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Aubrey Beardsley - le 19/11/2020 • 13:04 par cro160

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Jacques-Émile Blanche  -  Aubrey Beardsley  - 1895  © National Portrait Gallery

 



Aubrey Beardsley
(1872-1898)

 


L’exposition « Aubrey Beardsley », inaugurée au Musée d’Orsay le 13 octobre 2020, aura été de courte durée puisqu’interrompue, un peu plus de deux semaines plus tard, par le reconfinement lié au coronavirus.

Aubrey Beardsley, artiste peu connu en France, est considéré comme une étoile filante du monde artistique britannique puisque, né à Brighton en 1872, on lui diagnostique, à l’âge de 7 ans, la tuberculose dont il mourra à 25 ans.

Sa carrière artistique se déroulera sur sept ans, de 1891 à 1898, années durant lesquelles il se fait essentiellement connaître comme directeur artistique d’un certain nombre de revues (« The Yellow Book », ‘The Studio », « The Savoy »…) et comme illustrateur de romans, poèmes et pièces de théâtre.
 

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               Aubrey Bearslley  -  Couvertures de  "The Studio"  et de "The Savoy"

 


Déjà remarqué pour ses caricatures alors qu’il est encore au lycée, mais plus attiré par la littérature et l’écriture, il rédige alors poèmes et pièces de théâtre et réserve ses dons d’illustrateur pour les programmes des pièces qu’il interprète dans le cadre scolaire.


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J.A Mc Neill Whistler  1876-1877  The Peacock Room  -  © Free Gallery of Art & Arthur M. Sackler Gallery.
 


En 1891, lors d’une visite de la demeure de l’armateur Frederick Leyland à Londres, il découvre la salle à manger (baptisée « The Peacock Room ») décorée par James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) dans un style japonisant très à la mode à cette époque en Europe. Cette rencontre avec l’art de Whistler déclenche chez Beardsley sa véritable vocation (et l’amène à mettre de nombreux détails japonisants dans ses propres œuvres), d’autant plus qu’il est encouragé  au même moment par le peintre préraphaélite Edward Burne-Jones (1833-1898) à qui il montre ses dessins et qui lui dit « Je ne conseille pratiquement jamais à personne de faire de l’art sa profession mais, en ce qui vous concerne, je ne peux pas faire autrement », ce qui n’empêchera pas Burne-Jones, quelques années plus tard, de critiquer violemment le style et la vulgarité de l’artiste. Il incite Beardsley à suivre des cours à la « Westminster School of Art ». Plus tard Beardsley rencontrera Robert Ross, écrivain et critique d’art, grand ami d’Oscar Wilde, qui lui achète des dessins et l’incite à continuer sur cette voie.

En 1892, l’éditeur J.M. Dent lui confie l’illustration d’une œuvre de Thomas Malory sur la légende du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde : « Le Morte Darthur » (publié d’abord en 1485), puis celle de la version anglaise de la pièce d’Oscar Wilde « Salomé », initialement écrite par le dramaturge irlandais en français. On a pu voir certaines de ses illustrations lors de l’exposition du Petit Palais consacrée à Oscar Wilde, en 2016 (suivre ce lien).
 


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       Aubrey Beardsley - Le Morte d'Arthur  - 1894 - © Fogg Museum Cambridge Mass USA                          The Dancer's Reward - Salome for Oscar Wilde's play  1894 - © artinthepicture.com
 


Parallèlement, il contribue comme illustrateur ou directeur artistique à plusieurs revues littéraires : « The Studio », en 1891 ; le « Yellow Book » en 1894 ; « The Savoy », en 1896. Sa contribution au « Yellow Book », célèbre revue qui met les Beaux-Arts et la littérature sur un pied d’égalité, sera brève car, même si elle doit son succès à Beardsley, aux yeux du public, ce dernier est associé à Oscar Wilde, alors poursuivi pour homosexualité par Sir Alfred Douglas, le père de son jeune amant.
 


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The Yellow Book - 1894 -
 


Ses illustrations n’étant plus les bienvenues, il est renvoyé de la revue par l’éditeur John Lane et il part pour Dieppe où il rejoint une colonie d’artistes anglais, parmi lesquels se trouve l’éditeur Leonard Smithers qui lui proposera de collaborer à une nouvelle revue, « The Savoy », qui ne connaîtra que huit numéros.

Parallèlement, il continue à illustrer des ouvrages dont celui d’Alexander Pope (1688-1744) « The Rape of the Lock », « Mademoiselle Maupin » de Théophile Gautier, « Lysistrata » d’Aristophane et des satires de Juvénal. Certains de ces ouvrages comportant une grande part d’estampes érotiques ne peuvent être vendus dans des librairies et ne seront accessibles que par souscription.
 


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  Aubrey Berdsley  - The Rape of the lock  1896    - © Tate Britain                                                   The Peacock skirt  1894   -  ©  Perthelion
 


En 1897, de plus en plus malade, il s’installe dans le sud de la France, à Menton et se convertit au catholicisme. Il travaille sur l’illustration d’une nouvelle édition de « Volpone » de Ben Jonson (1572-1637).

Sentant sa mort proche, il demande à son éditeur, Smithers, de détruire ses dessins érotiques et pornographiques, ce que ce dernier ne fit pas. Il meurt en mars 1898.

Avant de développer un style,  facilement reconnaissable et qui lui est propre, il est influencé par les préraphaélites (Gabriel Dante Rossetti, Edward Burne-Jones…), par Whistler et le Japonisme, par les affiches qu’il découvre lors d’un séjour à Paris, se rendant compte de l’impact sur le public de cet art dans la ville (il participe, à Londres, en 1894, à une exposition d’affiches, aux côtés de Jules Chéret et de Toulouse-Lautrec) ; il est également influencé par le mouvement « Arts and Crafts » de William Morris et par l’Art Nouveau.
 


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Aubrey Beardsley  -  Messalina and her companion  -  1895  -  © Tate Britain.
 

Cet artiste, dandy, anticonformiste et provocateur dont Jacques-Émile Blanche disait « Beardsley est attiré dans la vie que par ce qu’elle a d’excitant, de brillant, de rare et par le grotesque, le monstrueux, le comique », est complétement à contre-courant dans une Angleterre victorienne ; il contribue de façon conséquente à  l’atmosphère décadente, « fin de siècle » que connaît alors la Grande-Bretagne.

Espérons que nous aurons la possibilité de voir ou de revoir cette exposition qui était initialement prévue jusqu’au 10 janvier 2021.
 



Hélène TANNENBAUM
 


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Musée d’Orsay

1, rue de la Légion d’Honneur

75007 Paris


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