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Sur les routes de Samarcande - le 23/04/2023 • 20:54 par EFo

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IKATS en soie © Emmanuel Fouquet - 2023


 

Sur les routes de Samarcande

à l‘Institut du monde arabe.
           

En ce début de printemps, transportez-vous vraiment ailleurs et partez sur les routes de la soie en allant découvrir des « merveilles de soie et d’or » comme le déclare le sous-titre de cette exposition proposée à l’Institut du Monde Arabe.

Sorties pour la première fois hors de leur pays d’origine, l’Ouzbékistan véritable carrefour de civilisations, et présentées sur deux niveaux, plus de 300 pièces nous font en effet découvrir des savoir-faire ancestraux et un artisanat largement basé sur le tissage, dont nous avons des témoignages ici depuis le XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle (la matière même de la laine utilisée, trop fragile, interdisant des présentations plus anciennes).   

On peut d’abord contempler dans les premières salles ce qui a constitué longtemps le traditionnel costume ouzbek : les riches habits portés à la cour de l’émir de Boukhara que sont ces magnifiques manteaux longs, les chapans, à coupe unique en velours et broderies d’or, dont la particularité réside en ce que celles-ci étaient exclusivement confectionnées par des hommes (!), sans oublier les calottes, doppis, de formes et de textures diverses selon le statut social et l’âge.

                                                 Chapan appartenant à un militaire de haut rang, XIXe siècle, Boukhara. Velours, broderie d’or. Boukhara, Bukhara state museum-reserve, The citadel of Ark - museum of local history (IV-III BC - XX century). Photo service de presse. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani

                   © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan.

On discerne aussi très vite que ces pratiques artisanales correspondent à un mode d’existence largement fondé sur la vie nomade à travers ces tapis transportés à travers les steppes ou ces harnachements conçus pour cavaliers ou chevaux. Ces derniers ont d’ailleurs été longtemps au centre de la civilisation ouzbèke et ont donc bénéficié de toutes les attentions comme peut en témoigner le harnachement raffiné dont ils étaient dotés. On en voit comme exemples des selles en bois peintes ou des tapis de croupe en velours brodés d’or.

Le costume féminin rivalise également de richesse et se différencie d’abord selon les classes sociales. Mais on apprend que le poids des traditions et aussi de la religion a interdit aux femmes de porter de la broderie d’or de manière trop visible …  Un manteau recouvrant tour le corps, le parandja dissimule ainsi le reste des vêtements.    

Si les femmes n’avaient pas l’autorisation de confectionner la broderie d’or, elles pouvaient tisser tout ce qui contribue à décorer les intérieurs des habitations à travers ces pièces de tissus brodées de fils de soie, les suzanis : tapis muraux, couvertures de lit, rideaux et autres tapis de prière transmis de génération en génération. Il y avait d’ailleurs deux écoles, celle de Samarcande plutôt basée sur des motifs astraux où le rouge domine et celle de Boukhara avec ces motifs floraux très colorés.

                                Suzani « Gulkurpa » de l’école de Tachkent, dernier quart du XIXe siècle. Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. Photo service de presse. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan

                   © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan.

L’exposition présente aussi évidemment un grand choix de tapis vendus sur les marchés qui ont fait la renommée de l’art ouzbek, dont on peut voir une sélection ici. Ce pays fait de steppes et de montagnes produisait en effet beaucoup de laine. Ces tapis sont de différents types : à poil court, brodés, tissés à plat pour être pliés facilement pour le transport, et feutrés (les plus anciens). 

L’exposition accorde aussi une place non négligeable aux bijoux colliers, bracelets et autres diadèmes et boucles d’oreille, la plupart en argent.

                                                          Bracelets « Bilezik », fin du XIXe-début du XXe siècle. Argent, cornaline, agate rouge, filigrane, ciselure Noukous. State museum of arts of the Republic of Karkalpakstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan

                   © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan.

Une petite salle expose enfin la peinture de l’avant-garde russe des années 20 et 30 qui n’est pas sans rappeler aussi la peinture de Matisse …
L’exposition se termine au niveau inférieur avec un impressionnant mur d’Ikats, présentant un ensemble de tuniques comme suspendues dans l’air !  

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                                                                                          © Emmanuel Fouquet

Courez donc voir cette exposition rivalisant de couleurs et tellement dépaysante.

Elle se tient jusqu'au 4 juin 2023

Institut du monde Arabe

1 rue des fossés Saint-Bernard

75005 Paris

© Emmanuel FOUQUET  © 9ème Histoire - 2023