-place-vintimille.jpg
Édouard Vuillard - La Place Vintimille - 1915

Un tableau célèbre de Vuillard représente ce square dont, de nos jours, il est prévu que les alentours soient aménagés pour agrandir la surface plantée de la place Adolphe Max (ancienne place Vintimille). Qui se doute encore qu’il s’agit là d’un reste bien modeste d’une des grandes Folies du XVIIIe siècle !

Il était temps de passer au deuxième square celui de Montholon tracé en 1863 par Alphand pour obéir à la volonté verte de Napoléon III. Dans son livre « Les promenades de Paris », Alphand traduit d’ailleurs bien toute la politique mise en œuvre à cette époque en matière de végétalisation de Paris et qui devait contribuer à l’éducation du peuple, par le respect d’un certain ordre.

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Le square Montholon

Initialement ce square, d’une superficie de 4.500 m2 était doté d’une pièce d’eau en son milieu et de statues en bronze qui furent fondues en 1942. On y trouve maintenant un groupe en marbre de Julien Lorieux, intitulé La Sainte Catherine, qui rend hommage aux ouvrières du quartier, acquis par la mairie de Paris en 1913 (mis en place dans le square en 1923).
Le square est entouré de grilles en fonte aux motifs en forme de cœur, de style Louis-Philippe et comprend deux petites terrasses. Deux Platanes d'Orient plus que centenaires, de près de 40 m de haut et de plus de 4 m de circonférence, sont les seuls témoins d’une époque révolue et sont maintenant mis en valeur par un réaménagement récent de leurs abords.

Les dames en crinoline du Second Empire seraient cependant fort surprises aujourd’hui de côtoyer les scooters et véhicules qui encombrent désormais la bruyante rue La Fayette qui longe le square…

Square_Orves.jpg 
Le square d'Estienne d'Orves

Le square d’Estienne d’Orves est un autre témoignage en 1866 des travaux d’Alphand. D’une superficie de 3.500 m2 et de forme semi elliptique, il se développe au pied de l’église de la Sainte-Trinité, construite par Ballu. Il a un petit air de Renaissance florentine avec ses trois fontaines accolées à la balustrade de l’église, et avec ses trois statues (la Foi, la Charité et l’Espérance). Michèle Quentin nous fait remarquer que le square possède également un arbre rare : le Pterocaryer du Caucase et ses longues feuilles, planté en 1862 !
Le square a pris le nom à la Libération du valeureux résistant, fusillé en 1941, Honoré d’Estienne d’Orves. Il souffre cependant d’être à l’intersection de plusieurs voies : Saint-Lazare, Chaussée d’Antin, Châteaudun notamment, et le calme n’y est pas non plus là garanti !

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Le square d'Anvers

Le Square d’Anvers est un peu plus tardif et a pris la place en 1877 des anciens abattoirs de Montmartre en prenant le nom d’une victoire sur les hollandais en 1832 (un peu oubliée aujourd’hui !)… Dessiné par Formigé sous l’autorité d’Alphand, et en annexant plus récemment la rue d’Anvers le long du lycée Jacques Decour, il possède un charmant petit kiosque à musique.

Ses deux statues en bronze, représentant Diderot et Sedaine ont une fois de plus été fondues en 1942, et la colonne de la Victoire, comme les platanes qui s’y trouvaient, ont été la victime de la construction d’un parking souterrain dans les années 1970. Puis Le square a été restructuré avec succès en 2016 et offre désormais pour les riverains un espace de jeux et de tranquillité.

A_Biscarre_1.jpg
Le square Alex Biscarre
 

Michèle Quentin termine son exposé en évoquant le petit square Alex Biscarre (un peu plus de 1.000 m2) du nom du Conseiller de Paris qui a œuvré en 1964 pour que cet espace un peu caché et verdoyant uniquement accessible par un des côtés de la rue Notre-Dame de Lorette, soit transformé en square. On l’appelle d’ailleurs souvent également square Saint Georges, du nom de la place voisine.

Mme Dosne était propriétaire du domaine au XIXe siècle et l’avait cédé en 1832 à Adolphe Thiers qui devait alors épouser sa fille. Il comporte un bel hôtel particulier appelé Dosne-Thiers dont la face arrière donne directement sur le jardin avec sa pelouse circulaire en légère pente.
Pendant la Commune en 1871, la propriété a été détruite puis reconstruite à partir de 1873. La veuve de Thiers en fit ensuite don à l’état en 1905 et celle-ci devint la bibliothèque de l’Institut de France. Pendant la guerre de 14-18, le lieu a aussi accueilli des blessés.
Aujourd’hui, le square est beaucoup fréquenté par les enfants du quartier qui viennent s’y amuser en compagnie de parents soucieux de trouver un peu de verdure.

C’est là que se clôt alors la conférence, très visuelle et documentée, de Michèle Quentin, qui après avoir répondu à quelques questions partage avec l’assistance le pot de l’amitié!

Emmanuel FOUQUET

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La Sainte Catherine au square Montholon
 

À la poursuite du patrimoine vert du 9e arrondissement

Il faisait déjà une belle chaleur à Paris ce lundi 15 mai et le printemps était donc bien au rendez-vous lorsque Michèle Quentin débute sa conférence pour évoquer auprès de la nombreuse assistance réunie ce soir là le patrimoine vert de notre arrondissement.

Le premier constat n’est pas très flatteur puisque le 9e comporte le moins d’espaces verts publics de la capitale avec 0,24 m2 par habitant ! L’arrondissement dispose en effet de cinq squares, Berlioz (le plus ancien), Montholon, Estienne d’Orves, Anvers et Alex Biscarre (le plus récent), couvrant une superficie de 1,42 ha au total.

Le terme de « square » (de l’anglais : carré), a été utilisé par Louis-Napoléon Bonaparte (le futur Napoléon III), très impressionné lors de son exil à Londres par l’importance des jardins et parcs publics dans la métropole britannique, pour désigner les 24 squares créés à Paris par Alphand sous son autorité. Notre conférencière insiste d’ailleurs sur le rôle joué par le Second Empire dans la création des espaces verts dans Paris.

Snow on the Park-Neige sur la statue de Berlioz.jpg
Le square Berlioz sous la neige

Michèle Quentin commence par parler de l’origine du square Berlioz, le plus ancien, au nord de l’arrondissement, créé entre 1841 et 1844 (ouvert en 1859).
Celui-ci est en effet issu des terrains achetés en 1747 par Jean Gaillard de la Bouëxière, fermier général, pour construire un pavillon, qui allaient occuper une large superficie en 1773 (10 ha !) entre les actuelles rues Blanche, de Clichy et le boulevard de Clichy au nord, la rue Saint-Lazare au sud, et qui se confondent bientôt avec ceux achetés en 1766 par Simon-Gabriel Boutin, fils d’un fermier général, comme le montrent les plans de l’époque.
Boutin les baptise Folies Tivoli, en référence aux célèbres jardins de la ville italienne de Tivoli, résidence d’agrément surplombant le Paris de l’époque avec parterres, pièces d’eau, grottes, et des rochers entre lesquels couraient des cascades au milieu de diverses décorations végétales et de treillages.

En 1774 le démembrement allait commencer à la suite de la vente de la propriété en parcelles et en 1795, après l’exécution de Boutin, la propriété devient le Grand Tivoli, parc d’attraction pour le délassement des parisiens, très à la mode sous le Directoire.

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Feu d'artifice de Ruggieri au pont de la Concorde en juillet 1836

Les frères Ruggieri venus de Bologne allaient exercer là leurs talents d’artificiers au cours de fêtes somptueuses. Des numéros de cirque sont aussi présentés et des premières expériences plus ou moins réussies d’aérostats allaient même être tentées depuis les hauteurs de la Montagne Tivoli.
En 1812 des « Vols à tirs d’aile » ont lieu, avec souvent des issues tragiques pour ces hommes ou femmes oiseaux … L’aboutissement en est la fermeture du lieu en 1820 pour une réouverture en 1826 sous le nom de
Nouveau Tivoli avec la création notamment d’un tir aux pigeons !
En 1841, le jardin est loti progressivement dans sa partie sud, au nord après la destruction du pavillon de la Bouëxière, subsiste un terrain qui va donner naissance en 1844 au petit square elliptique d’aujourd’hui. Il porte alors le nom de square Sainte-Hélène parce qu’on disait qu'un particulier y avait planté un saule provenant de la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène !

En 1850, une statue représentant Napoléon en Prométhée, est installée. La statue était en marbre, majestueuse, mais présentait l'Empereur entièrement nu, ce qui choque profondément et aboutit à sa destruction… En 1886, une statue en bronze d’Hector Berlioz est placée là mais sera fondue pendant l’occupation pour être remplacée par une statue du musicien, cette fois ci en pierre.

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Édouard Vuillard - La Place Vintimille - 1915

Un tableau célèbre de Vuillard représente ce square dont, de nos jours, il est prévu que les alentours soient aménagés pour agrandir la surface plantée de la place Adolphe Max (ancienne place Vintimille). Qui se doute encore qu’il s’agit là d’un reste bien modeste d’une des grandes Folies du XVIIIe siècle !

Il était temps de passer au deuxième square celui de Montholon tracé en 1863 par Alphand pour obéir à la volonté verte de Napoléon III. Dans son livre « Les promenades de Paris », Alphand traduit d’ailleurs bien toute la politique mise en œuvre à cette époque en matière de végétalisation de Paris et qui devait contribuer à l’éducation du peuple, par le respect d’un certain ordre.

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Le square Montholon

Initialement ce square, d’une superficie de 4.500 m2 était doté d’une pièce d’eau en son milieu et de statues en bronze qui furent fondues en 1942. On y trouve maintenant un groupe en marbre de Julien Lorieux, intitulé La Sainte Catherine, qui rend hommage aux ouvrières du quartier, acquis par la mairie de Paris en 1913 (mis en place dans le square en 1923).
Le square est entouré de grilles en fonte aux motifs en forme de cœur, de style Louis-Philippe et comprend deux petites terrasses. Deux Platanes d'Orient plus que centenaires, de près de 40 m de haut et de plus de 4 m de circonférence, sont les seuls témoins d’une époque révolue et sont maintenant mis en valeur par un réaménagement récent de leurs abords.

Les dames en crinoline du Second Empire seraient cependant fort surprises aujourd’hui de côtoyer les scooters et véhicules qui encombrent désormais la bruyante rue La Fayette qui longe le square…

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Le square d'Estienne d'Orves

Le square d’Estienne d’Orves est un autre témoignage en 1866 des travaux d’Alphand. D’une superficie de 3.500 m2 et de forme semi elliptique, il se développe au pied de l’église de la Sainte-Trinité, construite par Ballu. Il a un petit air de Renaissance florentine avec ses trois fontaines accolées à la balustrade de l’église, et avec ses trois statues (la Foi, la Charité et l’Espérance). Michèle Quentin nous fait remarquer que le square possède également un arbre rare : le Pterocaryer du Caucase et ses longues feuilles, planté en 1862 !
Le square a pris le nom à la Libération du valeureux résistant, fusillé en 1941, Honoré d’Estienne d’Orves. Il souffre cependant d’être à l’intersection de plusieurs voies : Saint-Lazare, Chaussée d’Antin, Châteaudun notamment, et le calme n’y est pas non plus là garanti !

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Le square d'Anvers

Le Square d’Anvers est un peu plus tardif et a pris la place en 1877 des anciens abattoirs de Montmartre en prenant le nom d’une victoire sur les hollandais en 1832 (un peu oubliée aujourd’hui !)… Dessiné par Formigé sous l’autorité d’Alphand, et en annexant plus récemment la rue d’Anvers le long du lycée Jacques Decour, il possède un charmant petit kiosque à musique.

Ses deux statues en bronze, représentant Diderot et Sedaine ont une fois de plus été fondues en 1942, et la colonne de la Victoire, comme les platanes qui s’y trouvaient, ont été la victime de la construction d’un parking souterrain dans les années 1970. Puis Le square a été restructuré avec succès en 2016 et offre désormais pour les riverains un espace de jeux et de tranquillité.

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Le square Alex Biscarre
 

Michèle Quentin termine son exposé en évoquant le petit square Alex Biscarre (un peu plus de 1.000 m2) du nom du Conseiller de Paris qui a œuvré en 1964 pour que cet espace un peu caché et verdoyant uniquement accessible par un des côtés de la rue Notre-Dame de Lorette, soit transformé en square. On l’appelle d’ailleurs souvent également square Saint Georges, du nom de la place voisine.

Mme Dosne était propriétaire du domaine au XIXe siècle et l’avait cédé en 1832 à Adolphe Thiers qui devait alors épouser sa fille. Il comporte un bel hôtel particulier appelé Dosne-Thiers dont la face arrière donne directement sur le jardin avec sa pelouse circulaire en légère pente.
Pendant la Commune en 1871, la propriété a été détruite puis reconstruite à partir de 1873. La veuve de Thiers en fit ensuite don à l’état en 1905 et celle-ci devint la bibliothèque de l’Institut de France. Pendant la guerre de 14-18, le lieu a aussi accueilli des blessés.
Aujourd’hui, le square est beaucoup fréquenté par les enfants du quartier qui viennent s’y amuser en compagnie de parents soucieux de trouver un peu de verdure.

C’est là que se clôt alors la conférence, très visuelle et documentée, de Michèle Quentin, qui après avoir répondu à quelques questions partage avec l’assistance le pot de l’amitié!

Emmanuel FOUQUET

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Date de création : 19/05/2017 • 19:44
Catégorie : - Echos du Terrain
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