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Lajos Kossuth 1848

© G. Val 2012 © 9e Histoire 2012-2014

LAJOS KOSSUTH

ET LE PRINTEMPS DES PEUPLES EUROPEENS DE 1848

Si la révolution de 1789 est restée confinée à la France, celle de 1848 fut européenne. Pour la première fois les peuples européens ne se sont pas battus entre eux mais se sont soulevés simultanément pour la liberté et la démocratie, demandant la liberté de la Presse, un Parlement ou une Constitution. Dans chaque pays européen ces événements en 1848 sont analysés, expliqués en fonction de l’histoire intérieure du pays. Or celles-ci sont liées et interdépendantes, nous allons donc analyser ces événements avec un regard d’européen.

Malgré la restauration en France en 1815, les idées des lumières et de la révolution continuent à se propager en Europe et dans le Monde. Par exemple les libérateurs de l’Amérique du Sud dans les années 1813/1821, Simon Bolivar et San Martin s’inspirent de ces idées. L’Europe de 1848 a des problèmes économiques et des famines (en Irlande un million de morts et un million d’émigrants sur une population de 5 millions), l’évolution des technologies (bateaux à vapeur, chemin de fer, télégraphe, journaux - en 1848 création de plus de 469 journaux rien qu’en France) vont jouer un rôle déterminant dans la propagation des nouvelles.

En 1789, il avait fallu 5 jours pour que la nouvelle de la révolution française parvienne à Londres. En 1848, il ne faut avec le télégraphe que quelques heures. En cas de censure, les nouvelles arrivent par trains et bateaux par les voyageurs. A cette époque le français est compris dans l’ensemble de l’Europe et sert de langue internationale.

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Ainsi, quelques jours après la révolution française du 22/23 février 1848, le 3 mars, Lajos Kossuth, leader charismatique hongrois, monte à la tribune de la Diète et réclame la liberté de la presse, l’autonomie de la Hongrie, et une constitution pour l’Empire. Sa proclamation sera lue à Vienne et applaudie par les viennois qui se révolteront les 13/14 Mars pour empêcher que les troupes impé- riales attaquent la Hongrie.

Le 15 Mars c’est Budapest qui se soulève. Le 8 Avril c’est Prague. Du 17 au 19 Mars, Berlin se révolte, Munich le 19 mars, Venise du 17 au 22, Milan le 18 au 22 mars, Rome 15/16 Novembre.

Ces révolutions rêvent d’une Fédération Universelle des Républiques. Les deux révolutions européennes qui ont réussi en 1848 furent celles de France et de Hongrie. En France, Alphonse de Lamartine, leader de la révolution de février, dilapide son prestige lors des journées de juin et perd les élections le 10 Décembre 1848 contre le Prince Napoléon. Qui établira l’Empire par un coup d’Etat Le 2 décembre 1851.

En Hongrie il faudra l’intervention d’une armée étrangère: celle du Tsar de Russie.

Partout ailleurs les révolutions furent écrasées par les potentats locaux. Les raisons : manque de leadership, manque d’organisation (ces révolutions sont spontanées), répugnance à utiliser la violence, désaccords sur les buts et les moyens d’y parvenir. Manque de finances et manque de troupes.

En Hongrie Lajos Kossuth crée une nouvelle monnaie et lève simultanément une armée de deux cents mille volontaires. Ce qui fera de lui un des leaders incontestés des révolutions européennes de 1848.

En 1848, plusieurs pays européens n’existent pas: l’Italie qui sera fondée en en1861 avec l’aide de Garibaldi, l’Allemagne en 1871, la Pologne recréée en 1920. Des revendications nationales viennent s’ajouter aux demandes de Liberté et de Démocratie.

En Allemagne, composée alors de 39 Etats différents, suite aux révolutions se crée un Parlement à Francfort. le 18 mai. Un des députés s’appelle Karl Marx. Ce Parlement proposera au Roi Frédéric-Guillaume IV une couronne d’empereur constitutionnel. Celui-ci, après avoir fait traîner sa réponse, déclinera l’offre. Il expliquera dans un courrier privé le mépris qu’il avait pour cette proposition: « Une couronne sans pouvoir sortie du ruisseau »

Le Parlement de Francfort perdit beaucoup de temps en débats pour savoir si la nouvelle Allemagne devra comprendre l’Autriche et dans l’affirmative inclure les peuples non allemands de cet Empire. L’armée de ce parlement était composée essentiellement d’unités Prussiennes sous le commandement d’un Général Prussien, loyal bien sûr au Roi de Prusse. Et lorsque celui-ci déclina l’offre de la couronne, il ordonna tout simplement à son Général de rentrer avec ses troupes. Le Parlement se trouva alors sans armée.

En Pologne rayée de la carte par des partages successifs entre la Russie, la Prusse, et l’Autriche, les polonais ne cessent de se révolter et cela bien avant 1848. Ils fournissent des combattants, voir des généraux aux diverses révolutions européennes. Comme par exemple le Général Bem en Hongrie qui commandera une armée hongroise et gardera un tel prestige dans l’esprit des hongrois que les déclarations enflammées qui lancèrent la révolution de 1956 furent faites devant sa statue à Budapest.

Le tsar de Russie, qui occupait une partie importante de la Pologne, était particulièrement virulent contre tous les foyers révolutionnaires. Et menaçait les pays voisins d’intervenir directement avec ses troupes s’ils n’écrasaient pas eux mêmes leurs révolutionnaires ou tout simplement réformateurs. Il obligea ainsi, sous menace d’intervention directe, l’Empire Ottoman à supprimer les concessions que celui-ci avait concédé à la Moldavie et à la Valachie (Roumains). Il n’hésita pas à envoyer ses troupes en Hongrie.

En Italie l’aspiration est aussi à l’unification. Révolutions à Palerme, à Venise, Milan, Messine, Reggio, puis Rome où Garibaldi participera à la fondation de l’éphémère république de Rome. Constitution à Naples, en Sardaigne, Piémont et Toscane. Ces révolutions seront localement réprimées et serviront de répétition générale à l’unification de l’Italie qui n’interviendra qu’en 1861.

Au Brésil existera à Recife de 1848 à 1852 une République de Pernambouc. L’Etat actuel de Pernambouc au Brésil utilise comme drapeau celui des insurgés de 1848.

Kossuth sera invité pour une tournée triomphale aux Etats-Unis, ou il sera le deuxième européen après Lafayette à avoir l’honneur de s’adresser aux deux chambres américaines réunies en Congrès. Il préconisera le remplacement de l’empire d’Autriche par une confédération d’états danubiens (L’Europe d’aujourd’hui) et sera contre le compromis de 1867 qui donnera naissance à l’Autriche-Hongrie. Les conséquences de l’échec des révolutions européennes de 1848 conduiront l’Europe aux deux sanglantes guerres mondiales du XXe siècle.

Georges Val

Cet article est le résumé d’une conférence donnée par Georges Val à l’occasion de la Fête de l’Europe à la Mairie du 9e. Il nous a paru intéressant de l’insérer dans notre bulletin et de le mettre en ligne sur le site www.neufhistoire.fr puisque la place Kossuth, ancien carrefour de Chateaudun, est un lieu important et chargé d’histoire de notre arrondissement.En effet, au moment de la révolution hongroise de 1956 de violentes manifestations anti-soviétiques eurent lieu devant l’immeuble qui était alors le siège du PCF... après avoir été celui de la Milice pendant la guerre !

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© G. Val 2012 © 9e Histoire 2012-2014


Date de création : 12/04/2014 • 21:09
Catégorie : - Personnages
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